Interview : Mars Red Sky

Photo de Clément Mathon

Ils feront la première partie de Détroit à la Rockhal le 6 mai prochain et on a eu envie de découvrir qui se cache derrière le nom de Mars Red Sky. Ce groupe a acquis une reconnaissance internationale grâce à une empreinte sonore unique, basée sur des grooves épais et des riffs mélodiques de guitare. Les écouter c’est une expérience unique. Le public est envoûté par la voix éthérée de Julien Pras, les rythmes puissants de Matgaz et des lignes de basse pachydermique de Jimmy Kinast. Quelque part entre doom metal et psyché pop des années 1970, le son de Mars Red Sky intrigue.

Poussé par l’énorme succès de leur premier album éponyme, qui a été enregistré dans le désert mystique des Bardenas en Espagne, pour être publié en 2011, les Bordelais ont été rapidement invités à jouer sur les plus grandes scènes européennes avec Kyuss Lives !, Dinosaur Jr, Sleep, et sur les festivals comme les Eurockéennes de Belfort (Fr), Roadburn (NL) , Londres et Berlin Desertfests , Sziget festival (Hun), SXSW (États-Unis). Ils comptent aujourd’hui plus de 20 pays au compteur et se sont confiés un peu à nous dernièrement. Vous trouverez la liste complète de leurs prochains concerts à la fin de l’interview.

Photo de Salmanski Bartosch

Photo de Salmanski Bartosch

Bonjour les Mars Red Sky ! Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre rencontre ?
Julien : Le groupe a vu le jour en 2009. On a commencé avec un autre batteur, Benoit Busser, qui joue sur le premier album et un titre du EP. Il a décidé de quitter le navire il y a deux ans et demi environ et Matgaz est venu à la rescousse. On a enchaîné les dates et commencé à composer les titres du EP Be My Guide. Puis nous voici avec ce nouvel album.

Pouvez-vous nous dire pourquoi ce choix de nom « Mars Red Sky » ?
Jimmy : Au début on cherchait un nom qui évoque les grands espaces et le voyage. Julien en épluchant le livret d’un disque de Sleep a trouvé cette association de mots. On a trouvé que ça sonnait bien mais on avait aussi peur que ce soit imprononçable. On s’habitue à tout.

 

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Comment procédez-vous lors de la création d’un titre ? Qui fait quoi ?
Mat : On peut avoir des idées chacun de son côté qu’on partage une fois réunis dans le local, ou tout simplement on joue, on laisse les choses se faire naturellement et on garde ce qui est bon à nos oreilles. On enregistre, on dort dessus et le lendemain, on reprend jusqu’à ce qu’on soit content. C’est un processus assez collectif, mais il nous faut un peu de temps pour « se mettre dedans ».

Quelles sont les différentes influences musicales des différents membres ?
Mat : On écoute tous des choses très différentes. Depuis quelques années j’ai banni la notion de style, et je me fous de savoir si c’est de la samba ou du black metal, du moment qu’il se passe quelque chose dans la musique.

Etant jeunes vous écoutiez quoi ? Un album qui a marqué votre enfance/adolescence ?
Mat : Je suis de la génération Nirvana, j’ai découvert la musique et le punk rock plus précisément grâce à ce groupe. Ils m’ont amené à découvrir tous ces supers groupes qu’ils ont fait sortir de l’ombre grâce à leur succès commercial comme The Posies, Dinosaur Jr, Mudhoney, Sprinkler (bon eux ils sont restés dans l’ombre), Jawbox, Soundgarden, The Jesus Lizard, Chokebore, Fugazi… Bref l’âge d’or des 90′s, j’étais (et suis toujours) fan des groupes des labels Noise Amphetamine, Touch & Go et Dischord. Pour un album marquant je ne saurai jamais si c’est Nevermind ou In Utero
Jimmy : Pour ma part j’ai commencé à écouter de la musique avec du punk basique (Clash, Sex Pistols…) et très vite je me suis tournée vers la coldwave/new wave (early The Cure, Cocteau Twins,  Bahaus…) tout en découvrant l’indie de l’époque comme Nirvana évidemment mais aussi les Pixies et surtout Sonic Youth et puis enfin très vite le shoegaze (My Bloody Valentine, Spacemen 3, Jesus & Mary Chain…) et là je me rends compte que ça y est, j’ai 20 ans…  je suis vieux…

En quelques mots comment décririez-vous votre style de musique ?
Mat : HEAVY ROCK PSYCHEDELIC. Entre Black Sabbath et Simon & Garfunkel.

Qu’est-ce qui au niveau musical vous a marqué récemment ? Un album que vous écoutez en boucle ?
Mat : Le nouvel album de Behemoth The Satanist, le dixième du groupe, c’est une bulle d’air, ça décrasse et ça tire les choses vers le haut, bref ça fait du bien. Le nouvel album de Tigran Hamasyan, Shadow Theater. C’est un jeune pianiste arménien issu de la nouvelle scène des jazzeux moderne. C’est très original, ça tape dans la musique traditionnelle arménienne, le heavy metal et le jazz, et ça se tient ! J’écoute ces deux disques en boucle, c’est bon pour l’équilibre !

