Live Report – Marcus Miller – Nancy Jazz Pulsations 2012
Le 20 Octobre marquait la clôture de l’édition 2012 des Nancy Jazz Pulsations, au programme bien évidemment, du jazz et l’ambition de finir en apothéose, avec le concert du grand Marcus Miller.
Ce soir, le Chapiteau affiche complet et c’est face à une foule compacte que Guillaume Perret & The Electric Epic ouvrent la soirée. Le groupe, simplement étiqueté « Jazz » dans les articles de promotion du concert va se montrer des plus surprenants. C’est en réalité du Jazz-Fusion poussé dans ses retranchements qui occupera nos oreilles pour l’heure à suivre. Guillaume Perret envahit l’avant scène avec brio, armé de son saxo, mais surtout d’un rack de pédales à effets qui ferait pâlir bon nombre de guitaristes. Effectivement, le musicien est un « chercheur de sons », il module et façonne les notes pour leur donner des aspects imprévisibles.
Le groupe ne restera pas longtemps dans le registre du jazz classique et ira bien vite tutoyer les sonorités funky et rock voir par moment métal (quelques morceaux m’ont rappelé du Rage Against The Machine par exemple). Une belle prestation à mes yeux, mais qui n’aura pas été au goût de tous. J’ai pu apercevoir quelques regards surpris suivis parfois de « mais, ils font n’importe quoi ! ». Cependant les applaudissements ne trompent pas et la foule toujours nombreuse à la fin du set semble être convertie.
Mike Stern & Didier Lockwood Band feat. Alain Caron & Lionel Cordew sont les suivants. Une belle énumération qui arrive sur scène avec de larges sourires sous les acclamations du public. Les musiciens dont le talent n’est plus à prouver nous emportent dans leur univers grâce à des morceaux longs, si bien que la foule observe un silence quasi religieux. Sur scène, la bonne ambiance règne, on perçoit des regards complices et Mike Stern est hilare lorsqu’il fait des signes au public entre deux riffs. De son côté Lockwood joue avec tant d’énergie qu’il endommage son archet.
La prestation que je trouvais parfaite lors des premiers morceaux va pourtant perdre de sa superbe. Le concert se transforme rapidement en concours de solos entre Stern et Lockwood qui se regardent tour à tour jouer tandis que Caron, qui doit lui aussi avoir des choses à montrer avec sa basse 6 cordes fretless et Cordew (batteur), devenus spectateurs restent en retrait. A mon regret, on s’éloigne du jazz pour s’enfoncer dans la performance, bien que les deux musiciens soient excellents, ce n’est pas ce que j’attendais.
Les derniers morceaux marquent un retour à la musique en groupe, mais l’ensemble me laisse sur ma faim.
L’ultime set de la soirée sera celui de Marcus Miller et ses musiciens. Difficile pour un fan comme moi de ne pas être émerveillé alors que l’on installe sur scène les 4 basses du virtuose. Miller, lui même, vient, en français, présenter son groupe au public avant d’entamer le premier morceau en compagnie du pianiste et du batteur, vite rejoints par un saxophoniste et un trompettiste. On sent durant les premiers morceaux que le groupe cherche à « se mettre dedans », tout le monde reste immobile, les yeux fermés. La concentration règne. En revanche, une fois la machine lancée, c’est un véritable festival sur scène. Les solos de basse laissent place à des solos de saxophone, suivis par une batterie tonitruante… En bref, contrairement au Mike Stern & Didier Lockwood Band, tout le monde met sa pierre à l’édifice. Miller sera même relégué, sourire aux lèvres, à un simple riff, le temps d’un morceau, pour faire valoir un duel entre cuivres et guitare.
Le spectacle continue de surprendre lorsque Marcus Miller prend quelques minutes pour raconter, toujours en français, la visite qu’il a faite de l’ile de Gorée au Sénégal et de la maison des esclaves, lors d’une tournée. Il déclare avoir composé le morceau « Gorée » pour raconter ce que ce lieu avait évoqué pour lui avant de s’emparer d’une clarinette basse pour jouer ledit morceau.
S’en suivront quelques rappels avant qu’un rendez vous ne soit donné entre deux salves d’applaudissements, au stand merchandising pour une séance de dédicaces.
Article : Matthieu Henkinet