Festival des Vieilles Charrues – du 17 au 20 juillet

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Du triomphe de Stromae à l’ovation de Cantat, du show d’Indochine à la leçon de rock des Arctic Monkeys, en passant par la classe d’Étienne Daho… Retour sur quatre jours de fête en Bretagne, partagés par 225 000 festivaliers.

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Jeudi
Le festival des Vieilles Charrues est lancé depuis quelques heures et le temps d’arriver sur le site de Kerampuilh, certains concerts sont déjà terminés. Il est l’heure du concert de Skip The Use, sur la scène Kerouac, l’une des quatre que compte le festival. Sous un beau soleil, Mat Bastard, en grande forme, chauffe le public. « On m’a dit qu’aux Vieilles Charrues, vous êtes des malades ! » Évidemment, ce genre de petite phrase fait mouche en terre bretonne. Le groupe, en grand habitué des festivals, assure avec une belle énergie, comme à son habitude, et met dans l’ambiance les festivaliers.Vient le moment de retrouver la grande scène de Glenmor, où les Black Keys sont attendus. Le set des américains est un peu plat, et s’il fait remuer les premiers rangs au bout de quelques chansons, il ne soulève pas Kerampuilh. Les « come on ! » de Dan Auerbach n’y changeront rien. Peut-être que s’il avait essayé avec quelques mots de français, il aurait eu plus de succès… Sur Kerouac, Fauve a pris le relais. Le public participe avec entrain. Le groupe peut être content de lui, même si, une partie de la foule commence à déserter avant la fin de leur concert : elle afflue vers Glenmor où la tête d’affiche de cette première soirée, Indochine, doit jouer dans quelques minutes. Le groupe propose un vrai beau spectacle, avec une superbe entrée en scène, faîte de jeux d’ombres. Une pluie de confettis s’abat sur les festivaliers dès le 2e morceau. Nicola Sirkis arpente l’avancée centrale, autour de laquelle les fans du groupe sont massés. Le groupe enchaîne ses tubes à l’instar de J’ai demandé a la lune, que la foule reprend en chœur. Puis vient Les yeux noirs, pendant laquelle Nikola Sirkis descend aux barrières et serre les mains qui se tendent sur son passage. Ils remontera enveloppé dans un gwen ha du (drapeau breton), avant de terminer par l’indémodable Aventurier, alors que toute la plaine se met à chanter a l’unisson. Indochine offre ainsi le premier grand moment de ces quatre jours.

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Vendredi
La journée du vendredi affiche complet depuis des mois. 66 000 festivaliers sont attendus à Kerampuilh. Et ils commencent à arriver en masse et se retrouvent autour de la scène Kerouac qui s’anime pour un joli moment avec The Celtic Social Club et ses airs celtes, comme le laissait supposer le nom de la formation. On voyage alors entre l’Écosse, l’Irlande et la Bretagne bien sur. Aux premières notes de bombarde, les nombreux gwen ha du s’agitent et les bretons s’enflamment. Mais l’heure de la montée sur scène d’Elton John approche et il devient difficile de se frayer un chemin vers Glenmor, tant la foule est compacte. Sir Elton, tout en bleu et paillettes, est bien là, après un rendez-vous manqué l’an dernier (il avait été contraint d’annuler sa venue, à cause d’une appendicite). Accompagné de son groupe, il joue des chansons d’une longueur impressionnante, à cause des solos de piano qu’il y ajoute. Enfin, les premières notes de Sorry seems to be the hardest word, font pousser un « Ah ! »de contentement, à une foule qui commençait un peu à s’impatienter. Quelques minutes plus tard, I’m still standing remporte elle aussi un franc succès. A 67 ans, Elton John fait tout l’étalage de son talent pendant un show de 2 heures et prouve qu’il n’a pas volé sa stature de star internationale.

Une autre star est à présent attendue par une foule impressionnante qui remonte jusqu’en haut de la plaine. Jamais il n’y avait eu une telle marée humaine devant Glenmor. Beaucoup de parents sont venus avec leurs enfants et tout le monde attend la même chose : qu’enfin, Stromae monte en scène. Et quand résonnent les premières notes de Ta fête, c’est tout le public qui chante d’une seule voix. De bas en haut, la foule est embarquée par le Belge qui fait danser toute la prairie sans exception, même s’il est quasiment impossible d’apercevoir Stromae pour la plupart des festivaliers qui sont trop loin de la scène et des écrans. Une version longue de Papaoutai fait office de rappel. C’est un triomphe, comme peu d’artistes avant lui en ont reçu à Carhaix. Et force est d’admettre que le Belge est a la hauteur. La foule poursuit sur sa lancée en rejoignant Kerouac où Franz Ferdinand entre en scène. Comme d’habitude, le groupe propose un show de qualité, plein d’énergie et bourré de tubes tous plus efficaces les uns que les autres. Dans la prairie, ça se dandine dans tous les sens, avant qu’Alex Kapranos et ses acolytes ne tirent leur révérence, après avoir lancé un retentissant «  Kenavo ! ».  A peine leur set terminé, la pluie d’orage s’invite a la fête alors que Gesaffelstein entre en scène. Une averse qui sonne la fin de la nuit pour des milliers de spectateurs, qui ont bien mérité un peu de repos après cette belle soirée.

