Interview : Therapy?

Therapy? shoot 2014

Therapy? est un groupe de metal alternatif irlandais créé au début des années 1990 par Andy Cairns (chant/guitare), Fyfe Ewing (batterie) et Michael McKeegan (basse). Leurs influences vont des Stranglers à Judas Priest en passant par Hüsker Dü. Therapy? se fait connaître en Europe en 1992 grâce au single Teethgrinder présent sur leur premier album Nurse.

Le succès devient mondial en 1994 avec Troublegum, album qui contient des morceaux comme : Screamager, Nowhere, Trigger Inside, Die Laughing ou encore Isolation (reprise de Joy Division). La même année, Therapy? reprend Iron Man de Black Sabbath en compagnie d’Ozzy Osbourne sur la compilation-hommage Nativity In Black.

En 1995, Therapy? revient avec un disque plus sombre appelé Infernal Love, qui n’a pas le même succès que le précédent. Après être passé de trois à quatre membres, ils reviennent aujourd’hui à leur trio originel et avec un nouvel album appelé disquiet. Andy, un des membres fondateurs nous en parle ici.

Therapy logo

Bonjour ! Vous étiez avec Therapy? au Hellfest en 2014, mais je sais que vous faites aussi régulièrement les petites salles en France. Quelle est votre approche pour ces deux types de concerts ?
En fait cela dépend du type de festival que nous faisons. Là, comme c’était un festival plus heavy, on prépare un set de chansons plus heavy. En principe, nous connaissons les chansons qui fonctionnent dans les différents pays, donc on essaie d’ajouter la setlist à chaque fois. Sur un festival, la variété de chansons sera toujours moins grande car nous sommes limités par le temps.

Est-ce que vous en profitez pour revoir des personnes des autres groupes lors de festivals ?
Oui, c’est vrai que c’est souvent le moment de boire des bières avec des personnes qui sont devenues des amis entre-temps. Genre Bruce Dickinson d’Iron Maiden, quand on le voit, on passe toujours un moment à discuter avec lui. J’aime aussi découvrir les groupes sur scène et voir comment ils évoluent avec le temps. Je suis devenu un grand fan de Korn et d’Electric Wizard comme ça.

Vous êtes souvent passés par la France, est-ce qu’il y a des concerts qui vous ont marqués ?
Je me souviens d’énormément de concerts à Bordeaux en 1988 par exemple, dans un petit club, ou encore à l’Élysée Montmartre. Nous étions aussi très souvent à la télé et je me souviens d’une émission de télévision appelée Taratata, où Sting était invité le même soir que nous et il a fini par nous rejoindre sur scène lors d’un de nos morceaux. On est devenu amis par la suite. Tu peux trouver l’extrait sur internet.

Comme tu parlais de Sting qui vous a rejoint sur scène et a chanté avec vous, n’as-tu jamais été impressionné par un autre artiste ?
C’est bizarre, je n’ai jamais été impressionné par les personnes connues. J’ai chanté avec Ozzy Osbourne et avec Aerosmith sans aucun problème. Par contre, je fais un vrai blocage avec les personnes que j’ai admirées toute ma vie. Il y a notamment une anecdote que j’aime bien raconter et ma femme se moque encore aujourd’hui de moi à ce sujet. Nous étions tous les deux dans un restaurant à Manchester et à la table à côté de la nôtre, il y a Peter Hook, bassiste de Joy Division. Ma femme m’a demandé d’aller lui dire bonjour. Je n’ai pas osé. Je l’ai regretté des semaines après cela ! Puis on a joué un concert dans une salle, toujours pas loin de Manchester et notre manager nous a dit que Peter Hook était dans la salle. Il voulait venir nous dire bonjour et j’étais comme congelé sur place. Je n’arrivais plus à bouger. Je pense que ça me ferait la même chose si je rencontrais les Hüsker Dü.

