Live Report : Sonic Visions – Rockhal – 22 novembre 2013 – concerts

Dans mon précédent article je vous racontais ma première journée en immersion dans les Sonic Visions 2013, une fois passées les conférences, l’heure est venue de se lancer dans la fosse pour y observer les concerts de la soirée.

Dans le hall, le public se presse gentiment vers les différentes salles, suivant les sensibilités. En effet, pour l’événement, on a mis les petits plats dans les grands : sont mis à contribution la grande salle, le club, le Rockhal café et une scène couverte et chauffée a même été installée devant l’enceinte. Autant de lieux, pour 13 groupes sur le programme, il est impossible d’assister à tout en raison des chevauchements, j’ai donc fait ma sélection et voici le sommaire : Benjamin Clementine, Pegasus, Colt Silvers, Hurts, Owlle, Charity Children et Sun Glitters.

C’est parti.

Je me dirige donc en premier lieu vers le Club pour y voir  Benjamin Clementine que je ne connais ni de nom, ni de vue. Séance découverte donc. Alors que je m’avance, j’aperçois l’homme qui semble très grand, seul en scène en compagnie d’un piano. Il y place ses mélodies en les martelant d’un chant tantôt vindicatif tantôt doux, les variations sont déconcertantes et les textes semblent sombres, à moins que ce ne soit l’ambiance, puisqu’il est entièrement vêtu de noir et n’est éclairé que deux spots légers.

Je n’ai pourtant pas le temps de décoder le mystère, puisque je suis appelé sur la scène principale pour y shooter Pegasus. Les Suisses arrivent sur scène en costard, j’assiste avec tristesse une nouvelle fois au coup du groupe de pop rock fringué classe, comme si c’était en réalité une norme. Les Suisses se rattrapent cependant sur le son, très propre avec des chœurs bien travaillés et intégrés. Leur musique se veut dansante et des passages frôlent les gammes électro. Pourtant, de son côté, le batteur a des accès de violence et matraque sa batterie comme si elle avait tué son chien. Il y a de l’énergie sur scène et c’est plaisant.

Le groupe annonce son prochain album et nous propose une exclusivité, inspirée de Queen. On sent bien l’influence, un peu trop même.

Pour ma part je me dirige vers le Rockhal Café pour y découvrir Colt Silvers. Je discute au passage avec une personne du public qui s’avère être le frère du batteur. Un « t’as pas intérêt à louper leurs photos !» rieur plus tard,  la musique commence et je tâche de faire honneur à mon engagement.

Le groupe envoie du rock/electro comme on en voit beaucoup en ce moment.  On sent les morceaux travaillés, et ça sonne pas mal malgré la scène peu propice à leur configuration et laissant une marge de mouvement quasi inexistante. Ce qui est plutôt dommage puisque je trouve les compositions plutôt intéressantes. Nul doute que j’irais jeter une oreille à leurs enregistrements…

Pour l’heure je dois retourner à la grande salle pour y voir Hurts, au risque de passer pour un mauvais rédacteur, encore un groupe que je ne connais pas. Pourtant quelque chose me dit que je devrais, je ne sais pas si cela tient dans les t-shirts qui se vendent comme des petits pains ou dans les drapeaux que les fans portent, à moins que cela ne soit leur nom en haut de l’affiche de cette édition de Sonic Visions. Qu’à cela ne tienne, nouvelle séance découverte. Alors que j’entre dans la salle, le fond noir tombe pour dévoiler le drapeau du groupe, qui n’en porte que le nom en capitales blanches. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose.

Un quart d’heure plus tard, le groupe apparaît sur scène. Bien installé devant les barrières crash, je suis aux premières loges pour récolter les hurlements de la foule, mais aussi pour y voir des gens portant de drôles de masques et des femmes qui selon moi ont passé l’âge d’hurler à la vue d’un musicien.

Côté scène les musiciens font leur entrée (en costard, on ne reviendra pas là dessus) sur une intro électro.