Vous avez fait de nombreuses dates en 2012 et 2013, racontez-nous un ou plusieurs moments forts de ces tournées !
Mat : La tournée au Brésil et Argentine l’année dernière qui a découlé sur l’enregistrement « accidentel » de l’album à Rio est évidement un moment fort et important pour le groupe et nous trois en tant qu’individu. Sinon je pourrais énumérer une bonne partie des concerts passés, car la plupart d’entre eux restent d’excellents souvenirs. On croise des gens et on rencontre des nouvelles personnes supers à chaque concert.
Jimmy : Roadburn en 2012 a été un sacré moment aussi, nous avons eu l’honneur de jouer juste avant Sleep.

Que vous apporte la dimension du live ?
Mat : Pour nous le live est le vrai truc, c’est là où tout se passe, on a le gros son, on partage notre musique en direct avec des êtres humains. C’est ce qui tient aussi un groupe vivant et actif. Si le groupe ne fait pas de live, il n’existe pas. En plus on projette aussi de la vidéo pendant nos concerts, ça ajoute une dimension supplémentaire.

Vous allez faire quelques dates avec le groupe Détroit. Comment s’est fait cette collaboration ?
Mat : Je ne pense pas que l’on puisse appeler ça une collaboration. Eux sont la tête d’affiche et nous ouvrons pour eux. On est très content qu’un groupe comme celui-ci nous invite à faire leur première partie, et pour nous c’est la chance de jouer notre musique devant des gens qui ne nous connaissent pas du tout et peut être qui n’ont jamais entendu parler du « stoner », et c’est très bon pour nous.
Jimmy : Bruno Green, qui a enregistré le projet « Détroit » et joue de la guitare en concert, a entendu parler de nous et a acheté de la musique à nous sur le net (il habite au Québec). Il en a parlé aux autres du projet et ils nous ont invités sur quelques dates… très simplement…

Vous allez faire la première partie de Détroit à la Rockhal au Luxembourg. Est-ce votre première fois au Luxembourg ? Et que savez-vous de ce pays ?
Mat : Oui c’est la première fois qu’on vient faire une date au Luxembourg. C’est un des derniers pays qu’on n’a pas visité en Europe, par contre on s’y est déjà arrêté faire de plein du camion.

Parlez-nous aussi de votre nouvel album qui va bientôt sortir !
Julien : On devait à la base enchaîner notre tournée brésilienne (avec une date en Argentine) avec un enregistrement à Palm Springs en Californie pour mettre en boite le nouvel album, puis une semaine de tournée sur la côte ouest. Manque de bol, on s’est retrouvé bloqué à l’aéroport la veille du départ pour des problèmes d’immigration, de permis de travail… On s’est donc retrouvé coincé au Brésil. On est retourné sur Rio où notre ami Felipe (qui avait monté la tournée brésilienne) nous a hébergés une semaine avant de pouvoir rentrer chez nous. On en a profité pour chercher un studio et enregistrer quelques titres. Finalement Felipe et ses amis nous ont mis en contact avec Gabriel Zander et son studio Superfuzz. On a passé les quatre derniers jours (jusqu’au petit matin) à enregistrer avec lui. On a finalement réussi à mettre en boîte l’intégralité de l’album, hormis les chants (à l’exception d’un titre : Circles). C’était un coup de chance énorme et une magnifique rencontre. Ce mec est génial. Il est musicien, a directement compris notre truc (il nous avait vu jouer quelques jours avant à Rio) et a fait un super boulot. On a enregistré les voix dans ma cave, envoyé les fichiers (vive la technologie moderne) et il a fini par mixer l’album entier. Donc pour résumer on peut dire que ce périple en Amérique latine aura été particulièrement important dans notre histoire!

Enfin pour terminer, la question rituelle pour le magazine Karma: préférez-vous les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?
Mat : Les Beatles évidemment, car si tu n’aimes pas les Beatles tu ne t’aimes pas ! C’est l’un des meilleurs groupes de rock’n'roll du monde un point c’est tout.

Photo de Salmanski Bartosch

Photo de Salmanski Bartosch

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

Les dates de leurs prochains concerts :

21.04.14 – Hericourt (Fr) Impetus Festival
22.04.14 – Nancy (Fr) Le Royal Royal
23.04.14 – Dijon (Fr) La Vapeur *** w/ Detroit
26.04.14 – Saintes (Fr) Coconut Party @ Théâtre Geoffroy Martel
06.05.14 – Esch Sur Alzette (Lux) Rockhal *** w/ Detroit
07.05.14 – Lausanne (Swz) Les Docks *** w/ Detroit
08.05.14 – Amiens (Fr) Le Cirque Jules Verne *** w/ Detroit
15.05.14 – Bordeaux (Fr) Barbey, Release Party “Into The Mars Red Sound”
17.05.14 – Angoulême (Fr) La Nef
01.06.14 – Paris (Fr) La Cigale *** w/ Detroit (sold out)
20.06.14 – Clisson (Fr) Hellfest
26.06.14 – Salles-Arbuissannas (Fr) Willstock Jam
27.06.14 – Vic Le Comte (Fr) Festival Alambic
28.06.14 – Évreux (Fr) Le Rock Dans Tous Ses États Festival
11.07.14 – Erfurt (Ger) Stoned From The Underground Festival
02.10.14 – Paris (Fr) La Maroquinerie

 

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