Interview : The Struts

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Excentriques, extravagants, déjantés voire carrément barrés, voilà quelques adjectifs qui pourraient introduire The Struts à ceux qui ne les connaissent pas encore. Le groupe se revendique du « glam rock » et il représente plutôt bien ce genre. C’est dans une minuscule loge surchauffée, quelques heures avant leur concert au festival les IndisciplinéEs, que l’on a rencontré les quatre anglais. Luke Spiller (chant), Jed Elliott (basse), Adam Slack (guitare) et Gethin Davies (batterie) étaient visiblement très heureux d’être en France. Après un petit préambule pour raconter leur soirée agitée de la veille dans une boite lorientaise, avec quelques mots de français glissés par-ci par là, ils ont répondu à nos questions. Attention, certaines réponses sont un peu… « What the fuck ? », comme diraient ces quatre là !

Karma : Vous avez joué en juin dernier en première partie des Rolling Stones au Stade de France. C’était comment de jouer dans un stade ?
Luke :
C’était bien ! Franchement, c’était super d’y être et d’ouvrir pour un de nos groupes favoris. C’était un grand honneur pour nous. On a un peu dépassé notre temps de set, mais on voulait en profiter à fond.

Gethin : Est-ce que tu vas raconter ce qui s’est passé ?

Luke : Non !… Non. Oui, alors, comme tu vois, Gethin est très cool avec moi depuis peu, parce que je ne parle pas très bien (les autres rient) et il est toujours là pour m’aider…

Adam : Il n’est pas net.

Luke : …Je ne dors plus, j’ai des pensées suicidaires… (rires)

Adam : Quoi ? Mais n’importe quoi ! (rires) Il n’a pas de pensées suicidaires, rassure-toi.

Luke : Bon sinon, c’était bien, c’était génial même !

Jed : C’était un honneur, c’était le plus gros concert qu’on ait jamais joué, 80 000 personnes ! Il y a deux jours, on était en concert à Paris et c’était sold out, grâce à cette première partie avant les Stones. Ca nous a permis d’avoir des fans, d’être mieux connus en France.

Comment vous écrivez vos chansons ?
Luke :
La plupart d’entre elles sont écrites et enregistrées en quelques jours, quand on est en studio. Certaines sont des idées qu’Adam et moi on rassemble, ou alors on les travaille chacun de notre côté. C’est souvent comme ça qu’on fait. Des fois, on travaille sur une boucle, avec un beat de batterie qui nous donne un rythme. Et d’autres fois, c’est juste une idée de mélodie. On a plusieurs façons de s’y prendre. Mais le plus souvent, surtout sur le premier album, la plupart des chansons ont été écrites en studio. Donc, je crois que la réponse est : normalement, on a des temps consacrés à l’écriture. C’est quelque chose que certains artistes ne peuvent pas accepter, se poser et ne rien faire d’autre qu’écrire, mais pour nous, ça le fait.

Jed : Quelques chansons sont quand même écrites en dehors de ces temps d’écriture. Peut-être pas sur le premier album, mais on écrivait pas mal quand on tournait avant il y a deux ans, quand on avait un peu de temps. Donc il y a des trucs qui ont été écrits de manière spontanée. Luke a écrit beaucoup de choses de son côté, pendant qu’on préparait le premier album, qu’on n’a pas forcément utilisées pour le groupe, mais c’était des chansons de style opéra-rock.

Luke : C’était trop gay en fait pour The Struts (rires) ! Il y avait trop de choeurs. Peut-être qu’un groupe de filles pourrait chanter ces chansons, des filles habillées tout en rose. C’est ce style de musique-là. Mais ouais, ce que Jed a dit résume bien. Notre premier album a sans doute été fait de façon plus organisée en ce qui concerne l’écriture en studio. C’était une bonne façon de travailler, en fait. Quand tu as du temps comme ça, tu peux pousser plus loin, tu peux essayer de faire du mieux que tu peux en quelques jours. C’est une bonne façon de bosser une chanson.

Luke, tu es…
Luke : Cool ? Sexy ? (les autres rient)

Non, je parle de ton look ! Tu portes une attention particulière à ton style vestimentaire…
Luke : Oui !

Est-ce que c’est une part de l’identité du groupe ?
Luke :
Je crois que pour pas mal de gens, ça l’est. Mais c’est comme notre musique et notre jeu de scène. Si je m’habille comme ça, c’est parce que j’en ai envie. J’aime me déguiser selon les occasions. J’aime donner une touche glamour à mon look. Ça m’aide à rentrer dans mon personnage, ça m’exalte. Et c’est tout, en fait ! Si ça aide les gens a identifier le groupe, tant mieux, mais je ne le fais pas pour ça. Je ne suis pas du genre : « ça doit ressembler à ça, ça doit être comme ça. » Je porte juste ce que j’aime.

