Live Report : Pierre Lapointe – Olympia (Paris) – 29 janvier 2014
Nous avons accepté l’aventure Pierre Lapointe, le 29 janvier dernier à l’Olympia au coeur de Paris et c’est non sans un certain contentement que l’on accueille volontiers ce spectacle à mi chemin entre le concert et le one man show. Pierre Lapointe a aussi répondu à nos questions avec entrain. Mais d’abord, quelques informations qu’il est bon de savoir si vous souhaitez aller voir ce drôle d’oiseau en concert.
Pierre Lapointe est de ces artistes qui ont en eux un Docteur Jekyll et un Mister Hyde : une facette sombre et une facette radieuse réunies en un personnage. Nous voilà transportés d’un côté et de l’autre tout au long de son concert.
Au début, la foule est en délire. Manifestement, le Québécois a bien réussi à fédérer son public en France. Les projecteurs sont braqués sur lui. Il s’empare alors de son sourire malicieux et de son micro : « on se calme ! » nous clame-t-il ironiquement. Un geste de la main vient atténuer les cris des spectateurs et signifie leurs excès en matière d’ovation. La salle s’esclaffe. Dès cette première phrase, elle ne s’arrête plus de rire, jusqu’à la fin.
Pierre Lapointe joue la carte de la prétention, du mec qui se prend très au sérieux et qui vit des choses hors norme, tout en cassant cette image avec le sabre de l’autodérision. Par exemple, il nous parle beaucoup d’amour et de désamour mais aussi beaucoup de sexe. Sans retenue, aucune, il justifie cela par la réalisation d’une étude marketing de son initiative qui certifierait une vente exponentielle de ses CD à l’évocation d’un tel sujet. Que vos oreilles chastes n’en soient pas trop offusquées.
Mais, alors qu’il nous entraîne dans ses drôles d’histoires, ses chansons viennent ponctuer ces hilarantes interventions et nous découvrons la facette mélancolique du personnage, celle qui vient toucher notre part émotionnelle et sensible, qui nous met face à nous-même. Derrière ses notes de bonheur, se cachent alors des vérités, parfois plus cruelles… Il porte le tout avec un timbre très agréable, une voix portante et un vibrato particulier. Très appréciable, notamment pour les chanteurs.
Nous n’avons pas de doute sur son appartenance aux têtes d’affiche de la scène francophone. La salle est d’ailleurs en émoi lorsqu’il cite Delerm, Barbara ou Fersen, mais elle s’extasie d’avantage lorsqu’une visite impromptue vient égayer le flot du show : Mathieu Chedid en personne débarque sur scène avec sa guitare et sa coupe fétiche. On ne peut s’empêcher de les imaginer l’après-midi même au téléphone « Hé, Mathieu, je passe à l’Olympia ce soir, ça te dirait de faire un saut ? » « Ouais, ça roule, je ramène la gratte, on va bien se poiler ! ». Le duo franco-québécois nous fait alors l’honneur de quelques morceaux sympathiquement interprétés. Nous sommes aux anges.
Puis, Pierre Lapointe finit solitaire devant le piano à queue et nous joue la chanson C’est extra de Léo Ferré. Cette touche finale nous ramène à la profondeur du personnage, à notre profondeur à nous, on quitte l’Olympia un brin nostalgique mais avec le sourire.
Article : Lucile Bitan
Photos : Ben Zorrilla