Interview : Clutch

Clutch

Clutch est un groupe de rock américain formé à Germantown dans le Maryland, en 1990. Le groupe mélange stoner rock, funk et heavy metal. Clutch a toujours été très difficile à classer, mélangeant les styles et les influences à tout va et ne respectant aucun code. Est-il un groupe stoner finalement ? Oui et non… Enfin, un peu quand même !
Une petite étude de cas s’impose. Entre heavy rock psychédélique hérité des 70′s, groove typiquement desert rock et impros jazzy, il fallait bien trouver une étiquette à coller au style des rockeurs américains et celle du stoner paraît la moins improbable. Le membres, eux, parlent de rock, tout simplement. Quoiqu’il en soit, si la musique de Clutch ne se décrit pas aisément, elle s’écoute, s’imprègne, s’explore, notamment en live. Ils seront d’ailleurs eux aussi au festival Rock-a-field ce dimanche 29 juin 2014. En attendant, Jean-Paul Gaster, le batteur du groupe monosyllabique, a répondu à nos questions.

Bonjour Jean-Paul ! J’ai un peu navigué sur votre site web et il est indiqué plusieurs fois que vous avez été mal classés pendant des années, notamment concernant votre style de musique. En même temps, ce n’est pas facile de vous classer quelque part…
Bonjour Nathalie ! Oui, tu as raison. Nous nous voyons comme un groupe de rock’n'roll, le rock étant un mélange de beaucoup de styles de musique comme le blues, le jazz, la country… Nous ne pensons pas pouvoir être classés dans un sous-groupe du rock et nous en sommes assez fiers, car c’est un peu la signature de notre son.

C’est quoi pour toi un groupe de rock’n'roll, concrètement ?
Pour moi, un groupe de rock, c’est un groupe qui fait principalement des concerts et qui donc se produit sur scène. Tu n’es pas un groupe de rock si tu ne pars pas régulièrement en tournée. Le groupe doit faire un maximum de dates et ne doit pas jouer différemment, que cela soit dans une grande salle ou dans une petite. Le nombre de personnes présentes n’est pas important. Tu dois toujours de donner à 200%.

J’aime beaucoup demander aux groupes, pourquoi ils ont choisi une dénomination plutôt qu’une autre, alors pourquoi « Clutch » ?
J’aimerais beaucoup que cela soit une histoire plus intéressante, mais en fait nous voulions avoir un nom de groupe monosyllabique. Nous avons pensé au groupe Prong par exemple. C’est un nom fort, court, concis. Un jour on a trouvé « Clutch » (ndlr : traduction, étreinte) et c’est resté, mais on a longtemps hésité avec le nom « Belt » (ndlr : traduction, ceinture).

Ce n’est vraiment pas mal « Belt »… Dommage que vous n’ayez pas pris, car j’aurais pu faire plein de jeux de mots salaces avec « Belt »…
(Eclat de rire) Effectivement ! Les noms des albums et des chansons auraient pu être intéressants du coup !

Justement parlons de votre album Earth Rocker. La couverture est assez énigmatique…
Que représente-t-elle ?
C’est un concept très original. En fait nous étions à Détroit, dans le downtown, où il y a pas mal de nouveaux et d’anciens bâtiments. On s’était déjà fixés sur le nom de l’album, qui serait donc Earth Rocker et on se demandait à quoi pouvait bien ressembler un rocker de la terre donc. Un jour on est passé devant un bâtiment délabré, où figurait ce graffiti de cet indien. Nick (ndlr : Nick Lakiotes, le directeur artistique du groupe) en fait un dessin et on s’est tout de suite dit que c’était ce qu’on recherchait. C’est très fort visuellement.

 

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L’album est très rapide et assez agressif. A quoi ressemble Earth Rocker sur scène ?
Nous ne rejouons pas l’album sur scène. On improvise beaucoup et on se laisse beaucoup de plages pour ça d’ailleurs. Pour moi, un concert est un instantané. Une expérience unique. Le concert que vous aurez vu un soir ne sera jamais le même le lendemain.

L’improvisation fait-elle partie des critères de base pour un groupe de rock ?
Absolument ! Nous ne fixons d’ailleurs aucune limite, ni en temps ni en technique. Pour moi ce n’est pas important que la chanson soit juste. Il faut qu’elle ait du sens et qu’elle représente une émotion. Je dis toujours que je joue de la musique à partir du cou et avec la partie basse de mon corps. Je ne réfléchis pas. La musique se joue avec le cœur et non avec le cerveau.

Tu vois, tu avais choisi le nom « Belt », tu aurais pu dire que tu jouais de la musique en dessous de la ceinture !
C’est vrai (fou rire) ! Il y a une partie très animale donc très sexuelle dans la musique finalement ! Quand nous avons commencé en tant que groupe, nous n’avons jamais voulu faire une grande carrière. Nous avions tous des idoles et des musiciens qu’on admirait et nous voulions leur rendre hommage. La musique a toujours été le but final, sans oublier les concerts. Aujourd’hui cela fait 24 ans que ça dure donc je pense qu’on s’en est bien tirés.

Effectivement ! Vous avez d’ailleurs eu un grand succès avec le titre Electric Worry. Pourquoi penses-tu que cette chanson ait autant plu ?
C’est une chanson assez bluesy et le sujet dont elle parle est universel. Je pense que l’auditeur se sent tout de suite concerné. En plus je pense que Neil (ndlr : Neil Fallon le chanteur) la chante très bien et le texte est très fort.

Comme vous êtes un groupe de rock’n'roll, j’ai préparé des questions en relation avec ce statut. Beaucoup de groupes mettent une liste bizarre d’objets dans leurs riders. En avez-vous ?
Je n’aurais jamais dû dire qu’on était un groupe de rock (rires) ! Non… Pas vraiment ! Je pense qu’il doit y figurer des sandwiches, de la bière, de l’eau… et des cookies !

Décris-moi le pire état dans lequel tu as laissé une chambre d’hôtel !
J’essaie de ne pas trop mettre le bordel dans ma chambre et en même temps, on n’est jamais très longtemps au même endroit ! Je pense que j’ai dû laisser des serviettes de bain un peu partout dans la chambre mais c’est tout. En plus, je suis sympa et je laisse toujours un pourboire pour la femme de ménage.

Enfin notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
Je pense que je vais prendre les Beatles. Ils n’étaient vraiment pas normaux. Ils ont écrit de magnifiques chansons et elles sont intemporelles. Elles sont aujourd’hui encore très modernes et ils ont toujours été très constants dans la qualité de leur musique. Donc, les Beatles : ils sont plus importants dans l’histoire de la musique. C’est marrant que tu me demandes ça, car je lisais une interview avec Ginger Baker (ndlr : batteur célèbre pour avoir été membre du power trio Cream, de 1966 à 1968 avec Jack Bruce et Eric Clapton), tout à l’heure et lui disait que pour lui les Beatles ne valaient pas grand-chose et qu’ils n’étaient même pas de bons musiciens.

En même temps : Ginger Baker aime-t-il une autre personne que lui sur cette planète ?
(Rires) Oui, tu as raison ! Il est connu pour ses frasques, son côté égoïste et son arrogance. J’espère ne jamais devenir comme ça.

Tu appelles cela un musicien égoïste, pour moi c’est un sociopathe (fou rire) !
Merci encore pour cet entretien !

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

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