Après une date archicomble au Stade de France en juin 2013 pour défendre leur dernier album Delta Machine, un des trios anglais les plus célèbres a posé ses valises dans la salle plus cosy du Palais omnisports de Paris-Bercy pour deux dates, ici encore, plus que sold-out. Nous étions accrédités en exclusivité pour vous le vendredi 31 janvier, juste avant que le groupe ne parte pour Strasbourg et ensuite en tournée dans toute l’Europe.
Pour la plupart des aficionados de musique ayant plus de vingt ans, il sera inutile de présenter le groupe emblématique britannique de la New Wave depuis le début des années 80 appelé Depeche Mode (ou DM pour les intimes). DM, c’est d’abord – comme leur non moins célèbre logo composé de trois triangles – une sainte trinité constitué par le discret Andrew Fletcher, le compositeur au visage enfantin Martin L. Gore et le charismatique chanteur Dave Gahan. Mais cela n’a pas toujours été ainsi. A la rentrée 81 et au moment où Just Can’t Get Enough envahit les hit-parades, DM était composé de quatre banlieusards de Londres, qui semblaient faire plus attention à leur look et à leur maquillage qu’à la musique, finalement. Ils étaient sortis du même moule que Japan, Duran Duran ou encore Culture Club. Vincent Clarke, qui est durant cette période le 4ème membre, leader attitré et compositeur principal du groupe, les plaque au bout de deux ans et d’un album seulement.
Maître corbeau sur un synthé perché
Les trois membres restants ne se sont pas démontés et les voilà aujourd’hui, 30 ans plus tard donc, de passage à Paris Bercy pour deux dates archicombles. Nous y étions pour vous le vendredi 31 janvier.
Le premier groupe qui a eu la lourde tâche de chauffer la salle avant l’arrivée des très attendus mastodontes (nous avons vu des fans faire le pied de grue devant la salle depuis 13 heures de l’après-midi) s’appelle Feathers. Leur nom n’a pu échapper à personne, car il a été projeté entre chacun de leurs titres en très très gros sur les écrans de chaque côté de la scène. On a découvert un groupe américain principalement composé de filles ayant un son électro pop soutenu par une batterie très présente, peut-être même trop. Le batteur, un des seuls membres de la gente masculine frappait son instrument sans aucune finesse, ne laissant que très peu d’espace aux envolées vocales d’Anastasia Dimou, l’emblématique chanteuse. Celle-ci, toute habillée de blanc dans une sorte de robe très courte mi-Vierge Marie, mi-extra-terrestre futuriste, nous a fait penser à une apparition de Björk à l’américaine. Un groupe pas inintéressant donc et chose très surprenante de la part de DM, qui a certainement voulu montrer qu’ils étaient toujours à l’affût des dernières nouveautés en matière de musique électro et donner un coup de pouce à Feathers, dont le son est effectivement dans la même lignée.
Après les petites sœurs de l’électro et une pause très techno répétitive qui nous a presque fait penser à une expérience de Pavlov, voilà enfin vers 21 heures les papas de l’électro industrielle.
Le groupe a toujours mis l’accent sur un choix visuel très convaincant et depuis plusieurs années le trio anglais fait appel au photographe, cinéaste et vidéaste néerlandais Anton Corbijn. Tout au long du concert, il a mis en scène des triangles sous toutes ses formes et couleurs : des contorsionnistes féminines enfermées dans des boîtes transparentes pendant Enjoy The Silence (ou comment mettre des filles en boîtes) ou encore des chiens de toutes races de face et de profil pendant le titre Precious.
Le groupe a la chance de se prévaloir d’un atout de choix et de charme : Dave Gahan. Poses lascives, utilisation phallique du micro, déhanché endiablé et une voix sombre et juste : le temps semble ne pas avoir d’emprise sur ce chanteur aux 50 ans passées. Il ne manque pas de sex appeal et surtout il ne se gêne pas pour le faire savoir. Le front man - qui a encore ce soir abusé du khôl – avait avant cela une longue liste d’excès à son compteur : accident cardiaque, drogues en tout genre, tentative de suicide… Dave aurait-il un Personal Jesus qui veille sur lui ?
Autant dire que ce soir-là il a respiré la santé et le professionnalisme sur scène. Entre les titres Welcome To My World du dernier album Delta Machine et Walking In My Shoes, le show est lancé et Dave s’en donne à cœur joie. Il a d’ailleurs abandonné très vite son costume argenté pour un gilet près du corps qui a dévoilé sa musculature sèche et ses tatouages. A peine a-t-on senti le public qui commençait à se laisser aller que vient l’aparté acoustique du duo Martin L. Gore et Peter Gordeno au synthé. Le moment a été parfaitement choisi pour interpréter The Child Inside ou le très sexy Blue Dress.
Enfin, pour la deuxième partie du concert au retour de Dave sur scène, le public a retrouvé son énergie lors des titres Heaven avec un visuel très bucolique en arrière-plan, Policy Of Truth, le Jesus personnel prénommé ou encore les classiques Enjoy The Silence et Just Can’t Get Enough. La boucle du nouveau new wave est bouclée et effectivement on n’en a pas eu assez.
Heureusement, une discussion quelques heures auparavant avec Peter Gordeno, nous permettra de prolonger notre rencontre avec les géants Depeche Mode…A suivre !
Article : Nathalie Barbosa
Photos : Ugo Schimizzi
Interview : Peter Gordeno (Depeche Mode) / PARTIE 2 | Magazine Karma
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