Live Report : Odd Future – Trianon – 23 aout 2012
Parti d’un buzz sur le net, le statut de OFWGKTA (Odd Future Wolf Gang Kill Them All) a grandit jusqu’à atteindre ce jeudi 23 aout 2012, la salle du Trianon à Paris. D’un petit groupe de hipsters venus observer le phénomène lors d’un concert au Social Club, nous sommes maintenant arrivés à une colonie d’adolescents lookés façon Tyler, the Creator. Le phénomène annoncé comme une révolution se confirme donc comme tel et l’a très bien prouvé avec ce concert.
Avant même l’entrée en scène du crew, la révélation, par de bref coups de projecteurs, de la bannière aux couleurs du groupe – représentée par une grosse tête de chat – disposée derrière la scène, provoque des cris de joie dans le public. Il faut attendre ensuite un peu moins d’une demi-heure après la fin du set du Dj chauffeur de salle – dont les derniers morceaux sont repris en choeur par une partie du public – pour que se ramène en premier Taco et son Mac.
Quatre morceaux choisis pour chauffer un peu plus la salle et tout le monde saute déjà jusqu’à faire trembler le sol du Trianon. En revanche, la soirée s’annonce chaotique quand une bonne dose de bruit blanc se fait entendre dans les enceintes, et couvre une partie des morceaux. Le problème est fort heureusement très vite résolu et ne réapparaitra qu’un cours instant pendant le concert.
Le groupe de rappeur arrive ensuite progressivement sur scène : Domo Genesis, Mike G, Hodgy Beats, Left Brain et enfin Tyler, the Creator, la super star maintenant totalement assumée. De la bande de gamins foutraques, on est passé aux show men énergiques, et même si la folie des débuts est encore la, le groupe est devenu beaucoup plus carré.
Avec au moins un album chacun à son actif, les rappeurs interprétent des morceaux à tour de rôle. Mike G, dont la carrière a été la moins oscultée du lot, déploie un charisme et une maitrise au micro qui lui promet de belles années. Bien que la sono ne permette pas à la voix nasillarde de Domo Genesis de percer au dessus des basses épaisses aussi bien que celle de ses confrères, il compense avec une belle assurance et une caisse de morceaux bien remplies (il a déjà trois mixtape a son actif) dont Forest green.
Les rois de la soirée sont composés par le duo Left Brain / Hodgy Beats, dont les titres extraits de Blackandwhite, premier album de Mellowhype, font s’activer le public avec plus d’énergie que pour les deux autres (Igotagun, 50). Quand à Tyler, il affirme plus sa présence entre que pendant les morceaux. Il rappe à moitié pendant Yonkers et laisse à la piste vocale la tâche d’assurer ses parties sur Yella. En revanche, il joue avec le public avec la facilité d’un show man expérimenté. Le groupe n’est cependant pas détaché de son public (comme le font la plupart des artistes américains trop focalisés sur la bonne tenue de leur spectacle) puisque que quand un slammeur refuse physiquement de se barrer de la scène où il a réussit a monter, Hodgy Beats s’arrête de rapper pour demander à ce que le fan reste sur scène.
De mon côté de la scène je n’ai entendu que des pistes vocales sur Yella mais on m’a assuré qu’il y en avait eu sur d’autres. En tout cas, assisté ou non, tout le monde a assuré sa partie pendant l’heure et demi de concert. Certains titres évidents n’ont pas été joués (Radical pour Tyler, 64 pour Mellowhype) et d’autres plus inattendus l’ont été (Igotagun pour Mellowhype, Sandwiches en conclusion). Pas de regret pour autant. Odd Future continue de donner les meilleurs concerts de rap qu’il m’a été donné de voir en terme d’énergie. Le groupe pourrait faire plus d’effort sur la tenue musicale (ne pas passer que des mp3 par exemple) mais ce sont des regrets assez minimes quand le rendu est aussi fort que lors de ce concert. Seul grand absent, Earl Sweatshirt, dont le single éponyme conclut le concert. Maintenant libre, le prodige va t’il rejoindre ses potes en tournée ou prendre la même route que Frank Ocean ? C’est bien là la seule question qui reste suspendu à toutes les lèvres. Pour le reste, on en a eu la confirmation, les membres de Odd Future sont bien en train de devenir les nouveaux rois du rap pour cette génération.
Article : Mathieu Lubrun