Live Report : Steven Wilson – Transbordeur (Lyon) – 5 novembre 2013

Rencontre musicale loin de nos bases avec le concert de Steven Wilson, créateur de Porcupine Tree. Rendez-vous était pris au Transbordeur, non loin de Lyon, ce 5 novembre 2013.

 En Mars 2013 débuta une tournée quasi mondiale, soit quelques 6 mois après l’enregistrement de l’album.

Le concert de Villeurbanne du 05 novembre 2013 fait partie de cette tournée. Après 5 heures de route sous une pluie battante, me voici avec mon appareil photo, à 19h00 devant les portes du Transbordeur encore fermées. Déjà les inconditionnels sont là, pour se mettre dans l’ambiance. Je m’allume une cigarette, je m’approche et je prends part aux discussions en cours. Les afficionados connaissent la carrière de Steven par cœur et attendent beaucoup de cette soirée. De tels fans, ça se mérite. Ils sont au niveau de leur idole. Sans aucun doute. Il y a là des musiciens, des photographes, des écrivains, des passionnés. Rien que cette demi-heure passée à attendre sous cette pluie obstinée vaut son pesant d’or, tellement les discussions furent riches. Les lumières s’allument. Le service d’ordre se met en rang. On va pouvoir entrer dans le panthéon et enfin goûter à l’elixir que Monsieur Wilson voudra bien nous servir ce soir.


Une fois dans la salle, je me retrouve au pied de la scène, dans l’espace réservé aux photographes, et salue mes confrères d’un soir. Comme d’habitude, je m’intéresse au public, et je converse avec les gens autour de moi. Décidément , il n’y aura que des passionnés ce soir. Steven n’a qu’à bien se tenir. Car ils en veulent, beaucoup… Et bien, personne ne le sait encore à ce moment, mais on va être servi, royalement.
Vingt heures, débute un film d’une dizaine de minutes, sorte de prélude au concert, puis Steven entre sur scène, seul, fidèle à son habitude, pieds nus et plein d’humilité, avec sa guitare acoustique. Le son est déjà géant. Ce sont les grands orgues. La foule s’agite, applaudit avec un immense respect, cet artiste tellement grand. Fin du premier morceau, le reste du groupe fait son entrée. C’est partie pour 2 heures de show bien remplies.

A l’image de sa carrière, Steven Wilson n’a pas été avare lors de ce concert. Il nous a inondés avec le meilleur de sa production actuelle. Jugez plutôt : l’intégralité du 3éme album, des extraits du premier album Insurgentes (Harmony Korine) et du second Grace for Drawning, plus deux morceaux inédits dont Happy Returns en rappel, qui a de bonne chance de figurer sur le 4éme opus, (Une méthode similaire avait été adoptée pour Luminol lors de la tournée Grace For Drawning), et, cerise sur le gâteau, nous avons eu droit au très ancien et sublime Radioactive Toy, faisant partie du répertoire de Porcupine Tree.
Ce concert fut éblouissant. Quand cela frise la perfection, les superlatifs deviennent difficiles à trouver. C’est exactement ce que je ressens à l’écriture de cet article qui ne sera jamais aussi bon que la musique de Steven que je suis en train d’écouter.


Le son était excellent, la prestation des musiciens, parfaite. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement ! Pour s’en convaincre jetons un coup d’œil au line-up :

Nick Beggs : Bass, Stick Chapman
Guthrie Govan : Guitars
Chad Wackerman : Drums
Theo Travis : Sax, Flute, Keyboards
Adam Holzman : Keyboards, Mellotron

Tous ces musiciens sont exceptionnels. Pour mémoire, Holzman joua naguère avec Miles Davis, et Chad Wackerman fournissait en son temps la grande majorité des rythmes sur la production pléthorique d’un autre génie du rock : Frank Zappa. Guthrie Govan mérite très largement sa place au firmament des guitar-heroes, Nick Beggs joue aussi bien du Chapman’s Stick que de la basse, c’est peu dire. Quant à Theo Travis, il est inutile de le présenter, tellement sa carrière est brillante. Comment être déçu ? C’est impossible lorsque l’on voyage avec ce beau monde.

