Que faire en cette veille de départ en vacances ? Me reposer ? Bien sûr que non ! C’est vendredi et il va de soi que ce doit être une soirée rock’n’roll. Dilemme… Aller à Thionville voir Full Throttle Baby et Scavenger au Shamrock ou assister au concert à La Chaouée d’Averysadstory, Boar et Toledo. C’est cornélien comme choix et je décide de tenter le grand chelem. Une nuit, deux concerts, cinq groupes pour clore cette première semaine de vacances. Quoi de mieux ?
Après un shooting l’après-midi, direction Metz pour assister au début du premier concert, initialement prévu à 20h. Il y a beaucoup de retard quand j’arrive et jusqu’à 21h30, j’assiste surtout aux balances des trois groupes. J’en profite pour découvrir la musique de Toledo que je ne connaissais pas. Bien que peu amateur de chant féminin en association avec du metal, j’apprécie cependant ce que leur chanteuse réalise. Une voix qui ne monte pas trop dans les aigus ni un chant caverneux et qui ne dénote pas sur des compos définitivement metal. Je profite bien de l’instant car j’ai bien compris que je ne pourrai voir leur set malgré le rythme effréné de mon marathon musical du jour. Après les réglages, ils laissent la place à un autre groupe strasbourgeois, Boar, que je connais depuis deux ou trois ans. Le groupe dispense un stoner bien ficelé comme je les aime et même si le chant, plus hardcore, n’est pas mon préféré, le son bien rock’n’roll me ravit à chaque fois que je les vois jouer et leur jeu est bien maîtrisé. J’ai le temps d’assister aux balances et de voir les trois premiers titres avant de filer sur Thionville rejoindre Scavenger et Full Throttle Baby. Cela fait tellement longtemps que j’attends de revoir les gars sur scène que je ne peux rater cela.
Après 30 minutes de voiture, je débarque au Shamrock qui est plein à craquer et contraste dans l’extrême avec le peu de motivation de la population messine pour les concerts à La Chaouée. On y est pourtant bien accueilli et les affiches concerts regroupent en général de très bons groupes. Nombre de ceux que je connais y sont déjà passés. Scavenger, qui a remplacé au pied levé Spark Gap et Butcher’s Rodeo initialement prévus sur cette date, vient de commencer son set et bien qu’une partie du public soit à l’extérieur pour fumer, les allers-retours sont incessants et tous viennent se délecter de leur musique. Les locaux sont à fond, concentrés et maîtrisent leur sujet. Bon choix de l’organisateur pour chauffer la salle pour les Full Throttle Baby. Les deux Juliens aux guitare et basse et Jonathan à la batterie envoient du lourd et leurs compos, regroupées dans leur album Here We Are, me font penser à d’illustres groupes, oscillant entre du bon rock’n’roll à la Bukowski et un son plus punk à la Green Day. On retrouve chez ces amoureux de Nirvana, des Foo Fighters ou encore de Queen of The Stone Age, un joli mélange de toutes leurs influences et c’est du pur bonheur.
Ils laissent alors la place aux Full Throttle Baby. Comment ça ? Qu’entends-je ? Vous ne connaissez pas Full Throttle Baby ? Aucune idée de qui ils peuvent être ? Si je vous dis Bukowski, cela vous parle-t-il plus ? Ah, je préfère. En effet, Full Throttle Baby est le projet parallèle de Julien, le bassiste de Buko. Souhaitant s’évader un peu et retrouver la joie des pubs, des antres sombres sentant la sueur et le jack, il a monté ce second projet avec Jeremy Delamotte à la guitare, Alexis Soliveaux à la basse et Timon Stobart à la batterie. Ce dernier vient d’ailleurs de rejoindre les frangins Dottel et Fred au sein de Bukowski pour la réalisation de leur quatrième album et les concerts futurs. Ce concert est de la pure tuerie. Julien est intenable au chant et saute littéralement dans le Shamrock. Il n’hésite pas à grimper sur les tables, passant de l’une à l’autre, harangue le public, glisse, saute, et fait retentir sa voix au timbre parfait pour ce rock’n’roll qui rappelle les premières heures du genre. Même ses rires que l’on retrouve sur leurs deux EPs (un noir et un rouge, 5 titres chacun) sonne juste et sont du meilleur effet. Si vous fermez les yeux, il est à parier que vous sentirez l’odeur des cuirs et de l’huile des concentres de bikers qui se mêlent avec le Jack Daniels ou quelque autre breuvage apprécié autant des riders que des rockeurs. Alors que les zicos tirent de leurs instruments riffs et autres sons de caisse, assénés avec force, Julien se paie le luxe d’organiser, par deux fois, en plein cœur du bar, un wall of death qui ravit les spectateurs. Ce concert est un succès, on ne peut le nier et je ne regrette aucunement les kilomètres réalisés depuis ce matin.
Après avoir récupéré les albums et EPs des deux groupes et récolté moult dédicaces, il est temps de tirer ma révérence et de retourner à la Chaouée en espérant pouvoir assister à quelques titres d’Averysadstory. J’arrive vers minuit et ai la chance, en effet, de pouvoir écouter pas loin de cinq titres du groupes dont une inédite. Le public entre temps a quelque peu gonflé et se masse à proximité de la scène. Le caveau étant assez réduit, nul besoin d’avoir des centaines de personnes et leur présence doit rasséréner les musiciens qui se démènent sur scène. J’arrive pile pour leur hymne, Heavy Bridge et quatre autres titres Meet The Train, Tool of Death, nouveau morceau super entraînant, Chainsaw Love Talking et un petit inédit, The Badger, jusque-là jamais joué sur scène… Du pur bonheur en somme ces trente minutes de concert auxquels le retard me permet tout de même d’assister. Il ne me reste alors plus qu’à rentrer et me reposer quelques heures avant le grand départ. Quoi de mieux pour emporter une bonne dose de sérénité en vacances qu’une bonne soirée rock n’roll ?
Article et photos : Cédric Mathias