Les aventuriers de Boumchaka ont décidés de rester un jour de plus dans leur igloo et d’investir encore une fois le 7(7) Café en ce jeudi 5 février. Au programme de cette date du Festival Freeeeze, la croisée des chemins entre l’habitué Busdriver et la toute nouvelle formation Seuss.
Le destin fait parfois bien les choses. Pour un artiste dont le dixième album est déjà sorti, quatre rappeurs locaux s’allient et forment un groupe, afin de prendre la température sur scène pour la première fois. Pendant que le premier parcours le monde pour le convaincre de sa « chevelure parfaite », les messins Télémaque et Spitch accueillaient 22 et Dante pour former Seuss, sous le signe de la Géométrie Variable. L’expérience contre la spontanéité. L’Oncle Sam contre la Moselle. Deux visions du hip-hop pour un même lieu. Que le meilleur gagne.
Autant jouer à domicile, autant s’imposer et commencer le show. Devant des supporters venus aussi nombreux que la veille, les quatre collègues de Seuss prennent place sur la scène, qui paraît encore plus minuscule que pour Gavlyn et Oh Blimey. Partis pour un set d’une trentaine de minutes, chaque MC veut montrer son habilité au micro et imposer sa marque. Si pour Télémaque et Spitch, leur style est déjà bien connu, 22 et Dante montrent une posture intéressante et convaincante pour un début. Dommage que l’espace soit si petit, le jeu de scène des rappeurs s’en retrouve diminué. Cela aurait sûrement ajouté un plus à leur performance. Dans un esprit décontracté, les titres se succèdent et l’interaction avec les gens méritait d’être un peu plus poussée. Peut être étaient ils toujours un peu engourdis par les températures négatives qui sévissaient à l’extérieur. Pourtant les prods à caractère électro ont le potentiel pour faire remuer les nuques. Rien de très grave néanmoins, ce set est surtout un avant goût de la soirée consacrée au collectif entier qui se tiendra toujours au 7(7) à la fin du mois. Une formation à suivre de près donc.
La scène paraît déjà un petit peu plus grande pour l’américain Busdriver quand il se montre et commence à installer son matériel. Posé devant ses deux boîtes à rythmes, il assurera seul la deuxième partie de soirée. Issu de la scène hip-hop underground depuis ses débuts dans les soirées open mic de la fin des années 1990, le son de l’artiste sortira forcément des carcans du mouvement. Et c’est le cas. Impossible de dire si tous ses lives sont de cette facture, ou si cela est dû uniquement au fonctionnement de ce set, mais pendant une heure, le pilote conduit le public sur un faux rythme. Impossible de vraiment danser, ni de rester immobile, difficile de chanter, ni de ne pas vouloir participer à son délire.
A la fois au micro et sur ses mini MPC, il gesticule dans tous les sens, passe de l’un à l’autre, se met à rapper très vite puis à chanter dans la seconde d’après, à tel point qu’il devient compliqué de le suivre. Sans réelle structure, les morceaux se suivent mais ne semblent pas coller entre eux. Comme si tout du long, un seul et long instrumental flottait dans l’air. Alors les têtes se secouent, les bras se lèvent, et des cris se font entendre, mais l’enthousiasme n’est pas aussi présent qu’attendu. Le set n’est pas non plus facile pour Busdriver qui doit faire avec quelques manipulations hasardeuses de ses machines et un public à captiver.
1.0 pour le Grand Est à la fin de la soirée, avec Seuss, le 7(7) Café et son public, et bien entendu Boumchaka qui reste encore quelques jours sur la banquise messine pour clore les dernières dates de la semaine. Cap maintenant sur les Trinitaires avec l’Animalerie et des rappeurs décidés à montrer qu’ils sont à prendre au sérieux !
Auteur : Nathan Roux
Crédit Photo : Pauline Zeh