Interview : Dommin
Dommin, un groupe de rock gothique issu de Californie, représenté ici par son chanteur, guitariste et compositeur Kristofer Dommin, nous raconte ses déboires dans le monde impitoyable de l’industrie musicale.
«Resist! Carry on and exist! Don’t go quiet regretting what you’ve missed! »
Bonjour Kristofer ! Merci d’avoir accepté de te livrer un peu à Karma Magazine ! La dernière fois que je t’ai vu, tu faisais la première partie avec ton groupe Dommin de la tournée européenne de HIM. Et c’était en 2010 ! Que s’est-il passé entre-temps ?
Bonjour et merci à toi de t’intéresser à nous ! Il s’est passé énormément de choses. La majorité de l’histoire, je l’ai décrite sur mon blog à savoir sur http://kristoferdommin.tumblr.com/. Le groupe et moi-même avons eu quelques soucis avec notre label Roadrunners Records. En fait dès que notre collaboration a commencé, donc avant même que notre premier album soit sur le marché, nous n’avions pas les mêmes points de vue sur l’image du groupe que nous voulions donner au public. Pour notre premier album appelé «Love is gone», le label voulait mettre une photo de nous sur la couverture alors que nous voulions mettre une œuvre artistique qui nous représenterait. Finalement nous avons opté pour l’option photo pour les quelques copies que nous avons fournies à la presse et à des fins promotionnelles et nous avons été sérieusement critiqués là-dessus. La presse nous traitait de ringards, c’est pour te dire ! Pour l’album, le label s’est finalement relié à notre idée initiale et a mis une illustration avec une rose. Cette rose fait partie maintenant du logo du groupe.
Mais il n’y a pas eu que ça ! Il y a d’innombrables exemples ! Pour notre premier clip My Heart, Yours Hands, le label a voulu faire les choses en grand et le résultat obtenu ne nous correspond pas. Le clip a été tourné dans une énorme maison de maître et a coûté près de 130.000 dollars. En fait, ce que nous voulions, c’était simplement refaire notre clip amateur (qui avait coûté 500 dollars) avec des moyens professionnels, car nous avions déjà tourné un clip pour ce titre et l’idée de départ était plutôt bonne.
Pour le deuxième clip «Tonight», je pensais que le label nous laisserait nous impliquer un peu plus dans ce que nous voulions faire, mais les mêmes erreurs ont été commises et un budget colossal a été dépensé, pour un résultat assez médiocre.
L’histoire est incroyable ! Finalement vous avez quand même réussi à sortir votre premier album et partir en tournée ?
Oui. Cependant, là aussi, pour la sortie de l’album, les délais étaient sans cesse repoussés. C’est très dur de faire de la promotion pour un album quand tu ne connais pas la date de sortie ! Au début, c’était prévu pour février 2009, puis juin 2009, puis juillet 2009, puis enfin l’album est sorti un an après, soit en février 2010 ! Nous avons aussi découvert qu’une copie de l’album s’était retrouvée sur internet en téléchargement illégal avant même que l’album ne soit sorti. Donc, quelque part, nous avions déjà pas mal de fans avant la sortie officielle, ce qui est super, mais l’album s’était déjà fait télécharger des milliers de fois et ne s’est pas bien vendu par la suite.
Et ces mauvaises ventes ont eu des conséquences sur les projets avec le label ?
Tout à fait. Comme les ventes étaient mauvaises et qu’ils avaient déjà investi beaucoup d’argent en nous, le label était très réticent à l’idée de produire notre deuxième album. Mais attention, je ne veux pas faire porter le chapeau concernant notre échec exclusivement à notre label. Nous avons, nous aussi, fait beaucoup d’erreurs et nous aurions dû imposer notre point de vue plus souvent et ne pas nous laisser faire. Pour le deuxième album, je suis allé les voir et je leur ai exposé mes idées concernant le futur album et la direction vers laquelle je voulais emmener le groupe. J’ai joué pas mal de nouvelles chansons que j’avais composées et le label était emballé ! Ils ont donc changé d’avis et nous étions partis pour un deuxième album avec eux. Par la suite, j’ai continué à composer, comme le label m’a demandé de le faire, et pendant des mois, j’ai été dans le noir le plus complet car je ne savais pas si la direction dans laquelle j’allais, musicalement parlant, était bonne pour eux ou pas. Je n’avais aucun retour sur mes morceaux. Trouver une équipe correcte pour la production de l’album a été un processus très long lui aussi, mais on s’est lancé et quelques titres ont été enregistrés et produits.
