Live Report : Arctic Monkeys – Les Arènes (Metz) – 08 février 2012

Retour sur la prestation des Arctic Monkeys aux Arènes de Metz, avec Miles Kane en première partie.

[Par souci d’équité vis-à-vis de la gent masculine, minoritaire mais présente à ce concert, j’équilibrerai ma review avec les précieux commentaires d’un enthousiaste jeune homme qui m’a évité le décès par écrasement ce soir-là. Pour plus de commodité, et parce que je n’ai aucune idée de son nom, nous l’appellerons Bob.]

Metz, 8 février 2012 : une date à marquer d’une pierre blanche. Non seulement parce que les orteils des impatients massés devant les Arènes se souviendront des -11°, mais surtout parce que les Britons d’Arctic Monkeys sont là. Parmi les 4 dates annoncées en province, le choix des Arènes prouve bien que les grands noms de la musique internationale retrouvent un intérêt justifié pour la Lorraine. Retour sur un concert qui valait indéniablement quelques engelures.
Qui c’est déjà ?

Arctic Monkeys, ce sont les rois du rock anglais actuel et des albums qui se suivent sans se ressembler, dont le petit dernier « Suck it and See » est acclamé par les fans comme étant celui de la maturité. Et à la tête des rois, le leader charismatique Alex Turner, dont la banane (les cheveux. Les cheveux.) et le cuir ont comme souvent rameuté un public à majorité féminine, déjà frétillant bien avant la première partie assurée par Miles Kane. Qui ça ?

Miles Kane, c’est le frère de cœur d’Alex Turner, qui se lance en solo avec son album « Colour of the Trap ». (Les deux compères ont également à leur actif un album délicieux, The Last Shadow Puppets, que je ne peux que vous encourager à découvrir.) Autant dire que le choix de la première partie n’avait rien d’hasardeux et laissait présager du duo pendant le concert. Surtout que Miles Kane, il ne tient pas en place.

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MILES KANE
Moves like Jagger

Les Cactus résonnent dans les Arènes, et Miles Kane entre en scène. Costume rouge, le sourire banane, le grand fan de Dutronc déclenche des pogos en une minute. Accrochez-vous à votre Ventoline, il a l’air très gentil, à causer avec le public, mais il déborde d’énergie. J’avais trouvé les singles de son album un peu gentillets, j’ai vite changé d’avis grâce à sa prestation live plus qu’enthousiaste qui a mis le feu à la salle. Malgré ses 25 ans, on sent toute l’histoire du rock anglais dans son jeu de scène : ça bondit, ça crie, ça se roule par terre… Il reprend Dutronc en anglais avec une sincérité et un style fous. Et ses chansons à lui, très rock’n’roll, ont vite conquis tout ceux qui, autour de moi, ne le connaissaient pas encore. Avec des sourires jusqu’aux oreilles et une bonne couche de sueur sur le visage, ils le qualifient de « cinglé » quand il sort de scène, et crient déjà pour le faire revenir.

La phrase de Bob : « Oulala il envoie du paté l’englische, t’as vu comme il a violé sa gratte ? »

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ARCTIC MONKEYS

« Lundi, mardi, mercredi, jeudi… » Il aime la France, Alex Turner, et elle le lui rend bien. Il sort de l’ombre avec un nouveau look à la James Dean, et même si on lui connaît déjà un caractère plus timide, le contraste avec Miles Kane saute aux yeux. Mais le public ne s’y attarde pas, ravi d’entendre un Don’t sit down cause I moved your chair sombre et profond qui offre une très bonne ouverture toute en finesse. Ça change du punchy Brianstorm, qui jusque là offrait des ouvertures « explosives » aux concerts des tournées précédentes. Et de la finesse, il y en a ! Le choix de la setlist, très équilibrée entre les différents albums, est révélateur d’une belle construction pour la soirée ; on ressort Teddy Picker, satyre brillante et entraînante trop peu connue, fait languir avant de sortir les singles attendus… L’excellent Library Pictures reçoit un accueil triomphal et arrache des sourires au chanteur, généralement peu démonstratif. Et Alex rame avec sa guitare, kung-fu fighte dans le vide, entraîné par le kamoulox des paroles qui lui montent un jeu de scène un peu moins sobre.

