Après un accueil ultra chaleureux du staff et une rapide présentation du pit qui sera bondé ce soir avec pas moins de 13 photographes, la salle éphémère se remplit rapidement. Ce sont quelques 3000 personnes qui se sont rassemblées sous le chapiteau de la pépinière, pour l’une des soirées les plus prisées de cette édition 2014 des Nancy Jazz Pulsations. Une soirée qui va nous faire voyager au travers des univers de Moodoïd, Cats on trees et de Selah Sue. C’est à d’ailleurs à 20h précises que ladite soirée commence avec le psychédélisme de Moodoïd.
La voix du chanteur oscille entre les aigus et les graves, savamment mise en valeur par le quintette (deux claviers, deux guitares, une basse, une batterie, tambourins), certains membres allant même jusqu’à jouer de deux instruments en même temps. Puis vient le chemin de traverse ; avec un rythme binaire à la batterie (grosse caisse, caisse claire, double grosse caisse, caisse claire) souligné ensuite par deux claviers aux sonorités « gouttes d’eau cristallines » ; qui nous fait naviguer entre de calmes prairies et des chemins escarpés et glacés pour déboucher en haut de monts venteux. C’est tout en haut de cette montagne, dans une solitude toute relative que je réalise l’effet de cette écoute expérimentale : nous emporter dans leur univers.
C’est dans la surprise générale, en dehors des sentiers psychédéliques arpentés jusqu’alors, que le final débute au son d’une voix rappelant celle d’Adrien Gallo. Très vite on repère les mécaniques des jams session d’un certain « M » et c’est après un plaisir non dissimulé de douze minutes que les Moodoïd quittent une scène électrisée par leur énergie positive.
C’est à 21h20, dans une ambiance feutrée et intimiste que les cordes de Cats On Trees entament le set. Yohan Hennequin prends place derrière sa monumentale batterie tandis que Nina Goern s’assied au piano. À la première note de la voix suave et chaleureuse de Nina je suis envoûté, comme happé par ce duo magique. Un quatuor à cordes, venu renforcer le duo, fait virevolter une ambiance celtique sous le chapiteau avec des notes aussi précises que les points de croix d’une dentelle de Burano. La formation, déjà en territoire conquis, s’octroie même le luxe d’avoir une choral attitrée, composée des 3000 personnes présentes afin d’entonner un nouveau morceau. La participation du public à ce refrain simple mais efficace (composé de ouh ouh ouh ouh, et de quelques phrases anglaises) est massif et unanime. Dehors, la pluie s’est invitée mais pas de quoi bouleverser ce qui se passe dans cette salle. La cohésion est totale, chaleureuse, humaine et cela fait un bien fou.
C’est à 22h30 que prends fin ce deuxième concert de la soirée. Le temps de faire un arrêt aux stands pour tout le monde en attendant sagement 23h, début annoncé du dernier concert de ce soir sous le chapiteau, celui de Selah Sue.
C’est finalement à 23h15, après un léger retard suite à une chute sur la tête du guitariste Yannick Werther, qui arborera un bonnet pour l’occasion, que la chanteuse s’installe à la guitare et au micro. Elle débute son set par deux chansons (dont Mommy) assez statiques mais dans lesquelles elle donne toute l’énergie qu’on lui connaît. Perchée sur ses hauts-talons, elle est gracieuse, élancée, splendide. Ses yeux bleus rieurs et perçants s’abbreuvent du contact du public et à chaque réaction de la foule elle affiche un large sourire. La troisième chanson de ce soir, Black Part Love, libère le micro de ses entraves et Selah Sue commencent à prodiguer son flow de paroles à une vitesse hallucinante.
Elle sautille et se présente au public à chaque coin de la scène : La classe ! Sa crinière, partie intégrante de son personnage, ondule ou se fige à chaque « back-step » et autres « stop-move » bien connus des rappeurs et son doigt levé, signe de son engagement pour nous, font le spectacle. Le son « rond » et jazzy pop/soul des instruments s’accorde totalement avec la voix mélodieuse de la chanteuse. Nous apprenons que de nouvelles chansons nous seront proposées ce soir et qu’un nouvel album est à venir…
Article et photos : Yvan CAUVEZ