Et maintenant, où en êtes-vous ?
Après énormément de conflits et un plan social au sein même du label qui a fait que nos personnes de contact sont parties, nous avons décidé que nos chemins se séparaient avec Roadrunners Records. Nous avons réussi à trouver un terrain d’entente et nous sommes actuellement en cours de rupture de contrat. Le label va nous rendre nos droits concernant le deuxième album. Ce processus est très long… mais dès que nous récupérons les droits, nous allons devoir chercher un nouveau label ou nous lancer dans un projet de label indépendant pour sortir cet album. Tout ça, c’est hyper frustrant ! J’ai l’impression de ne pas être maître de mon destin !
Entre-temps vous avez sûrement dû trouver un travail ?
Oui, tous les membres du groupe ont dû trouver un travail car il nous fallait trouver un moyen de subsister. J’en avais marre d’attendre et très franchement je voyais des opportunités passer, sans pouvoir les saisir. C’est comme si tu étais sur le quai de la gare et que tu voyais les trains partir sans toi ! On a décidé de continuer à organiser des concerts à Los Angeles et on joue de nouveaux morceaux. On a aussi commencé à reprendre notre promotion en main : on a un nouveau look pour notre site internet et régulièrement je mets de nouvelles chansons sur YouTube (et Facebook, Twitter), des fois sous mon propre nom Kristofer Dommin, et des fois sous celui du groupe. Récemment j’ai commencé à revisiter des anciennes chansons composées et j’ai posté la chanson «Desire» sur internet.
Oui, j’ai vu ! C’est un clip très sexy ! Comment est-il né ?
En fait, le clip est issu d’une publicité. Je n’ai aucun droit de l’utiliser donc à un moment donné, je vais sûrement devoir l’enlever. Je cherchais une idée pour le clip et je suis tombé sur cette pub de lingerie. J’ai coupé le début et la fin, pour ne pas mettre la marque, et je l’ai ralenti un peu et finalement il était pile-poil à la bonne longueur pour la chanson. J’ai même hésité à me mettre dans le clip dans un coin, en train de regarder la fille se déshabiller, mais je ne suis pas doué pour utiliser Photoshop ! (rires)
Tu revisites aussi quelques titres connus ?
Oui, dernièrement j’ai mis une version acoustique de «I’m Your Man» de Leonhard Cohen. Je ne peux pas rester assis et ne pas faire de chansons, ce n’est pas possible !
Comme tu peux l’imaginer, je suis hyper réticent concernant le fait de devoir resigner avec un autre label et, à nouveau, ne plus avoir accès à mes droits sur les chansons. Je n’aime pas être sous le contrôle de quelqu’un.
Fais-tu participer tes auditeurs à ce projet de nouvel album ?
Sur le site internet et via notre newsletter, régulièrement, j’envoie des chansons aux personnes inscrites et ceci en très bonne qualité audio. Les personnes peuvent, si elles le souhaitent, nous faire un don en utilisant Paypal et le lien est sur notre site. Je ne prends pas tout ça à la légère et je n’aime pas demander de l’aide, mais certains fans nous ont tellement dit qu’ils voulaient nous aider, qu’on a mis cette option sur le site. Nous avons la chance d’avoir un contact très personnel avec notre public et nous restons très accessibles. D’ailleurs nos fans nous ont déjà aidés lors de la production du clip vidéo «Closure» où nous leur avions demandé de nous faire parvenir des vidéos/photos personnelles liées à leurs visions de la rupture.
Enfin pour terminer, la question rituelle du Magazine Karma : préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones?
J’aime beaucoup les deux. Les Beatles étaient plus intéressants et il y a quelque chose dans leur musique qui fait que j’y prête une attention particulière. Les Rolling Stones représentent pour moi un rock ‘n’ roll déchaîné : ils mettent une ambiance de feu et peuvent être écoutés en arrière-plan.
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa
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