Interview – Irma

Interview – Irma

Vendredi, premier jour en plein air du festival Musiques Hors Format sur la place de la République à Metz : nous retrouvons la ravissante Irma dans ses loges de l’Arsenal… une grande (et belle) fille simple, mais qui en impose de charisme et de générosité. Une interview légère et agréable avec, au détour de ses réponses, comme une profondeur discrète, pudique, mais bien présente dans les propos et les attitudes de la jeune artiste. 

Bonjour Irma et merci de prendre un moment pour nous avant ton concert. La première question que j’avais envie de te poser concerne le bilan que tu pourrais faire, un peu plus d’un an après la sortie de ton album. Il  s’est passé beaucoup de choses depuis et je me demandais quel regard tu portes sur ce qui a déjà été accompli  ?

Il y aurait, en effet, beaucoup à raconter, il faut avoir du temps ! Mais la première chose à dire, c’est que c’est vrai, c’est allé  très, très vite. Je ne réalise même pas vraiment ce qu’il se passe. J’y vais à cent pour cent et je vis tout à fond dans tout ce qui m’est donné de faire… Il y a encore un an, un an et demie, j’écrivais des morceaux dans ma chambre, je les chantais devant ma webcam, et puis ça n’était pas plus que ça !  Et là, les festivals, l’album, les concerts, tout est allé assez vite.

Tu n’es pas encore, donc, dans la réflexion, l’introspection ?
Ouh là, non, je vis les choses. Et je crois que pour moi, c’est tant mieux, parce que je suis plutôt une angoissée. Je pense qu’il vaut mieux que je ne me pose pas trop de questions et que je fonce.

On se demande aussi maintenant quels sont tes envies, tes projets, allez… tes rêves ?
Ce que je vis, c’est déjà pas mal un rêve et je ne sais pas si je suis en droit d’exiger plus. Mais en ce moment, je prépare la tournée des festivals qui va se terminer à la fin de l’été. Puis je vais m’envoler vers les USA, parce que j’ai été signée là bas il y a trois mois. On va y sortir un album, ce sera un mix entre celui qui existe déjà ici et deux, trois nouveaux titres. Il  ne sortirait que vers début 2013 : donc je vais m’y installer pour commencer la promo, les scènes etc…

Donc tu nous quittes ?
Ah pas du tout… je pense que je vais faire des allers-retours. Après je crois aussi que c’est important, comme j’ai débuté ici, que j’ai fait des concerts ici, d’être sur place là-bas et puis de me présenter au public nord-américain en personne. Mais je ne pourrai pas quitter vraiment la France après tout ce que j‘y ai reçu…et puis il y a une tournée qui est prévue en novembre !

Irma - Photo : Laura-Maï Gaveriaux

Alors maintenant, une question un peu plus personnelle : on aimerait savoir ce que tu écoutes, ce que tu aimes en ce moment. Est-ce que tu as eu des coups de cœur de scène, des choses qui te stimulent ?
Alors, en ce moment, j’écoute de nouveau beaucoup ce que j’écoutais quand j’étais plus jeune, gamine : du Laureen Hill, du Michael Jackson, Queen… tout ça pour moi c’est des gens qui ne vieillissent pas. Je les écoute depuis que je suis petite. Et depuis récemment j’écoute un chanteur qui s’appelle Bernhoft, que beaucoup commencent à connaître, qui est norvégien je crois : je l’ai connu parce qu’il y a des vidéos qui tournent pas mal sur Internet. Il utilise un peu le même concept que moi, c’est une petite pédale sampler qui permet d’enregistrer des boucles… sauf que lui, il le maîtrise à la perfection, et c’est assez impressionnant. Je l’ai croisé sur deux ou trois festivals récemment et je dois dire que c’est un artiste à découvrir, car il est exceptionnel.

Promis, nous écouterons ! On se demande également qui sont tes amis dans la musique, ceux avec qui tu travailles, ceux qui t’inspirent et qui te portent ?
J’ai des musiciens avec qui je tourne depuis deux ans : j’avais beaucoup tourné en solo, ils sont donc venus s’ajouter à un projet que j’avais déjà pas mal porté toute seule. Ça a même été un peu dur, au début, de lâcher prise sur les choses. Mais ces musiciens ont tellement d’expérience, en fait, qu’ils se mettent tout de suite au service de la musique. Ça fait presque deux ans que je suis avec eux… j’aime me dire que personne n’est indispensable, mais aujourd’hui j’aurais quand même du mal à me passer d’eux. Ils comptent vraiment beaucoup parce qu’en plus de la scène, ils m’ont aidée à mûrir certaines chansons : certaines versions que nous allons enregistrer pour les Etats-Unis sont directement tirées des versions que nous jouons en live.

