Live Report & Interview : Bernhoft – Nice Jazz Festival 2012
La semaine dernière, nous avons eu l’occasion de vous raconter notre jolie rencontre avec Irma, en marge du festival Musiques Hors Format (sur la place de la République à Metz / > notre interview d’Irma). Nous avions alors voulu savoir les chansons présentes dans son I Pod en ce moment. Elle nous avait alors parlé de Bernhoft. Il s’agit d’un artiste norvégien qu’elle a découvert par l’une des vidéos qui tournent de lui sur Internet et sur quelques festivals où ils se sont croisés. C’est très chaleureusement qu’elle nous avait recommandé de nous pencher sur cet artiste qui, comme elle, utilise un concept de sampler pour accompagner ses performances solos sur scène. Comme nous sommes toujours à l’affût de bonnes choses à vous faire découvrir, c’est (presque) sur la route des vacances que nous avons regardé le line up du fameux Nice Jazz Festival (bien connu des amateurs de musiques jazz dans toutes leurs variantes) pour y voir, à l’affiche du deuxième jour… Bernhoft ! Ni une ni deux, nous voici place Massena armés de notre appareil photo et de notre curiosité.
De passage à Cannes, nous avons vu Bernhoft
Programmé sur le premier créneau de la soirée, Bernhoft est donc, en théorie, l’artiste montant de la scène Massena qu’il partage avec les têtes d’affiches. Le moins que l’on puisse dire est que la présence en masse du public laisse penser que cet artiste en plein démarrage en est même déjà à l’étape suivante. Un public nombreux mais aussi enthousiaste, entonnant chaque refrain massivement : si ce n’est la confirmation, c’est en bonne voie.
Le set est étonnant : ce frêle garçon en chemise à carreaux, tout seul sur scène, ne laisse pas un espace pour s’ennuyer au cours de l’heure. Passant de la guitare au yukulélé, aux tambourins et bien plus encore, il arrive à construire de véritables morceaux instrumentalisés grâce au fameux sampler. Cela sonne propre, sans jamais être automatique, ce qui fait le charme de ce concept arty, assez branché, mais parfaitement séduisant. Outre cette ingéniosité musicale, il faut convenir du fait que les morceaux sont bien écrits, évidents sans être racoleurs, mélodiques sans être sucrés. Enfin, Bernohft peut sans rougir se prévaloir d’une très belle voix : les lignes de chant sonnent outrageusement groovy pour un petit blanc à lunettes et il faut bien reconnaître que la maîtrise technique se conjugue au feeling le plus authentique dans cette succession de jolies propositions de folk-alternative aux accents jazzy.
Lorsque nous lui avons parlé de Irma, Bernhoft s’est tout de suite souvenu d’elle pour nous dire qu’il l’avait croisée sur quelques festivals. Le plus amusant : alors qu’Irma nous avait confié avec un soupçon d’admiration dans la voix que Bernhoft utilisait le sampler comme elle, mais que lui le « maîtrise à la perfection », lui-même nous expliquait que Irma avait une approche assez impressionnante du sampler… avec un soupçon d’admiration dans la voix assez comparable. D’autant qu’il nous a expliqué que tout, depuis le début de son aventure artistique, était dû à une suite de hasards et d’accidents, puisqu’il ne maîtrise pas vraiment les réseaux sociaux ou les techniques de communication actuelles… sa présence sur You Tube semble être autant dûe à la grâce du moment que le succès de Irma sur My Major Compagny…
C’était donc tout à fait plaisant de voir Bernhoft ce lundi de juillet, entre un concert époustouflant de Herbie Hancok, une apparition puissante et lyrique de la jeune Selah Sue et une prestation envoûtante de Joshua Redman (en guest du Bad Plus Band), sans compter le charisme indéniable de Gregory Porter qui n’est plus à présenter… autant de noms à tomber à la renverse avec lesquels Bernhoft partageait l’affiche… mais il ne semble pas vraiment, encore, s’en rendre compte… espérons que s’il devait un jour, s’en rendre compte, il puisse garder la grâce… quelque chose nous dit qu’il en sera ainsi.
Article : Laura-Maï Gaveriaux