Est-ce qu’il y a un groupe ou un artiste avec lequel vous aimeriez travailler ?
Luke :
On ne pense pas trop à ce genre de choses, parce qu’on a appris que c’est avec les gens avec qui tu as une sorte d’alchimie créative, avec qui tu es sur la même longueur d’ondes, que tu dois travailler autant que tu peux. Donc, ça peut être n’importe qui. Pour nous, ça pourrait être Brian May, mais ça dépend si on travaille bien, on ne voudrait pas juste d’un duo comme ça, il faut travailler pour l’avoir et il faudrait en discuter aussi avec Brian May. Je crois que ça dépend beaucoup de comment se passe la rencontre, tu vois ? Evidemment, on serait ravis de traîner avec Noel Gallagher, ce serait super de le rencontrer, discuter un peu. Il y en a plein d’autres qu’on aimerait rencontrer, comme Ray Davies… En fait, il y en a beaucoup. Ce serait cool mais ça va quand même être difficile de travailler avec des grands noms comme eux.

Vous utilisez beaucoup les réseaux sociaux, notamment pour répondre à vos fans. C’est important pour vous ?
Luke :
Ouais. J’ai remarqué que beaucoup de groupes qui existent depuis plus de dix ans le font moins que les groupes qui émergent en ce moment. Je crois que ces groupes qui ne sont pas présents sur internet loupent quelque chose. C’est vraiment important aujourd’hui, avec tout ce qui se dit sur internet. Tous les jeunes vont sur internet, ils ont Instagram, Facebook… Donc c’est hyper important. On essaie d’être présent le plus possible. Quand on est en tournée, c’est un moyen de partager ou de discuter avec nos fans, ça peut vraiment être productif et c’est un truc fun pour nous.

Jed : C’est aussi un moyen d’être proche des fans. Quand on fait un concert, on ne peut pas rencontrer chaque personne qui est venue. Donc, s’ils n’ont pas pu te rencontrer mais qu’ils voient que tu discutes avec eux sur Twitter ou Facebook, c’est cool pour eux de pouvoir avoir quand même un échange.

Luke : On utilise les réseaux sociaux pour ça. Certains ne se servent de Twitter que pour la promotion par exemple, mais de notre côté, on essaie d’interagir au maximum avec les fans. Je pense que si un groupe utilise bien les réseaux sociaux, ça peut être vraiment sympa. Si mon groupe préféré avait twitter et me répondait ou me retweetait, je ne sais même pas comment je me sentirais !

Justement, c’est qui ton groupe préféré ?
Luke :
J’aime Queen, j’aime Led Zeppelin, j’aime Abba… Il y a plusieurs groupes comme ça. Si un artiste que j’aime me répondait sur Twitter, je crois que je me pisserai dessus d’émotion.

J’ai lu que vous aimez aussi The Vaccines ?
Luke :
Ouais ! J’adore leur premier album. J’adore aussi comment ils l’ont appelé. D’ailleurs, je leur ai un peu piqué l’idée pour notre album. Ils ont une chanson super cool qui s’appelle « Post Break Up Sex », et dans cette chanson, il y a un vers qui fait « what did you expect ? » et c’est comme ça qu’ils ont décidé d’appeler leur album (le titre de l’album est « What did you expect from The Vaccines ? » ndlr). Quand on préparait notre album et qu’on devait définir l’ordre des chansons, j’ai pensé à « Everybody wants » qui est répété dans la chanson « Roll Up ». Ce n’est pas juste le titre de la première chanson de l’album comme ça se fait beaucoup, c’est un des passages qui restent le plus en tête : (il chantonne) Everybody wants, everybody wants... C’était aussi un peu aguicheur, un peu insolent comme titre : « Everybody wants The Struts ». Ca cadrait super bien avec nous, avec le groupe. C’est cool et ça nous fait marrer. Mais sinon, ouais, on aime beaucoup The Vaccines.

