Interview Armored Saint

Magazine Karma : Alors cette première fois en France?

John Bush : Ce n’est pas ma première fois en France, personnellement, mais la première fois d’Armored Saint, ouais. C’est très tardif. On est très heureux de faire partie de ce festival, d’ailleurs j’espère qu’il se passera bien, pour nous comme pour tout le monde.

Vous n’avez pas failli annuler à cause de la pluie?
Pas seulement ça, le festival est plus petit cette année, non? Il devait y avoir 40000 personnes, mais là… Peut-être 8000? A un moment on s’est dit « on ferait mieux d’annuler le concert ». Oh non, non, tu ne peux pas faire ça ! C’est frustrant, mais nous les avons convaincus de nous laisser sur le programme. Et puis quand on a joué… On s’est bien démerdés finalement !

Armored Saint – Photo : Ugo Schimizzi

Comment avez-vous trouvé votre prestation?
Je crois que c’était plutôt bien. La plupart des gens n’avaient probablement jamais entendu parler de nous, sincèrement, peut-être quelques-uns… Mais ils étaient très réceptifs, ils applaudissaient, chantaient, je pense qu’il y a eu beaucoup d’énergie… Pas mal !

Il faut quand même que je demande… Qui était le petit garçon avec la guitare?
C’est mon fils! Elle était débranchée. Il en joue un peu, mais son truc c’est plutôt la batterie. Il adore en jouer, il est passionné, quand il se lance tout le monde est sur le cul.

Une future rockstar ?… Dans vingt ans il pourra dire “J’ai joué au Sonisphère à cinq ans!”
Il vit déjà comme une rockstar ! Ouais, c’est un sacré veinard, il devrait me lécher le cul rien que pour ça (rires).

Six albums en trente ans : pouvez-vous nous expliquer pourquoi?
J’étais toujours avec Anthrax, donc… Les trois premiers albums sont sortis sur quatre ans, puis Symbol of Revelation est sorti en 1991, on a fait un album en 2000 alors que j’étais encore avec Anthrax, puis je les ai quittés en 2005… Ca a juste pris du temps pour faire un nouvel opus. En 2005 quand j’ai quitté Anthrax, je ne voulais pas me dire « je retourne direct avec Saint ». C’aurait été comme divorcer, puis tout de suite se dire « tiens je me demande ce que devient mon ex ? Laissez-moi la rappeler ! ».

Donc vous vouliez prendre votre temps avant de reprendre les choses sérieuses avec Armored Saint ?
Voilà. Je voulais que ce soit juste. Et pas simplement « qu’est ce que je vais faire ? Il faut que je fasse quelque chose », ç’aurait pas été honnête. J’en ai parlé avec Joey, il a cherché à me convaincre… Ce n’est pas que je ne voulais pas revenir, je ne voulais juste pas aller d’un point A à un point B. C’aurait été, comme je l’ai dit, être marié, divorcer, et se jeter sur son ex. Parce que tu crèves d’envie de refaire des concerts . (jeu de mots avec dates : rendez-vous, NdlT) Je ne voulais pas de ça. Mais quand on a commencé à retravailler ensemble, j’étais genre… « hé, ça sonne bien ça ! ». Joey, Gonzo et moi, on se connait depuis qu’on a neuf ans. Du coup il y a un lien, une connexion, et elle restera toujours.

Armored Saint – Photo : Ugo Schimizzi

A l’époque, vous pensiez que le groupe durerait si longtemps ?
Je pense qu’on l’a toujours voulu, on a toujours aspiré à devenir un groupe comme Led Zeppelin, Black Sabbath… Ou les Stones, ils seront là pour toujours. Mais tu sais, on voulait en faire une grande aventure, sortir un album, deux albums… On voulait avoir une longue carrière. Finalement, ça n’a pas marché comme on le voulait. Quand tu as dix-neuf ou vingt ans, tu penses que ton groupe va conquérir le monde, et après deux albums… « Peut-être qu’on est pas en train de conquérir le monde, finalement ! ». La réalité prend le dessus, d’autant plus quand tu es jeune. Je me souviens avoir dit mille fois « on est finis ». Et on avait vingt-quatre ans ! Vingt-quatre ans ! (Rires) On avait sorti trois albums, et ça y est, on était « finis ». Oh mon dieu. Qu’on me dise que je suis fini maintenant, d’accord, j’ai quarante-huit ans, je suis fini! (Rires) On était encore que des gosses. Vingt-quatre ans c’est tellement jeune. On avait déjà pas mal d’expérience. Mais quand tu commences avec un groupe, tu penses que vous allez devenir Metallica, et puis tu te rends compte qu’il n’y a qu’un seul Metallica… Du coup tu commences à apprécier ce que tu sais faire. C’est comme ça que j’en suis venu à leur dire « Hey, on s’en fiche de savoir combien on va gagner », parce qu’on a pas gagné beaucoup d’argent, sincèrement. Mais on a une descendance, les albums, et ça, c’est immortel, pour moi c’est la plus belle chose au final.

Quand vous aviez vingt ans, vous vouliez être n°1, et maintenant? C’est juste pour le plaisir ?
Je crois que c’est juste pour le fun, ouais. On ne perdra pas d’argent sur cette tournée, on fait six dates, mais on ne va pas se faire des cent et des milles. Si tu te dis que tu fais ça pour l’argent, alors il ne faut pas le faire. Parce que tu ne gagneras pas un rond. On ne va pas perdre d’argent, parce que ce serait stupide, mais juste gagner un petit peu, aller faire quelques bons concerts, et puis se dire « ok, maintenant on rentre ». C’est pour ça qu’on ne tourne que sur une semaine, si tu tournes sur un mois, ça devient vite ta seule activité. Et tu ne te fais toujours pas tant d’argent que ça. Sincèrement. A cause de ça, il faut être réaliste. La raison principale de le faire, c’est le plaisir, vraiment.

D’où vient le nom Armored Saint ?
(Rires) On était jeunes, on blaguait, on avait besoin d’un nom pour le groupe… On était défoncés ce jour-là, et on est allés voir Excalibur… Le film Excalibur, avec le Roi Arthur ? On était tous fans de ce film. Gonzo le batteur nous a lancé : « Armored Saint! ». Et là on était genre « c’est naze! ». (Rires) « Non, non, c’est génial, Armored Saint! » Et on lui disait que c’était naze, mais il continuait à beugler « Armored Saint! », et puis le temps passait, on avait besoin d’un nom… « Armored Saint! ». Ok, bon, c’est pas si mal.

Et la dernière… Les Beatles ou les Stones?
Pour moi, les Beatles. Mais j’adore les Stones ! Mais tu sais, les Beatles, je sais pas, c’est les Beatles. Les Stones sont géniaux aussi ! Mais les Beatles pour moi… C’est encore au-dessus !

Propos recueillis par : Guillaume Hann
Un grand merci à Marine Pellarin & Mariane Oberlin

Retrouvez tous les articles dans notre dossier consacré au Festival Sonisphère 2012 sur : http://magazine-karma.fr/live/dossier-festival-sonisphere-2012-2/

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