Interview : Scott Bradlee

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Ils décrivent leur son comme « une histoire alternative de la musique pop » et c’est vraiment le meilleur résumé possible. Le groupe de Scott Bradlee est en effet un « juke-box post-moderne » ! Leurs interprétations des tubes de tous genres ont été visualisées des centaines de millions de fois sur Youtube, leurs concerts aux États-Unis sont des spectacles impressionnants – et maintenant ils s’apprêtent à faire escale à la Rockhal au Luxembourg. Le pianiste Scott Bradlee fait de We Can’t Stop (Miley Cyrus) une chanson stupéfiante de Doo-Wop, il transforme Thrift Sho de Macklemore et Ryan Lewis en morceau de jazz et Stay With Me de Sam Smith en standard de big band des années 1940. Ils jouent au plus haut niveau possible, avec un goût absolument solide. Selon lui, « un concert des Postmodern Jukebox, c’est comme un voyage dans le temps, dans les meilleurs temps d’Hollywood – c’est une expérience. » Préparez-vous donc à un avant-goût d’Hollywood au Luxembourg, le 10 mars 2015 ! Scott nous parle de sa passion, la musique, ici.

Bonjour Scott ! Quand as-tu appris à connaître l’improvisation ?
Bonjour Nathalie ! Quand j’étais à l’école primaire, on m’avait sélectionné pour jouer un air de piano dans une pièce de théâtre. A cette époque je ne savais d’ailleurs jouer qu’un seul morceau. Je faisais souvent le pitre pendant les répétitions et je demandais aux gens ce qu’ils voulaient entendre. J’improvisais comme ça sur mon clavier, un peu au hasard.

Qu’as-tu ressenti le jour où tu as écouté Rhapsody in Blue de George Gershwin pour la première fois ?
Je suis tombé amoureux du jazz à la première écoute. J’ai su tout de suite que je voulais savoir comment jouer comme ça. Rapidement j’ai voyagé à la Nouvelle-Orléans pour pouvoir aller écouter les musiciens de jazz le soir dans les bars. J’aimais écouter les cuivres se renvoyer l’ascenseur dans ce qui était pour moi une discussion musicale très animée. C’était un peu comme des vieux copains qui se retrouvaient pour parler du bon vieux temps. Même si je ne comprends pas toujours tout, un peu comme je pense la plupart des gens, quand ils écoutent du jazz, j’aime l’aspect communautaire de la musique en général. Elle réunit les gens venant de milieux différents et ça c’est vraiment formidable.

Que s’est-il passé plus tard ? Pourquoi es-tu venu habiter à New York ?
Je pense que c’était en 2006, j’étais prêt à me faire un petit nom dans la capitale du monde de la musique pour moi : New York. J’avais des étoiles plein les yeux. J’ai rapidement déchanté en voyant qu’ils y avaient beaucoup plus de musiciens que de travail pour les musiciens. Il n’y avait vraiment pas assez de boulot pour tout le monde. En plus les musiciens présents étaient, pour la plupart, tous très bons. Quand finalement je réussissais à décrocher un contrat dans un petit bar ou dans un resto, on m’installait dans un tout petit coin. J’étais considéré comme un fond sonore, un peu comme de la musique d’ascenseur. Les gens ne comprenaient pas le jazz et je ne les blâme pas. C’est vraiment une musique qui n’est pas simple d’accès.

C’est pour cette raison que tu as voulu rendre le jazz plus accessible en modifiant des morceaux pop connus ?
J’étais arrivé à un point où je devais prendre une décision : ou j’essayais de me trouver un « vrai » boulot ou je devais trouver un moyen de rendre ma musique intéressante pour le plus grande nombre. J’ai aussi essayé de jouer de la musique dans des endroits bizarres pour commencer : dans une station-service tard la nuit ou encore dans un Wallmart dans la section « bricolage ». J’ai d’ailleurs perdu mon boulot et ma carte de réduction ce jour-là. Puis je me suis filmé en train de revisiter un titre en ragtime et j’ai posté la vidéo sur Youtube. En une semaine, il y a eu plus de 60 000 vues. Un nouveau monde de possibilités s’est alors ouvert à moi. J’avais trouvé un public sur les réseaux sociaux et sur internet.

D’où t’es venu cette idée de revisiter les morceaux connus ?
Je pense que c’est une envie très égoïste au départ. Je jouais ce que j’avais envie d’entendre à la radio, en fait. Et je voulais faire découvrir toutes ces possibilités aux gens. Il n’y a pas que la pop commerciale dans le monde !

Comment choisis-tu les morceaux que tu revisites par la suite ?
J’aime prendre les morceaux qui sont familiers aux gens. Je choisis beaucoup de choses des années 1980 ou 1990. Après, je peux être aussi inspiré par un morceau qui passe souvent à la radio et dont le rythme se prête bien à tel ou tel style. J’aime voir jusqu’où je peux aller avec certains morceaux en les transformant.

Ton groupe, tu l’as appelé le « Postmodern Jukebox ». Est-ce qu’on peut mettre une pièce de monnaie et demander un morceau lors de tes concerts ?
Ce n’est pas aussi interactif, mais l’idée est sympa ! Je me la note pour un spectacle plus tard. Mon concert est un spectacle de variété. Il y a un présentateur, une sorte de maître de cérémonie, et on fait beaucoup participer le public. Je ne vais pas trop en raconter, il va falloir venir nous voir !

Tu vas faire une petite tournée en Europe les prochaines semaines. Le public européen est-il à ton avis très différent de l’américain ?
J’aime beaucoup l’Europe. J’ai déjà eu l’occasion de faire une petite tournée en Europe mais je n’ai pas trop eu le temps de visiter. Je pense qu’en Europe, il n’est pas nécessaire de faire beaucoup d’effort pour emporter le public dans notre monde. Il y a une certaine éducation concernant l’ouverture d’esprit et on ne catégorise pas autant qu’aux États-Unis, à mon avis. J’ai constaté la dernière fois que les gens jouaient vraiment le jeu et venaient même habillés « vintage » à mes concerts. C’était très sympa !

Une dernière question avant de terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
Je vais devoir choisir les Beatles. Le « White Album » a toujours été une référence pour moi en matière de diversité. Chaque chanson explore un univers très différent.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

Les dates de sa tournée en Europe ici:

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