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Samedi
Le lendemain, la prairie se remplit petit à petit alors que Breton propose son électro-rock à un public, qui malgré l’averse qui s’abat sur lui, participe avec entrain. Après le groupe londonien, plusieurs groupes se succèdent sur les 4 scènes, mais c’est Bertrand Cantat qui est particulièrement attendu ce samedi soir. Venu avec sa formation Detroit, c’est pourtant en reprenant des chansons de Noir Désir que Cantat réussit à transcender une foule qui n’en demandait pas tant. C’est une ovation qui salue leur prestation. Julien Doré, tout sourire, prend le relais de l’autre côté, sur Kerouac. Sourire aux lèvres, il se lance dans le défi insensé de traverser la foule jusqu’à la régie… Avant de faire exploser des confettis du haut de la régie et de retraverser, cette fois-ci sur les épaules d’un vigile. Impressionnant.
C’est au tour de la tête d’affiche de la soirée. Les Arctic Monkeys balancent Do I wanna know ? d’entrée de jeu. La foule s’enflamme aux premiers riffs et les pogos font des victimes, évacuées par la sécurité. La setlist est un excellent mélange d’anciens morceaux et de titres du dernier album. Alex Turner est impérial et joue à fond la carte du charme, à coup de déhanchés rageurs. Difficile de ne pas garder en tête la puissance des riffs ravageurs de R U mine ? à la fin du concert, qu’on a d’ailleurs l’impression de ne pas avoir vu passer. Les Arctic Monkeys viennent de donner une bonne grosse dose de rock à une plaine conquise.

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Dimanche
Épuisés par une fin de soirée totalement déjantée grâce à la débauche d »énergie habituelle de Shaka Ponk, c’est en douceur que les festivaliers débutent le quatrième et dernier jour du festival. Yodelice à la charge de commencer et il y met du cœur, « très content d’être là », comme il le souligne. Plus que de mettre dans l’ambiance les festivaliers à peine arrivés, il les embarquent avec lui. De l’autre côté, la scène Graal propose un plateau exclusivement rock et c’est l’occasion de découvrir les anglais de Traams qui font résonner leur gros rock dans une prairie clairsemée, un peu dans le dur en ce dernier jour. Ça rock nettement moins du côté de Glenmor, où Christophe, l’interprète d’Aline, seul en scène, se lance dans des balades au synthé et endort les plus fatigués. Sur la scène Kerouac, Etienne Daho, le rennais, démarre son concert. Évidemment en terrain conquis, il sera vivement applaudi par la foule à l’issue d’un set composé de morceaux de son dernier album et des titres qui ont marqué sa carrière. Retour à Graal, où le plateau rock se poursuit avec les Nantais de Von Pariahs. Pendant ce temps, Lily Allen, dans une tenue très (trop) courte, a investi Glenmor. Lorsqu’elle lance son fameux Fuck You, une marée de doigts d’honneur se lève… Ce qui fait minauder l’anglaise, un peu agaçante, mais dont la voix est plutôt jolie. Sa pop édulcorée finira par faire gentiment jumper la foule, qui s’amenuise à mesure que les heures défilent. Après elle, on attendait Miles Kane sur la scène Graal, mais, malade, l’Anglais a déclaré forfait. Au même moment, Kavinsky entame son set sur Kerouac et transforme le haut de la plaine en dancefloor géant. Après quatre jours de musique, c’est à Thirty Seconds to Mars et son leader, l’oscarisé Jared Leto que revient la tâche de clôturer le festival. Et ils le font parfaitement bien. Jared Leto (dont la ressemblance avec Jésus est troublante) fait chanter la foule sur laquelle tombent des ballons de couleurs géants, parle de la Bretagne et des Bretons (succès garanti), court dans tous les sens et finit par faire monter une bonne centaine de fans avec lui sur scène (du jamais vu). Et c’est ainsi que se termine cette 23è édition du festival, qui a vu en quatre jours défiler des artistes de tous horizons et qui a surtout su convaincre les festivaliers.

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C’est sûr, les Vieilles Charrues représente le plus gros festival de France en terme de chiffres. Mais ceux qui l’ont vécu savent que c’est c’est aussi l’un des meilleurs festivals français.

Article : Manuella Binet

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