Live report – Avishai Cohen – Olympia – 1er avril 2015

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Le premier avril, c’est la fête bien connue du poisson en France, mais c’est surtout la date choisie par Avishai Cohen pour venir promener sa contrebasse dans les rues parisiennes et surtout à l’Olympia de Bruno qui t’offre des entractes. Plongée dans un univers bien spécifique !

Quand l’Olympia accueille ces messieurs du jazz, on mets les petits plats dans les grands, les grabataires sur des fauteils et d’ailleurs l’entière totalité de la foule, qui, toute parisienne, rechigne à arriver en avance et préfère se faire placer en maugréant. C’est de bon ton et puis ça permet de faire commencer le concert en retard. « Remboursez nos invitations » qu’y disaient.

Heureusement, Avishai a eu la bonne idée de laisser la première partie au placard et entame directement son set avec son power trio armé d’une basse et d’une ba…ah non, excusez, l’habitude de chroniquer les concerts de rock. Avishai Cohen arrive donc au centre de la scène avec sa contrebasse, tandis que ses côtés sont flanqués d’un batteur et d’un pianiste, qui feront largement parler d’eux dans les nombreux soli proposés durant la soirée, comme c’est la coutume me dit-on dans l’oreillette (j’exagère, nous avons déjà eu l’occasion de parler de jazz chez Karma).

Mais ce soir, le maître du trio, c’est bien Avishai Cohen (forcément, c’est son nom en gros sur le fronton de l’Olympia. Sinon ce serait le trio de Bob Malou ou Patrick Sebastien). On ne s’y trompe pas et les applaudissements fournis témoignent d’une maîtrise des morceaux. Les mimiques du maître également, témoignent, tout comme sa virtuosité à faire galoper ses mains sur les cordes de l’instrument, s’aidant parfois d’un archer pour le côté swag de la chose.

Petit bémol (on notera le jeu de mot dans le champ lexical musical de belle facture), le mix son n’est pas formidable et on apprend plus de la maîtrise du pianiste et du batteur que véritablement de toute la qualité pleine de Avishai Cohen. Un peu rageant, mais on saura apprécier tout de même, à l’image de cette charmante quinquagénaire en train de tricoter pendant le concert, fusillant du regard toute personne ouvrant la bouche pour réaliser un autre acte que l’émerveillement.

21h30. La pause s’impose, l’Olympia paie son quart d’heure d’entracte gratos avec une profonde voix féminine heureuse de vous faire ce plaisir et on se retrouve après une page de pub pour la deuxième partie de soirée. Sans surprise, on retrouve les mêmes musiciens (on s’attendait peu à un changement des titulaires à la mi-temps, certes) et c’est reparti. Même ambiance, même motivation, mêmes envolées et mêmes moments de complexité (car le jazz, c’est quand même une musique qu’elle est complexe et pas très souvent binaire). Le batteur a sorti ses balais et astique caisse claire et cymbales, ses pieds réalisant tranquillement des mesures paires et impaires dans tous les sens avec une asymétrie épatante lui permettant toujours de rester dans le temps. Avishai continue de faire des mamours à sa contrebasse-phoque, nous fait le coup de clôturer le concert à un 22h30 dominical, avant de revenir éternellement et de jouer encore une série de morceaux.

Là, surtout, on découvre Avishai au piano, Avishai à la voix, Avishai aux mille talents, qui pioche parmi les classiques du genre et impressionne encore son monde. Les standings ovations n’en finissent plus et de notre côté, on est bien persuadé que ce n’est pas uniquement la volonté de la populasse de se dégourdir les gambettes après environ 2h de musique savante.

Chapeau le jazz !

Article et photos : Ugo Schimizzi

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