Interview : Kaolin

À la fois romantique et électrique, Kaolin fait partie de ces groupes de la scène post-rock francophone qui sortent de terre à la fin des années 90. Créé à la fin des années 1990 à Montluçon, il doit son nom à la roche argileuse qui sert à fabriquer la porcelaine. Kaolin a débuté sa carrière en 2002 et sort son 1er album «Allez» cette année-là. Après avoir enchaîné les tournées et les premières parties de concerts (Stereophonics et Jean-Louis Murat entre autres), ils reviennent en 2004 avec leur second album, Retour dans nos criques. Le groupe est véritablement révélé au grand public deux ans plus tard avec un troisième opus intitulé Mélanger les couleurs dont est tiré le single Partons vite.

Son chanteur, Guillaume Cantillon, se lance ensuite dans l’élaboration d’un album en solo. Des ballons rouges paraît en 2008 et lui permet d’aborder des sujets plus personnels. En 2013, Kaolin signe son retour avec un disque appelé Un souffle sur la roche. En attendant Guillaume Cantillon, le chanteur du groupe, nous a accordé quelques minutes.

Bonjour Guillaume ! D’où vient ce nom «Kaolin»? Comment est-il né ?

Bonjour Nathalie ! En fait, le nom n’est pas tellement réfléchi. Quand on a commencé, on a découvert que cette matière rocheuse était exploitée dans le coin. Elle est friable et utilisée pour la porcelaine et cette invention est née en Chine. On s’est dit que c’était approprié. Et puis, il faut le prononcer «Ka-o-line» en fait, la plupart des gens le disent mal. Il n’y a pas vraiment d’explication, le nom nous a correspondu au fur et à mesure.

 

Vous n’aviez pas sorti d’album depuis 2010. Aviez-vous besoin d’une pause ?

Non, pas vraiment. La pause s’est faite d’elle-même car on s’est fait virer de notre maison de disque, comme le disque précédent n’a pas fonctionné (rires). Finalement ça nous a permis de nous remettre en question et de retrouver une nouvelle confiance en nous. Au final, c’est plutôt positif au niveau du groupe. On s’est posé les vraies questions : à savoir ce que nous voulions mettre sur le prochain album. On est allé à l’essentiel en somme ! Aujourd’hui on est un vrai groupe soudé et on a fini par se dépasser pour ce nouvel album. On aurait dû mettre deux ans pour le faire et finalement on a mis trois ans, donc ça va.

Vous parlez aussi d’«Un nouveau Kaolin» (que vous répétez trois fois sur votre biographie). Pourquoi un «nouveau» ? L’ancien ne vous plaisait pas ? Qu’est-ce qui a changé ?

En fait, nous on ne pense pas vraiment qu’il y a quelque chose de nouveau, mais notre biographie est écrite par une personne extérieure et son avis représente les avis de toutes les personnes autour de nous : médias, radio et même proches. Eux, nous ont parlé d’un souffle nouveau dans notre musique. Encore une fois, cet album est vraiment le nouveau souffle qu’on a trouvé en tant que groupe. On est reparti de zéro et on a tout mis à plat. On ne ressentait pas la pression d’une maison de disque, qui voulait que l’album sonne comme-ci ou comme-ça, pour que les chansons passent à la radio. Cela a été très salvateur ! On a redécouvert nos vraies influences et on s’est un peu réinventé.

Aviez-vous peur que le public ne soit plus au rendez-vous après cette pause ?

Pas vraiment en fait. Je pense que notre musique est assez proche des gens et que les gens se sentent proches de notre musique. Je dois dire cependant qu’on a fait cet album pour nous en premier lieu et ensuite pour le partager avec les autres. On a fait des chansons qui nous font plaisir. Mais après, pour répondre à ta question, on a toujours peur lorsque l’on sort un nouveau disque. On se demande toujours si les personnes vont aimer nos chansons. D’ailleurs on regarde les chiffres de vente régulièrement.

Ah, oui ? Souvent, les artistes me disent ne pas regarder les chiffres de vente, tu en penses quoi ?

A mon avis, Nathalie, ces personnes te mentent ! Dans le monde dans lequel on vit aujourd’hui tous les artistes regardent ces chiffres ! C’est obligé ! A moins d’avoir un succès commercial énorme, là effectivement tu n’as peut-être pas besoin de regarder les chiffres. C’est juste logique en fait : tu vends, tu continues. Tu ne vends pas, tu arrêtes.

Pendant la pause, tu en as profité pour sortir un projet en solo. Votre biographie dit d’ailleurs: «L’escapade solitaire du premier de cordée pouvait signer la fin d’une histoire.» Est-ce que c’était le cas ? Ou c’est ce que les gens autour de vous pensaient ?

Je pense que les gens autour de nous ont pu le penser effectivement. En France j’ai l’impression que la culture du groupe n’est pas immense. Dans les pays anglo-saxons, les membres d’un groupe ne sont pas liés ensemble à ce point-là. Les médias ont cru aussi qu’on allait se séparer. D’ailleurs j’ai été invité chez Nagui et il m’a posé la même question en me disant: «Bon, on ne me la fait pas à moi!». Moi personnellement, je savais qu’on n’allait pas se séparer. Cet album c’était un besoin nécessaire pour moi mais aussi pour le groupe. C’était un challenge que je devais relever.

Les autres membres du groupe n’ont-ils jamais éprouvé le besoin de se lancer dans un projet solo?

Tout le monde travaille plus ou moins avec d’autres personnes. Chacun est vraiment libre de faire ce dont il a envie. Encore une fois, je sais que c’est très loin de notre culture française, qui pense que dès que tu fais autre chose, c’est forcément bizarre. On n’est pas tous lié au même projet tout le temps. Heureusement d’ailleurs!

Enfin pour terminer, la question rituelle pour le Magazine Karma: préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ?

Je suis autant fan des uns comme des autres. J’aime les Beatles pour leur ligne mélodique. Leur musique fait vraiment partie pour moi de la catégorie pureté ou génie mélodique. Les Stones représentent pour moi l’énergie rock et le côté plus animal. Pour moi, les deux peuvent fonctionner ensemble.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

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