Live Report – Pierrick Pédron – Nancy Jazz Pulsations 2012

Pour ce concert de Pierrick Pédron à la Manufacture de Nancy, le Magazine Karma innove une fois encore (belle façon de présenter les choses) en envoyant un oeil éclairé et complètement dépourvu d’expérience en matière de jazz suivre… un concert de jazz ! Étonnement (ou non !), le test, positif, valide une fois de plus une belle idée du festival Nancy Jazz Pulsations !

Vous n’y connaissez rien au jazz ? Pas de panique, moi non plus, et j’ai testé pour vous.

En feuilletant le programme des Nancy Jazz Pulsations, mon regard est resté scotché sur un encart au titre de fifou : Perrick Pédron Cheerleaders + Limousine + Yodh Warong, « une bande-son supersonique, une suite de neuf morceaux racontant les tourments de la vie d’une majorette ». Comme j’ai une légère tendance à synthétiser comme ça m’arrange, il a fallu moins de cinq secondes à mon esprit torturé pour imaginer  ceci : une troupe de majorettes dansant sur une limousine, dont la nouvelle recrue, Kimberly (pourquoi pas ?) voyait son destin tragique narré par Morgan Freeman entre deux chansons by Marcel et son orchestre-de-jazz. Parce que bon, c’était bien précisé, que c’était du jazz, genre qui, malgré ma curiosité musicale, m’a toujours laissée un peu hermétique. Mais même en tant que profane, un programme pareil ne pouvait que m’enthousiasmer. N’écoutant que ma stupide obstination, je tannais notre rédac chef pour écrire un article sur ce formidable évènement, la tête pleine de twirling bâton et de saltos arrière. J’aurais dû remarquer son regard inquiet.

Limousine / Yodh Warong – Photo : Dominique Ferveur

Parce qu’il n’y avait ni cheerleaders, ni limousine (ah bon, vous vous y attendiez ?). Je me retrouvais face à un vrai concert de jazz. Des musiciens, et voilà. Passée la frustration, l’humilité et la curiosité ont pris le dessus. Soyons honnêtes, même si je n’ai pas un seul CD de jazz pour vanter ma sophistication musicale, c’est un genre qui intrigue tous ceux qui n’y connaissent rien. Et si vous n’y connaissez rien non plus, n’arrêtez pas votre lecture ici, car il y a une chose à savoir à propos de Pierrick Pédron, et probablement du jazz en général : non, ce n’est pas de la musique chiante uniquement accessible aux types qui portent des chapeaux et parlent de saxophonistes décédés depuis longtemps. Le jazz, c’est accessible et c’est bien, même très bien. Voilà pourquoi.

Certes, il n’y avait pas Morgan Freeman, et certes, les chansons n’ont pas la narrativité habituelle faute de paroles. C’est probablement ce qui m’a le plus manqué, et au final ce qui m’a le plus plu. Oyez, profanes du jazz, ce genre jouit d’une narration par la musique comme on peut rarement en entendre. L’histoire sans mots de cette cheerleader se construit aisément via les mélodies des cinq musiciens. Tantôt épique, tantôt mélancolique, souvent sombre, le concert a fait office de véritable film sans images. Pas besoin de beaucoup d’imagination pour apprécier la musique, qui bien que parfois très technique, impose une ambiance en seulement quelques notes. L’idée de raconter une histoire uniquement via l’instrument n’est pas sans rappeler certains pans de la musique classique et cette idée remise au goût du jour, culottée et bien menée, a prouvé que le concept fonctionne toujours.

Pierrick Pédron – Photo : Dominique Ferveur

Addendum à l’attention des musiciens divers : la formation de Limousine et ses invités sait utiliser l’expérimentation musicale à bon escient et leur créativité a ajouté une touche bien agréable au concert. Le thaïlandais Yodh Warong et ses instruments venus d’Asie en ont étonné plus d’un, tant par leurs formes inhabituelles que par leurs sonorités douces et parfois mystiques. Une excellente idée de partenariat qui nous permet de découvrir la culture musicale du sud-est asiatique, et raviverait certainement l’inspiration de musiciens en manque de nouveauté.

Alors le jazz, non, je n’y connais toujours pas grand-chose. Mais j’ai trouvé bien assez de qualités à ce concert pour oublier tous mes aprioris sur le genre. Avis de profane donné à ses collègues : vous pensez ne pas aimer le jazz ? Pas sûr. Les NJP restent l’occasion parfaite pour découvrir ce genre peu ou mal connu, et je vous invite à aller faire un tour aux apéro jazz organisés par le festival jusqu’au 20 octobre, pour vous faire une idée par vous-même. Quelque chose me dit que vous serez agréablement surpris…

Article : Marine Pellarin

 

Composition Limousine :

Laurent BARDAINE :  saxophone
Frédéric SOULARD : claviers
David AKNIN : batterie
Maxime DELPIERRE : guitare
Yodh WARONG : ponlang, pin, khaen

Composition Pierrick Pédron :

Pierrick PEDRON :  Saxophone
Chris DE PAUW : Guitare
Laurent COQ : Fender Rhodes
Vincent ARTAUD : basse
Fabrice MOREAU : batterie

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