Le chanteur ne donne pas grand-chose dans sa prestation, statique dans sa toge en entrant sur scène, il  garde la même attitude une fois retirée. Il semble réciter son texte et se fend occasionnellement de quelques sauts et va jusqu’à danser avec son pied de micro sans pour autant apparaître convainquant.

Les autres musiciens ne sont pas beaucoup plus énergiques et je regrette que le guitariste, le batteur et le synthétiste soient excentrés ne laissant que le chanteur et le claviériste/guitariste sur une plateforme centrale.

En plus du style vestimentaire douteux, les textes commencent à me faire penser à du « rock chrétien » (bon, je me suis renseigné après coup, ce n’est pas le cas mais s’ils avaient essayé d’en faire ils n’auraient pas plus réussi).

Malgré mes critiques sur le visuel, d’un point de vue sonore le tout est propre et j’imagine raccord avec le son des albums, mais ce n’est pas assez pour me convaincre de la légitimité du groupe.

Je coupe court, passablement déçu par ce que je viens de voir, pour aller trier mes photos en attendant le live de Owlle au Rockhal Café. Nous avions déjà eu l’occasion de rencontrer la rousse en première partie de Lilly Wood & The Prick (http://magazine-karma.fr/live/live-report-lilly-wood-the-prick-rockhal-esch-sur-alzette-09-fevrier-2013/). L’histoire se répète, puisqu’elle n’est cette fois encore accompagnée que d’un musicien sur les  deux habituels. Cependant, son chant aux balances entretient mon intérêt par sa justesse et lorsque le live débute, je ne suis pas déçu. Une voix impeccable sublimée d’effets sur des percussions et des sonorités électro bien dosées.

Une fois la prestation terminée, j’attrape à la volée un morceau d’Aufgang dans le Club. Nous vous avions déjà parlé d’eux (http://magazine-karma.fr/live/live-report-aufgang-lautre-canal-nancy-jazz-pulsations-2013/#more-11428) donc je choisis de me rendre à la scène extérieure pour y découvrir Charity Children.

Question découverte je suis vite satisfait, je ne m’attendais pas à avoir l’œil sur un groupe de cette mouvance. Les Berlinois prodiguent une folk simple, sans artifice. Sur scène on retrouve un violoncelliste, un percussionniste, un guitariste et un bassiste autour des membres originaux, deux jeunes jouant de la voix, de l’accordéon, du ukulélé 8 cordes et de l’harmonica. Un ensemble de sonorités qui fait oublier la scène luxembourgeoise et nous porte aux rues de Berlin ou le groupe a ses habitudes en compagnie de ses joies et tristesses.

Je choisis donc de reste quelque temps face à ce coup de cœur de la soirée avant de me rendre au Club pour y voir Sun Glitters. Je n’avais aucun doute sur le génie électronique du Luxembourgeois, mais n’avais pu le constater qu’au fond du 7(7) à Metz (http://magazine-karma.fr/live/live-report-festival-hors-format-sun-glitters/) dans un espace restreint. Ici tout est réuni pour que la prestation soit optimale, à commencer par les éclairages dirigés vers le public comme pour illustrer les lumières solaires du nom d’artiste, mais aussi l’écran en arrière-plan où sont projetées de magnifiques images (la rousse peu vêtue sur le premier morceau n’est pas pour rien dans ce constat) illustrant les morceaux et les histoires.

Côté musique, le style pratiqué est le « chillwave », «vague de détente » pour les non-anglicistes. Un choix idéal pour cette fin de soirée puisque de détente il n’y a pas que le nom mais aussi la manière. On sent les sonorités envahir l’espace et tisser une toile portant le public loin du tumulte de la soirée.

C’est ainsi que se termine la première journée du Sonic Visions, le rendez-vous étant donné le lendemain à 11h, mon prochain article vous contera la suite des conférences…

Article et photos : Matthieu Henkinet

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