Interview : Monster Truck

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Né en 2008 à Hamilton, Ontario, des cendres de différents groupes canadiens « indépendants », Monster Truck s’est lancé dans l’aventure sans trop se soucier des codes dictés par « l’industrie du disque » et en décidant avant tout de jouer une musique influencée par les groupes de hard rock, de punk et de classic rock qui plaisaient depuis toujours à ses membres fondateurs : Jon Harvey (chant / basse), Jeremy Widerman (guitare), Brandon Bliss (orgue) et Steve Kiely (batterie). Finalement, ce qui avait était un projet « juste pour le fun », devient beaucoup plus sérieux en 2010 lorsque Monster Truck sort son premier EP autofinancé.

Après avoir ouvert pour les concerts de Slash et Deep Purple, ils reviennent aujourd’hui avec un nouvel album. En un peu plus de deux mois Monster Truck enregistre les 12 titres qui constituent Furiosity. Produit, par Eric Ratz, aux Vespa Studios de Toronto ainsi qu’aux Echo Mountain Studios d’Asheville, Furiosity mélange des influences allant du grunge au punk pour les faire se muer en bon vieux rock qui tâche. Brandon, a, quant à lui, été furieusement gentil avec nous. Résultat ci-dessous.

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Bonjour Brandon ! Peux-tu nous raconter d’où vient le nom « Monster Truck » ?
Bonjour Nathalie ! Pour tout te dire, Steve, notre batteur, avait un vieux van. Il était vraiment tout pourri, rouillé et il avait nettement plus de 5 ou 10 ans. « Monster Truck » c’était son surnom, tellement il était moche. Je parle du van bien sûr. On s’est dit que si un jour on montait un groupe, on l’appellerait « Monster Truck » car c’était un nom pour un groupe qui faisait du bon vieux rock’n’roll. Le jour où on a cherché un nom, on n’a pas dû chercher bien loin du coup.

Je suppose que le « bon vieux rock’n’roll » fait donc partie de tes références en matière de musique ?
Mes parents écoutaient pas mal de choses à la maison : les Beatles, les Beach Boys ou encore Rod Stewart. Par la suite, j’ai découvert Nirvana, le punk et toutes les stars du rock classique des années 1960 et 1970. Quand je suis tombé sur Deep Purple, cela ne correspondait à aucun type de musique que j’avais entendu auparavant. Même chose pour Led Zeppelin ! C’était une vraie révolution dans ma façon de voir et surtout d’écouter de la musique.

Vous venez de sortir votre album Furiosity. Pourquoi ce mélange dans le nom ?
En fait, quand nous parlons ensemble, on aime bien inventer de nouveaux mots et mélanger des mots existants pour reformer de nouveaux mots qui expriment ce que nous ressentons. Je ne peux pas te dire quand a été le moment exact où nous avons utilisé « Furiosity » pour la première fois, mais c’est un néologisme qui est revenu souvent dans nos conversations. On aime bien cette gymnastique intellectuelle et puis je pense que c’est un mot qu’on retient facilement, donc idéal pour un album donc le groupe n’est pas encore très connu. Le son est furieux et on aimerait que les gens soient curieux à propos de nous, donc « fury » et « curiosity ».

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Concernant cet album justement, vous avez eu pas mal de soucis pour le sortir tel que vous le vouliez. Peux-tu nous raconter ?
Oui, on a dû enregistrer l’album deux fois. D’abord nous étions au Sound City à Los Angeles et en fait nous avons enregistré tous les titres en live et nous étions tous dans la même salle. Nous n’étions pas préparés à travailler comme ça. Pour certains groupes ça marche très bien mais pour nous, ça a été une vraie catastrophe. Quand le mixage a été effectué, notre manager nous a clairement dit que cela ne nous représentait pas. Ce n’était pas facile mais nous avons pris la décision de le réenregistrer avec un producteur que nous connaissions bien et avec qui nous avions déjà fait un EP : The Brown EP? avec Eric Ratz (Billy Talent, Cancer Bats, Three Days Grace). Aujourd’hui il y a donc deux versions de l’album, dont la première que nous ne commercialiserons jamais. Une version ultra collector ! (rires)

Vous avez une maxime aussi « Don’t F*ck With The Truck ». D’où vient-elle ?
C’est un ami à moi qui a un jour mis cette phrase sur un de nos t-shirts. C’était notre second t-shirt pour le groupe et c’était un peu une blague. Une phrase coup de poing qui représente  notre style de musique un peu « dans-ta-face ». Un matin on s’est rendu compte que ces t-shirts se vendaient comme des dingues. Du coup on ne l’a jamais enlevé du merchandise. Elle doit représenter pas mal de choses aux gens qui ont acheté le t-shirt. Pour nous, bizarrement cette phrase reste un peu un mystère.

Vous commencez à avoir pas mal de succès en Europe et aussi bien sûr au Canada, d’où vous venez, mais pas vraiment aux Etats-Unis, alors que ce sont vos voisins. Pourquoi? selon toi ?
Les Etats-Unis sont ultra segmentés. Il y a des classifications pour tous les types de musique et donc aussi beaucoup de stations de radios et de magazines spécialisés dans les différents types. Nous, nous faisons un genre de « classic rock ». Il n’y a pas, selon eux, de segment où ils peuvent nous classer. On nous a souvent fait comprendre qu’il n’y avait pas de place pour un groupe de rock comme le nôtre. Bon, nous avons réussi à faire les premières parties de tournée avec Alter Bridge et Alice in Chains, donc les choses commencent à évoluer. En tout cas, on l’espère.

Qu’est-ce qui différencie un public européen d’un public américain selon toi ?
Je pense que les publics européens sont plus rapidement excités et beaucoup plus énergiques que ceux des États-Unis. Ici, à Paris, nous avons souvent vu les gens bouger, faire la fête, sauter dans tous les sens, alors que chez nous, les gens sont plus sceptiques, j’ai l’impression. Ou blasés peut-être.

Entre toutes les premières parties sympas et les concerts, quelles sont les choses dont tu es le plus fier aujourd’hui ?
Ça change tout le temps en fait ! Nous avons eu un Juno Award, ce qui correspond à un Grammy au Canada en 2013. J’ai beaucoup aimé faire la tournée avec Slash. Un moment magique a été la première partie de Deep Purple car ce sont nos idoles et une de nos inspirations musicales depuis l’adolescence.

Vous avez fait pas mal de premières parties, mais vous avez fait vos propres concerts aussi. Comment abordez-vous ces deux types de shows ?
On essaie de jouer avec la même intensité. Quand tu as 40 ou 45 minutes, tu essaies de montrer toute la palette de ta musique en jouant des titres très différents. Le but est de convaincre en très peu de temps et ce n’est pas un exercice facile. Quand tu es en tête d’affiche, tu peux faire évoluer ta musique plus facilement entre les titres. Tu choisis une évolution plus radicale ou plus lente, selon l’endroit où tu joues. Quand tu joues en festival, c’est nettement plus facile car les gens sont souvent déjà excités par les groupes avant toi. Et ils sont là très souvent dans l’optique de s’amuser.

Une dernière question avant de terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
C’est super dur comme question ! Et ma réponse change très souvent. J’ai grandi avec les Beatles mais j’écoutais les Stones étant adolescent. Aujourd’hui ce sera les Beatles. Pour les souvenirs qu’ils me rappellent.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

Leurs derniers concerts de l’année ici :

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