Live Report – Erik Truffaz – Olympia (Paris) – 4 avril 2013
Le trompettiste Erik Truffaz donnait ce 6 avril 2013 une représentation unique en son genre (ou presque) à l’Olympia à Paris, emmenant avec lui son quartet bien rodé pour une tournée alléchante. L’heure était enfin venue de contempler les talents d’un des princes actuels du jazz.
Erik Truffaz fait parti d’une collection de noms que je traîne depuis bien des années, entre un morceau de flûte traversière et la découverte d’une batterie. Voilà que se présentait enfin à moi la possibilité d’assister à un des concerts du maître.
Devant le fronton de l’Olympia de l’ami Bruno peinturluré des habituelles lettres rouges du grand nom du soir, se massent une foule conséquente. Il semble que je ne sois pas le seul à m’être dit que Erik Truffaz en sortie du samedi soir n’était pas foncièrement une mauvaise idée en soi ! Une fois à l’intérieur, je me rends même compte que le lieu est plein à craquer, effervescent à l’idée de contempler les prodiges des quatre talentueux musiciens.
Un peu plus de 21h, les lumières s’éteignent enfin et quelques guirlandes de petites loupiottes incandescentes prennent alors le relai. Dans cette quasi pénombre, quatre silhouettes se glissent à leurs postes. Presque sans un bruit, chacun s’empare de son arme, cajolant son bijou dans l’idée d’en procurer le meilleur. Le public attend, retient son souffle et contemple.
Dès les premières notes, l’envolée est certaine. Erik Truffaz maîtrise son sujet jusqu’au bout des lèvres et s’ingénie à faire de chaque mouvement une pantomime. Les notes, fluides, coulent dans un ensemble régulier, ponctué par quelques salves d’applaudissements à chaque espièglerie d’un des musiciens.
D’une voix douce et profonde, Erik Truffaz présente les morceaux, sobrement, sans grand besoin de conter d’histoires. La musique s’en charge. Improvisations et soli rythment la soirée et contrebalancent avec des moments plus calmes, où le jazz se fait roi.
Surgit au détour de deux compositions la chanteuse Anna Aaron, présente sur le dernier album du trompettiste, El Tiempo de la Revolucion, venue interpréter les titres en question dans une reproduction plus vraie que nature. La voix cristalline et enchanteresse enveloppe la salle d’une aura féerique Le quartet achèvera son monde après une coupure infime, servant en rappel plus de 25 minutes de musique palpitante, les partitions de batterie de Marc Erbetta n’ayant d’égal que la virtuosité du bassiste Marcello Giuliani ou le pianiste Benoît Corboz. Erik Truffaz, à la baguette, veille au bon déroulement des opérations, jusqu’à l’heure où chacun regagne dans le calme sa petite vie, des étoiles plein les yeux.
Article : Ugo Schimizzi