Concernant les artistes, ceux que j’ai rencontrés alors que je faisais leurs premières parties il y a trois ans ont pu jouer un rôle clé dans mon parcours : il y a eu M, Diam’s aussi qui m’a beaucoup portée, il y a eu Tété… et c’était à chaque fois des rencontres tout à fait différentes (puisque ce ne sont pas des artistes qui font la même chose, de toutes façons), mais chacun m’a apporté quelques chose en plus et quelque chose de singulier. Déjà, rien que le fait de les voir sur scène tous les soirs, c’était une expérience exceptionnelle, parce que ce sont vraiment tous des bêtes de scène. Enfin, mon contact avec eux ne se résumait pas au seul fait de venir, jouer ma première partie et puis dire au revoir. On prenait le temps de discuter : ils venaient me voir, me demander d’où je venais, comment ça se passait et me donner, en plus, des conseils précieux.

Donc ça c’est un peu ta famille de scène, on peut le dire comme ça ?
Exactement.

Maintenant je te propose quelques petites questions un peu légères, un peu one-shot. Qu’est ce que tu aimes faire le dimanche ?
Alors le dimanche, c’est drôle, parce que je vais chanter dans une chorale. Il s’agit de la chorale de mon prof de chant, qui se trouve en banlieue parisienne à Mantes la Jolie. Il a créé une asso, qui s’appelle Le Laboratoire des Arts, qui forme des filles de 15 à 18 ans, toutes jeunes, et qui ont des voix absolument magnifiques. Vraiment, tous les dimanches je me prends des grosses claques et en plus, elles n’en ont même pas conscience ; elles sont tellement insouciantes que je pense qu’elles ne se rendent pas compte de ce qu’elles ont dans la voix. Ça me fait de bien d’y aller tous les dimanche, prendre ma claque, et en même temps apprendre, partager, car c’est toujours un moment exceptionnel. Tous les dimanche c’est ce que je fais.

Et tu as le temps de le faire encore aujourd’hui ?
Hé bien je prends le temps, même si au début c’était un peu difficile : je revenais de tournée sur les rotules, j’étais explosée, mais justement,  je me forçais à aller là bas et une fois que j’y étais, je me sentais bien.

C’est un peu ton hygiène du cœur et de la voix en somme ?
Voilà, ça participe de mon équilibre personnel aujourd’hui.

Allez, une odeur que tu aimes ?
Une odeur que j’aime… je dirais : le parfum de ma maman. Je ne sais pas ce que c’est, mais j’aime cette odeur, ça me rassure.

Une image qui te vient à l’esprit et qui te donnerait envie d’écrire, là comme ça ?
Je pense au Cameroun… une image du Cameroun, peut-être la plage, un paysage de chez moi. Ça m’inspire parce que c’est chez moi, c’est là où j’ai grandi et comme je n’y suis pas retournée depuis longtemps, je pense qu’il y a la nostalgie, qui m’inspire toujours beaucoup.

Une dernière : si tu pouvais prendre tout ceux que tu aimes et les mettre avec toi tout de suite dans un avion, tu irais où avec eux ?
Ah… bonne question : j’irais au Vietnam, parce qu’on m’en a tellement parlé, j’ai tellement d’amis qui en sont revenus en me disant que c’était l’expérience de leur vie que j’ai vraiment très envie d’y aller.

 

Alors, nous n’avions plus qu’à remercier Irma pour ce joli moment passé avec nous et lui souhaiter d’être appelée au Vietnam pour y faire quelques dates.
Pour l’anecdote, nous avons appris par la régisseuse loges que malgré les tentatives de la sécurité pour la faire sortir de scène en voiture, et en toute discrétion, c’est elle-même qui avait demandé à s’arrêter auprès des fans qui la guettaient à proximité des backstages… on l’a alors vue écouter un gamin qui l’avait attendue et qui avait tenu à chanter pour elle…

Propos recueillis par : Laura-Maï Gaveriaux

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