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Comment se passe la tournée ?
Luke :
Sur cette tournée, on a été bourré que deux fois (les autres protestent). Je veux dire, on boit des coups et tout, mais on n’est pas totalement déchiré. On essaie de bien se comporter. Je pense, en tout cas en ce qui me concerne, qu’on ressent plus de responsabilités maintenant, on veut bien faire, sur scène on est à 100 % chaque soir et ce n’est pas possible si tu fais la fête tous les soirs, que tu bois beaucoup et que tu fumes beaucoup. Au bout d’un moment, tu te retrouves obligé d’annuler des dates. Ca nous est arrivé et je ne veux plus que ça se reproduise. Donc, on essaie vraiment d’être plus professionnels. Sinon, en ce moment, on est complètement à sec sur cette tournée. On n’a plus du tout d’argent, on a tout dépensé et on ne survit que grâce à l’argent qu’on gagne avec la vente de nos t-shirts.

Jed (qui est en train de les plier pour les ranger) : C’est pour ça qu’on est obligé de les plier pendant l’interview d’ailleurs (rires). Ce n’est pas contre toi, mais il faut qu’on bosse.

Luke : Voilà ! Sinon, notre voiture est en panne…

Jed : On va vraiment passer pour des losers ! (rires)

Luke : Sinon, on écoute le livre audio du Seigneur des Anneaux.

Jed : Ce qui prouve encore qu’on est au fond du trou. (rires)

Luke : C’est vrai que ce n’est pas marrant.

Adam : Tu rigoles ? On se marre bien !

Luke : Bah moi je ne trouve pas ça très drôle. Par rapport aux tournées précédentes, où, là, c’était vraiment l’éclate. On a eu des grands moments. Mais on est plus concentrés maintenant. Les concerts sont complets et c’est pour ça qu’on fait de la musique, pour se lever le matin et se dire ce soir, je joue. Je suis désolé, on est vraiment naze sur cette réponse.

Jed : Ouais carrément. Mais on a assez fait les cons, il était temps d’arrêter. Maintenant, on fait des trucs intelligents. Enfin, la nuit dernière, on s’est quand même bien amusés (ils sont sortis en boite, ndlr).

Luke : Un peu trop, même.

Adam (en français) : Je suis fatigué !

Est-ce qu’il y a un festival où vous aimeriez jouer ?
Luke :
On aimerait faire Reading-Leeds festival et Glastonbury où on n’a jamais joué. Ceux-là déjà, ce serait génial, ce sont un peu nos priorités. Je pense que ce n’est qu’une question de temps pour qu’on y soit programmé. On a un album à défendre, donc je ne vois pas pourquoi ces festivals ne nous inviteraient pas. En tout cas, on adorerait. Cet été, on devait jouer dans un festival français (les nuits d’été à Paris, ndlr) mais on n’a pas pu, parce que je suis tombé très malade. Donc si on a l’occasion de le faire, on sera ravi.

La dernière question, c’est : plutôt Beatles or Rolling Stones ?
Jed :
Beatles ou Stones ?

Luke : J’écoute bien plus les Beatles. J’adore aussi les Stones, mais je les ai découvert bien après. Quand j’étais plus jeune, qu’on me disait « Oh t’aimes Mick Jagger mais c’est qui ? », je me demandais pourquoi. Je me suis posé la question et puis j’ai réalisé que c’était parce qu’on a les mêmes influences. Tous les deux, on aime la musique soul, et Mick Jagger est en fait un blanc qui fait semblant d’être un noir, qui chante de la musique soul. Et ça c’est une similarité entre lui et moi. Donc j’aurais bien répondu les Stones, parce que je les adore, mais j’écoute beaucoup les Beatles. Et maintenant, j’apprécie les Beatles, musicalement, ils sont un peu au dessus des Stones. Tu peux écouter leur album dans leur intégralité, comme Abbey Road, c’est super à écouter en entier, surtout la deuxième partie d’ailleurs avec des chansons plus longues et développées. Ou The Magical Mystery Tour qui est un autre album super cool. Je crois que si tu veux un album parfaitement réalisé, musicalement abouti, alors choisis les Beatles, sans hésiter. Mais si tu veux danser toute la nuit et faire la fête ou faire l’amour alors, tu écouteras Sticky Fingers. Tu n’iras pas voir une prostituée en écoutant Abbey Road, si ? Ca ne le fait pas.

Jed : C’était une question rhétorique. Tu n’es pas obligée de répondre à ça, hein ! (rires)

Luke : Non, mais voilà, c’est difficile de répondre. Ca dépend vraiment du contexte ou de ton humeur. Les Stones c’est quand même du bon rock’n'roll. Mais quand tu es plus calme, les Beatles, c’est une bonne option.

Je crois que c’est la plus longue réponse qu’on m’ai faite à cette question.
Jed :
En même temps, avec lui, ce n’est pas étonnant ! (rires)

Propos recueillis par Manuella Binet

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