Interview : Les Fatals Picards

Les Fatals Picards se sont faits une place sur la scène très éclectique du rock joyeux et festif. Ces joyeux drilles n’ont peur de rien et abordent avec pertinence et justesse dans leurs chansons les aléas de la vie du quotidien, quotidien qui n’est pas toujours rose. 2013 est pour eux l’année du millième concert et de la sortie de 7ème ciel, septième album du groupe. Le disque est à l’image des Fatals Picards : drôle, concerné, énergique, rock, avec toujours ce second degré qui est leur façon personnelle de lire le monde. Des femmes battues dans Gros con au nucléaire (Atomic Twist), des Punks du Liechtenstein aux chemins qui mènent aux Roms avec Manouches, des sentiments qui s’étiolent dans De l’amour à revendre aux ravages de l’alcool (Robert) en milieux sentimentaux, le groupe trace sa route et comme ils le disent sur leur site Facebook: «Les Fatals Picards en concert un peu partout en France et rarement aux Etats-Unis» et ils seront donc, pour les moins superstitieux d’entre vous, vendredi 13 décembre à Florange (La Passerelle). Pour les autres il y aura possibilité de les voir samedi 14 décembre à Nancy (L’Autre Canal) et le vendredi 14 mars 2014 à Strasbourg (La Laiterie). Faites votre choix mais ne les manquez surtout pas ! En attendant Paul Léger, le chanteur du groupe, nous a accordé quelques minutes.

Bonjour Paul. Je me suis amusée à regarder la définition de «fatal» avant de t’appeler et en fait il s’avère qu’il y en a deux : 1) fixé par le destin, inévitable ; 2) Qui entraîne des effets désastreux, la mort. C’est lequel votre «fatal» à vous ?

Bonjour Nathalie ! C’est clairement le deuxième ! On a un effet désastreux, c’est sûr, mais ce n’est peut-être pas la mort non plus ! (rires)

 

On vous dit groupe de rock parodique, satirique, décalé ou engagé…Qu’est-ce qui correspond le mieux selon toi comme adjectif ?

C’est compliqué de répondre à ce genre de question… Je pense que «décalé», cela correspond très bien à notre attitude sur scène et en dehors de la scène, à notre style musical, à nos textes. Nous ne sommes pas un groupe engagé dans le sens où nous ne faisons pas de musique engagée. Donc je mettrais un bémol à cela. Je trouve que c’est un peu prétentieux de dire qu’on est engagé. En fait, moi je dis toujours que nous faisons de la musique concernée.

Est-ce que la musique engagée a encore un sens selon toi aujourd’hui ?

Oui, bien sûr ! Comme je disais, je ne nous considère pas comme engagés, on traite des sujets divers et variés. Certains de ces sujets sont un peu plus politiques. Nous ne sommes pas comme les vrais groupes de rock engagés des années 80 qui gueulent leur opinion à tout va. Mais oui, bien sûr qu’elle a un sens ! Il a toujours un public pour ça !

 

Ne sommes-nous pas tous un peu un « petit poisson d’élevage »? (en référence au titre du même nom sur le dernier album)

A vrai dire, je pense que oui. Nous sommes tous un peu formatés de la même façon et on pense de la même façon. Libre à chacun de s’échapper de son aquarium et d’aller nager dans d’autres océans !

 

On vous dit « boudés par les médias ». Pourquoi selon toi ?

Je pense qu’il s’agit ici des médias nationaux, car au niveau des médias locaux (journaux, radios) un peu plus décalés, on est très bien représentés. Nous savons que nous n’apparaitrons jamais chez Drucker où ils servent des chansons avec des paroles qui ne veulent pas dire grand-chose et des musiques françaises qu’on a déjà entendues 1.000 fois. Notre nom, notre musique et notre attitude n’aident pas non plus ! On a une réputation de voyous et je pense que les médias nationaux ont peur des dérapages.

 

Est-ce que tu regrettes cette absence au niveau nationale ?

Oui et non. Oui, car notre musique n’est pas faite pour une certaine élite. On aimerait faire découvrir notre musique à un public aussi large que possible. Non, car on peut rester tels qu’on est et on a moins la pression du coup.

 

Pourquoi avoir appelé votre album « 7ème ciel » ? Juste parce qu’il s’agit du 7ème album ?

Oui et parce qu’on a tous la quarantaine et qu’on se sent on top ! On est de vraies bêtes de sexe et de scène, attention !

 

Justement ! Je n’ai jamais eu l’occasion de vous voir en action. A quand un concert au Luxembourg ?

Je ne serais pas contre ! Il y a certains pays où je me refuse à aller, comme en Russie par exemple, où il s’y passe des choses affreuses mais le Luxembourg je veux bien ! (rires)

 

Comment se passe un concert des Fatals Picards justement ?

Nos concerts sont une avalanche d’humour et de beaux garçons. Tu ne dois pas rater ça !

 

Vous faites aussi très souvent des reprises. Pourquoi avoir choisi « Sans contrefaçon » pour ce dernier album ?

C’est un titre que nous avons beaucoup joué dans nos concerts. Il s’est imposé tout seul en fait. On fait beaucoup de titres pour les filles d’habitude et là on voulait faire un titre plus adressé aux mecs, comme Mylène Farmer parle aux mecs dans ce titre. Donc ce n’est ni un hommage ni une moquerie.

Qu’est-ce qui dans l’actualité en ce moment, pourrais t’inspirer une nouvelle chanson ?

En fait, il y a toujours un énorme laps de temps entre le moment où on compose et le moment où la chanson sort sur un album. Donc on essaie de prendre des sujets assez généraux et car si on prend un sujet très actuel, la chanson tombe à plat par la suite. Pour « Manouches », quand on l’a écrite, le sujet n’était pas aussi actuel qu’il ne l’est aujourd’hui, donc ça tombe bien ! Pour « Atomic Twist », on parle de Fukushima c’est vrai, mais c’est une critique du nucléaire en général. On traite beaucoup plus de sujets d’actualité pendant nos lives en fait. On fait des blagues entre les chansons ce qui fait une très bonne transition la plupart du temps et cela apporte une plus grande résonance au public.

 

Enfin pour terminer, la question rituelle pour Karma: préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones?

Oh purée ! C’est un choix très difficile ! Musicalement je choisis les Beatles. J’aime les Rolling Stones pour leur style, le côté décadent : le sexe, la drogue, les femmes. Les compositions des Beatles sont nettement plus fortes, donc je choisis musicalement les Beatles.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

En concert :

Ven 13 Dec //// La Passerelle //// FLORANGE (57)

Sam 14 Dec //// L’Autre Canal //// NANCY (54)

Be first to comment