Vous avez eu un succès planétaire avec l’album Troublegum en 1994. Penses-tu que le public n’était pas prêt pour Infernal Love en 1995 ?
Oui, je pense que l’album était trop différent du précédent. Le public ne s’attendait pas à cela. Nous voulions être un groupe grandiose à l’époque et laisser notre empreinte dans l’histoire de la musique. Infernal Love est un album que j’adore encore écouter aujourd’hui, mais il est extrêmement mélancolique et il contient des arrangements d’instruments à cordes assez pompeux. Je ne peux pas en vouloir au public, nous avons voulu trop bien faire et surtout le faire trop vite. Nous venions de passer 9 mois sur la route et nous avions fait plusieurs tours du monde pour nos tournées. Notre label voulait un nouvel album et nous pressait pour enregistrer les morceaux le plus rapidement possible. Il aurait fallu qu’on se pose et surtout qu’on se repose avant de nous lancer à nouveau.

Cela reste un de tes regrets aujourd’hui ?
Oui, il aurait fallu que quelqu’un nous remette les pieds sur terre à ce moment-là. Nous n’écoutions personne, car nous n’avions pas le temps. A la sortie de cet album, nous avons dû perdre la moitié de nos fans en un seul instant.

Vous revenez aujourd’hui avec un nouvel album appelé disquiet qui va sortir le 23 mars 2015. Pourquoi ce titre ? Est-ce un moyen pour rompre le silence ?
En fait, l’album était prêt. Les morceaux avaient été produits et masterisés et il ne manquait plus que le titre de l’album pour envoyer les CDs à la fabrication. Sur ce, je suis allé fouiller dans mes anciennes démos et j’ai trouvé notre toute premier démo. Elle s’appellait disquiet, donc du coup je me suis dit que c’était le nom idéal. Un genre de clin d’œil original.

Therapy DISQUIET front cover

Peux-tu aussi m’expliquer la signification de cette couverture ?
Nous travaillons depuis longtemps avec un artiste qui s’appelle Nigel Rolfe. Pour Troublegum, nous avions déjà fait appel à lui et il nous a fourni une photo qu’on a utilisée pour le premier single de l’album. Nous n’intervenons pas dans son processus de création. Nous lui envoyons la musique et lui nous renvoie une photo. C’était le cas ici. Donc je ne sais pas si c’est un homme ou une femme en dessous du voile. Je ne sais pas si c’est du sang ou de la peinture rouge. Je ne sais pas ce qui figure en noir sur le mur.

Un autre grand changement est le retour au trio. Penses-tu que cela soit la formation idéale pour Therapy? ?
Absolument ! Tu sais, la sortie d’Infernal Love et le 4ème membre dans Therapy? sont les deux erreurs que je regretterai toute ma vie. Au début, tu penses que c’est rafraichissant car c’est différent, tu apprends à te connaître. Mais quand tu pars en tournée, tu découvres que c’est vraiment l’horreur. C’était un vrai cauchemar. Donc aujourd’hui on est revenu à trois et si on a besoin d’un musicien on l’appelle pour quelques concerts ou pour une session d’enregistrement. Mais c’est tout !

D’après moi, il y a pas mal de similitudes entre Troublegum et disquiet. Dans le premier, tout tourne autour d’une rage intra sec, violente et nue. Dans disquiet, la rage est toujours là, même si elle est plus contenue, plus maîtrisée. Therapy? se serait-il assagi ?
Je ne pense pas, non (rires) ! Dans ma tête, je suis toujours le même qu’il y a 20 ans. Je pense qu’on est plus conscient aujourd’hui du mal qu’on a pu faire aux autres, ce qui fait que nous sommes peut-être plus sur la réserve.

Une dernière question avant de terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
Argh ! Quand j’étais plus jeune, je détestais les Beatles. Pendant plusieurs années, je pense que ma réponse aurait été les Rolling Stones sans hésiter. Mon avis a changé le jour où j’ai acheté le « White Album ». J’ai tout de suite compris pourquoi les gens les aimaient autant. Cet album est une vraie œuvre d’art et tous les morceaux sont tellement différents, c’est incroyable. Il est blanc mais il a un côté très noir et très sinistre, que j’adore !

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

Les dates de leur tournée en 2015 disponibles ici :

http://www.therapyquestionmark.co.uk/tour/

Therapy? shoot 2014

 

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