Sarh, c’est la rencontre surprise de deux artistes que tout semble opposer au premier abord. A ma gauche nous avons DJ Pone, connu notamment pour sa participation au collectif Birdy Nam Nam. A ma droite il y a José Reis Fontao, chanteur et guitariste du groupe de rock indé Stuck In the Sound. Le temps d’un album, les deux musiciens ont mis de côté leurs styles respectifs pour confectionner à quatre mains des mélodies envoûtantes entre pop et électro. Thomas Parent, aka DJ Pone, nous en dit un peu plus…
Bonjour DJ Pone ! J’aime bien commencer mes interviews par l’origine du nom du groupe… donc pourquoi la ville de Sarh au Tchad ?
Bonjour Nathalie ! C’est le nom de la ville de naissance du père de José. On utilise beaucoup les mélodies à connotations africaines dans nos samples, donc quand José a proposé le nom de cette ville, j’ai tout de suite trouvé que cela tombait sous le sens. Il y a aussi cette connotation liée au désert et au silence qui me plait vraiment bien.
On dit souvent que tout vous opposait au départ : toi électro et José le rock. Le vois-tu de la même manière ?
Alors là, pas du tout ! C’est vrai qu’avant de se connaître on faisait de la musique chacun de notre côté. C’est vrai aussi que je suis dans un groupe électro mais ça n’empêche que j’écoute aussi du hip-hop, de la pop ou du rock. Forcément s’il n’y avait pas eu quelque chose pour nous rapprocher, on n’aurait pas fait de musique ensemble. En plus, je ne peux pas bosser avec quelqu’un avec qui je n’ai aucun point commun. C’est juste ingérable dans le travail quotidien ! On s’est mutuellement beaucoup apporté sur ce disque. On est deux mecs à peu près du même âge et à peu près avec le même parcours. La musique est juste un prétexte, car on est devenus très potes. J’ai toujours eu des amis de différents horizons, de nationalités et d’âges différents.
Concrètement, qu’est-ce que chacun d’entre vous a apporté à l’album ?
Ce n’est pas un truc précis. Je pense que chacun d’entre nous accepte ce que propose l’autre. On n’avait pas de cahier des charges précis, ce qui est assez rare aujourd’hui finalement. Chacun a apporté sa vision des choses. Tu sais, même si tu fais écouter de la musique à quelqu’un qui n’y connait rien, il saura te dire si tel ou tel passage sonne bizarre ou s’il y a quelque chose qui manque à ses yeux. Chacun de nous deux a donné une impulsion ou une direction à l’album à des moments-clés.
Est-ce que vous vous êtes tout de suite dit « on va faire un album » ou vous vous voyiez plus dans l’optique « on verra bien où ça nous mène » ?
Oh là, non ! On ne s’est pas dit tout de suite qu’on allait faire un album. José est passé chez moi et je lui ai fait écouter les morceaux que j’avais composés. Il a tout de suite proposé de poser sa voix dessus. La mélodie lui plaisait. On a commencé à se voir plus souvent pour composer ensemble ou bosser sur les titres. Birdy Nam Nam était en stand-by donc j’avais le temps de bosser sur pas mal de maquettes. Quand on a fait écouter ces morceaux à des amis à nous, ils nous ont dit que c’était dommage de ne pas les sortir, car pour eux, ils étaient très originaux. Ça ne ressemblait à rien de ce qui était commercialisé à l’époque. Ensuite, on a décidé de les enregistrer en studio.
Avant de rencontrer ton comparse, cherchais-tu une voix pour accompagner tes créations ? L’avais-tu imaginé comme la sienne dès le départ ?
Non, je ne savais pas si je voulais avoir un chanteur sur mes titres. J’ai été très impressionné lorsqu’il venait chez moi et que je lui faisais écouter les morceaux. En deux/trois minutes, il posait sa voix dessus et c’était magique. D’un coup, la chanson prenait toute son ampleur. La musique passait à un tout autre niveau. C’est José qui a tout de suite proposé le changement harmonique sur le titre « Urquinaona ». Il a bossé sur le morceau et quand il me l’a renvoyé avec sa voix, les harmonies figuraient déjà dessus. C’était du yaourt, donc il n’y avait pas encore les paroles définitives, mais le reste y figurait déjà. Pratiquement tout ce qu’il me proposait, ça marchait d’emblée. Je n’avais pas d’idée précise au départ. On était vraiment amateurs dans le processus de création de disque. On composait partout, même dans la cuisine ou dans le train. On est entré en studio qu’à la fin, donc vraiment seulement à la finalisation de l’album.
Vous avez attendu trois ans avant de sortir l’album, pourquoi ?
On voulait terminer nos albums respectifs d’abord et se donner le temps de le défendre correctement. On est allé voir quelques maisons de disque à l’époque et elles ont toutes été très surprises lors des écoutes. Les morceaux ont un côté mystique avec de longues introductions. Elles n’avaient pas l’habitude d’entendre ce genre de musique. Aujourd’hui avec l’avènement de certains artistes qui font un peu le même style de morceaux, c’était plus facile de sortir l’album.
On peut parler de cette couverture ? Elle représente quoi exactement ?
L’image vient d’une rencontre avec un mec de Nouvelle-Zélande qui nous l’a proposée. Au départ il y avait un visage de femme au milieu des fleurs et finalement on a décidé de ne garder que les fleurs. On ne comprenait pas ce concept de visage au milieu des fleurs. J’aime bien ce côté nature morte comme l’image est maintenant. Il n’y pas de signes ostentatoires de quoi que ce soit. C’est très beau et très froid en même temps. On a tout de suite dit, on y va ! On a découvert plus tard que la pochette ressemblait à celle d’un disque de New Order.
Vous serez fin novembre à la Kulturfabrik au Luxembourg. Comment se passe un show avec les Sarh ?
On est deux sur scène. José chante et moi j’envoie la musique. On a une scénographie très simple et très calme mais très ajustée. Elle permet d’avoir une bonne tension dans la salle. Les gens qui viennent nous voir généralement nous regardent mais ne bougent pas trop.
Êtes-vous déjà venus au Luxembourg ? Quelle idée en avez-vous ?
J’étais déjà venu avec les Birdy car on est passé en première partie de Justice à la Rockhal. Malheureusement je n’ai pas trop eu le temps de visiter et je pense que les environs de la Rockhal ne sont pas représentatifs du Luxembourg.
Un dernier message pour convaincre les récalcitrants ?
Si tu as aimé le disque, viens nous voir. Sinon, ne viens pas nous voir. C’est aussi simple que ça ! On a bossé avec des gens de confiance pour préparer ces concerts. Ce projet fonctionne car il est simple. Cela bouleverserait l’équilibre si on rendait la mise en scène trop complexe.
Pour terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi?
C’est vraiment chiant comme question ! J’aime le côté un peu dingue des Stones, mais je vais choisir les Beatles pour leur œuvre musicale monstrueuse.
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa
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