Live Report : Sonic Visions – Rockhal – 22 novembre 2013

Le vendredi 22 novembre avait lieu le premier jour des Sonic Visions cuvée 2013 à la Rockhal au Luxembourg. Un événement pas encore assez médiatisé compte tenu de son programme haut de gamme, aussi bien en matière de concerts qu’en conférences et showcases depuis plusieurs années, qui gagne à être connu ! Le programme prend place sur deux journées complètes, où on y retrouve conférences et showcases le jour et concerts la nuit.

Les conférences se déroulent dans les locaux estampillés « M&R Rockhal ». Dans M&R, il faut comprendre Music & Ressources, le lieu dédié au développement, l’enregistrement et l’accompagnement des artistes.

Bien que mon nom semble perdu au milieu des longues listes d’inscrits à l’événement, je suis accueilli avec sourire par les hôtesses qui m’indiquent le lieu où se déroule le premier rassemblement. Au programme, un workshop sur la promotion digitale, ses stratégies ainsi que le marketing « Do It Yourself » en collaboration avec le dispositif « Multipistes ». Le tout est orchestré par Mathias Brinkmann, chef des ventes chez Believe Digital.

Dans la salle, une soixantaine de personnes écoutent quasi religieusement les conseils avisés, néanmoins décontractés et teintés d’humour de l’Allemand. Le sujet principal tourne autour des réseaux sociaux et des bonnes et mauvaises utilisations de ceux-ci. Côté mauvais usages, un célèbre couac fait beaucoup rire l’assistance, il s’agit du jeu de mot involontaire de Susan Boyle à la sortie de son album : #Susanalbumparty rapidement transformé sur les réseaux en « Su’s Anal Bum Party » je vous laisse chercher la traduction.

Les différents sujets sont accompagnés d’exemples concrets et d’échanges avec l’assistance, rendant la conférence interactive et enrichissante pour tous. La visée reste spécialiste et les spécificités de chaque réseau sont expliquées, à l’image des algorithmes de Facebook et des interactions avec les différentes applications telles que Bandcamp, les intégrations de Youtube ou les stratégies autour des hashtags de Twitter.

Le rendez-vous se termine avec une séance de questions avant de laisser place au repas.

La reprise des évènements se fait à 14h30 avec la présentation au micro au sein du « Sonic Visions Bar » du dispositif Multipistes qui porte les showcases de l’après-midi et des Video Clip Awards qui prendront place demain.

La place est ensuite faite aux dits showcases. Une scène a été installée dans la pièce et les premiers à y monter sont les Belges de Lylac, un duo violoncelle / guitare prodiguant une folk poétique au chant tantôt haut perché tantôt grave. L’alliance des instruments est fructueuse, chaque son porte son émotion, tandis que la guitare bat le rythme et le violoncelle y apporte de la gravité.

Après un quart d’heure de set et un changement de plateau suivent les Allemands de Bender & Schillinger, un autre duo mais d’un genre très différent. Ici, l’accent est mis sur la percussion progressant au fil du morceau tandis que l’anaphore « Haven’t you heard » se fait lancinante. Le second morceau marque l’arrivée d’un énorme xylophone, une intégration que je trouve prometteuse mais qui finit par me décevoir tant il est masqué par la guitare et peu mis en valeur. Les passages plus calme permettent de l’écouter mais le mélange apparait comme mal calibré.

Le dernier morceau quant à lui est plus épuré, calme en guitare voix.

Suivent les Luxembourgeois de Seed to Tree. Si leur nom vous dit quelque chose, c’est normal puisqu’ils ont participé à notre soirée de lancement du numéro 5 à Metz. Ils délivrent une folk énergique et entêtante. Aujourd’hui la scène parait trop étroite pour leur quartet, pourtant les morceaux s’affranchissent pour aller s’ancrer dans les têtes.

Pour terminer, c’est à Mister Yaz d’investir les lieux. Tous droits venus des Vosges, ils proposent un mélange des genres entre funk soul et pop. Sur le papier, le tout est varié, pourtant je trouve que la prestation manque d’énergie et est trop répétitive.

Je leur accorde cependant le bénéfice du doute, la configuration « showcase » et le public de professionnels pas toujours concernés par le live n’offre pas le meilleur des contextes. Et je n’évoque même pas l’open bar qui se tient simultanément à quelques mètres de là… en fait si, je l’évoque. A charge de revanche donc pour les Français qui ont pourtant de bonnes idées.

Je rejoins ensuite le studio d’enregistrement, transformé en salle de conférence pour un temps « législation » en compagnie de la SACEM Luxembourg autour du copyright, de la propriété intellectuelle et des déclarations diverses.

La salle est pleine et le sujet est très professionnel, je laisse donc ma place à des personnes que le sujet concerne vraiment après quelques minutes  pour aller me préparer en vue du Keynote de Keith Harris. Son nom vous dit peut être quelque chose, il est entre autre manager de Stevie Wonder et ex patron du label mythique Motown. On lui doit la carrière de nombreux artistes et sa présence au Sonic Visions est des plus marquantes.

Il commence par présenter son arrivée dans le métier en tant que manager par hasard, ses 40 années de carrière, il évoque ensuite l’évolution et la professionnalisation du métier. Si il y a 30 ou 40 ans tout le monde pouvait s’improviser manager, dorénavant il s’agit d’un véritable métier qu’il faut maîtriser.

Il caractérise le métier comme difficile et voué à l’échec. Selon ses dires, tout manager est voué à être viré tôt ou tard, à encaisser les coups durs et à soulager l’artiste. Pourtant il perçoit comme une obligation le fait de croire à 100% en l’artiste pour pouvoir le faire avancer.

Harris invite ensuite trois managers « modernes » à se joindre à lui pour évoquer le métier tel qu’il est aujourd’hui. Jake Beaumont-Nesbitt, Henning Dietz, et Michael Lambert s’assoient donc à ses côtés pour discuter de leur métier et ses problématiques en passant par l’importance d’avoir un réseau solide pour pouvoir progresser.

Un débat sur le crowdfunding s’immisce dans la conversation et a pour mérite de stimuler les différents points de vue en évoquant les expériences de chacun, nuançant la vision idyllique qu’on lui donne actuellement.

Pour terminer cette première journée de conférence, le rendez vous est donné au Sonic Visions Bar, pour un dernier showcase. Cette fois, c’est le groupe luxembourgeois Porn Queen, connu pour son hard rock, qui prend le chemin de l’acoustique. L’exercice du grand écart est difficile, mais le groupe s’en affranchit avec brio tout en y gardant une énergie remarquable. Ce qui ne les empêche pas de nous donner rendez-vous plus tard sur scène pour un show électrique.

Après un rapide repas, je prends le chemin des concerts du jour, que je vous relaterais dans mon prochain article…

Article et photos : Matthieu Henkinet

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