La phrase de Bob : (cris et gémissements)

Bang ba-bang, go !

… Jusqu’au climax. (oui oui la connotation sexuelle est bien là, ça me fait plaisir.) Je vous parlais du choix de la setlist : l’enchaînement I bet that you look good on the Dancefloor / The view from the afternoon / Brianstorm a fait quelques morts, de fatigue et de plaisir. Les survivants encore hébétés ont pu suivre le duo tant attendu Turner/Kane sur Wirral Riddler, une B-Side bien appréciable en live, où Kane a pu encore montrer son énergie débordante et une bonne alchimie avec Alex Turner. Néanmoins, sachant que The Last Shadow Puppets ont annoncé un nouvel album pour fin 2012, je faisais partie de ceux qui attendaient un titre du duo, et fantasmaient sur un orchestre à cordes caché derrière la scène, de la lumière tamisée et des regards langoureux. Il a donc fallu lutter contre la déception pour apprécier la prestation.

La phrase de Bob : « Mais euh je voulais Mai miss steak were made foyou, moi ! »

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New born batteur

Quand on parle d’Arctic Monkeys, c’est bien souvent Alex Turner, parolier et compositeur du groupe, qui est mis en avant. Alors quand commence Brick by Brick, premier single de « Suck it and See » où le batteur Matt Helders chante, entendre Alex Turner le présenter, c’est comme une découverte. Matt Helders réhabilité en tant que musicien qui a un nom, c’est réjouissant. D’autant plus qu’il le mérite amplement : le bonhomme a de la fougue à revendre et ne peine pas à allier le chant et la batterie, exercice qui a pourtant l’air de demander dix ans d’expérience au Cirque du Soleil. La prochaine fois que je jouerai au Burger Quiz et que je tomberai sur la question « un chanteur-batteur qui finit par « ins », je dirai Matt Helders-ins.

La phrase de Bob : « Regarde c’est dingue quand il tape il SOURIT. Hein ? Hein ? »

Un Still take you home bondissant, un Evil Twin tout nouveau tout frais, un déchirant Do me a favour… Le concert s’enchaîne avec toujours l’enthousiasme du public, qui au grand plaisir du groupe, connaît par cœur la dernière et très ancienne When the sun goes down.

On ne crie pas très longtemps avant de les voir revenir sur scène pour le traditionnel mais toujours aussi entraînant Fluorescent Adolescent, repris en chœur par le public encore hypnotisé. Et comme le veut la légende, quand Miles est là, Miles joue sur 505, la grande et belle dernière, le bijou d’Arctic Monkeys, la chanson qui me fait oublier que je suis là en tant que presse et me fait pleurer comme une chochotte.

Et là, paf, pastèque, la déception. Un Miles Kane encore surchauffé qui joue de la pédale plus que de la gratte avec un sourire géant, c’est comme avoir Coluche à un enterrement : c’est fatal. Émotion coupée en plein vol, je reste perplexe et contrariée, pas convaincue par cette conclusion. Et puis finalement je souris bêtement en voyant le bras d’Alex passer autour des épaules de Miles quand ils sortent de scène, et, je le jure devant les toms de Matt, lui coller un bisou sur la tempe en disparaissant dans les coulisses. La bromance est sauve.

La phrase de Bob : « ALLLEEEEX !! AAAAAAAAAH »

Comment ça c’est finiiiiii ?

Les Monkeys ont choisi leurs chansons pour se faire plaisir, ça se sent et ça fonctionne : malgré la mini fausse note de la fin, le concert était une bombe lancée en pleine Lorraine, qui a bien fait fondre la neige et fait tourner les têtes. Pas besoin de fioritures ni de scénographie travaillée, même s’ils jouaient dans une cave on aurait le cerveau retourné. La tournée est bouclée, mais courrez les voir cet été en festival : Arctic Monkeys en live, c’est de la musique, et de la vraie.

Article : Marine Pellarin
Photos : Ugo Schimizzi 

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