Ainsi, en plus d’être un compositeur génial, un musicien d’exception, un ingénieur du son parmi les meilleurs et un producteur avisé, cet artiste tellement bluffant qu’est Steven Wilson sait choisir et s’entourer des musiciens parmi les plus talentueux que la planète rock porte en ce moment. (ces propos n’engagent que leur auteur ! ;) ndlr)

Vous l’aurez compris. En tant qu’inconditionnel de l’artiste, mes attentes vis-à-vis de ce concert étaient énormes. La magie a opéré, une fois de plus. Avec plus d’une centaine de concerts au compteur, ces messieurs sont capables de prendre un plaisir intense sur scène, laissant croire au public, que pour eux aussi cette soirée fut unique. Aucune lassitude, l’énergie est intacte. Comment font-ils pour être au top comme cela, soir après soir, pendant une tournée quasi mondiale ?
23h00. Après trois rappels, le rideau se baisse définitivement pour ce soir, tel un voile pudique sur cette musique d’une rare pureté. Chacun retourne à sa propre vie. Steven et ses acolytes vont se régénérer pour les concerts de Bordeaux et Marseille, et nous, le public, fier et heureux d’avoir côtoyé durant 2 heures cet homme qui nous a rempli la tête et le cœur de sa musique, nous ressortons de cette salle, certains d’avoir vécu un des grands moments de notre vie musicale.

Merci Monsieur Wilson pour ces moments magiques.

Article et photos : Manu D’Andréa

Quelques éléments biographiques concernant la vie de Steven Wilson :

Steven Wilson : Guitars, Vocals, Bass, Keyboards
Né en Grande-Bretagne en 1967.
Elevé au rock progressif des seventies.
Débute la musique à l’âge de 8 ans
Commence à créer à l’âge de 14 ans.
Premiers enregistrements connus à 16 ans (le groupe s’appelait « Karma »)
Les premières bandes démo apparaissent dans le milieu des années 80.

Steven crée de toutes pièces le groupe Porcupine Tree qui est en fait un groupe « virtuel » puisque c’est lui qui enregistre tous les instruments par le procédé des « overdubs ».

Porcupine Tree devient officiellement un groupe à la fin des années 80. La production discographique compte actuellement plus de 16 albums dont 2 lives («Coma Divine » et « Octane Twisted »).

Les influences sont nettement rock progressif : Pink Floyd (« Dark Side of the Moon »), King Crimson, Jethro Tull, Genesis, etc…
Parallèlement, Steven fut le binôme de Tim Bowness dans No-man, de Aviv Geffen dans Blackfield, de Mike Arkenfelt dans le fameux « Storm corrosion »

Il donne également dans la musique expérimentale avec son projet Bass Communion (au moins 8 albums) et produit un certain nombre d’albums avec des artistes très divers tels que Opeth (metal prog) et Anja Garbarek.

A partir de 2009, Wilson assume complètement son statut de leader du prog rock anglais et se lance dans une carrière solo époustouflante.
Après deux magnifiques premiers opus (« Insurgentes » en 2009 et « Grace for Drawning » en 2011), arrive « The Raven that Refused to sing » début 2013.

Ce 3éme album est le projet le plus ambitieux de Steven à ce jour. L’avis de la presse et du public est unanime. C’est une perle. Le très convoité « Progressive Music Awards 2013 », lui sera décerné.

La musique de Sir Steven Wilson pourrait être qualifiée de noire et mélancolique. Les thèmes abordés dans les morceaux font souvent référence à la mort, à des êtres disparus dans des conditions tragiques, etc. Le tableau est très sombre, comme en témoigne les films et les images réalisées autour des projets de Steven, notamment par Lasse Hoile, ou Jess Hope (film d’animation de « Drive Home »).
Ce concept est servi par une musique technique et abordable, à la fois, fine, subtile, énergique et qui sait aussi parfois se montrer brutale. A l’instar de « Drive Home », les mélodies sont pleines de grâce. Elles sont l’œuvre d’un génie doué d’une très forte sensibilité. Pour Steven, l’essentiel est de faire passer une émotion, comme le ferait un peintre à travers ses toiles. On n’est pas très loin du concept de musique descriptive, comme les poèmes symphoniques des grands maître du classique tels que « La Danse Macabre » de Camille Saint-Saens.

L’album fut enregistré en une semaine en septembre 2012 dans un des plus grands studios de la planète à Los Angeles, par les musiciens qui partagent la scène avec Steven lors de sa tournée. Alan Parsons, génial ingénieur du son de, entre autres, l’ album « Dark Side of The Moon » de Pink Floyd ou encore «Abbey Road » des Beatles, apportera sa contribution en prenant les manettes de la console au studio.

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