Interview : Philip Sayce

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Philip Sayce est un des meilleurs guitaristes rock et blues sur le circuit en ce moment mais c’est aussi un des plus sous-estimé. Musicien d’origine galloise, il quitte dans sa jeunesse sa terre natale avec ses parents pour rejoindre Toronto au Canada. Aujourd’hui il habite aux États-Unis et peut se targuer d’avoir subi dans sa plus tendre enfance les influences des Beatles, de Jimi Hendrix, de Mark Knopfler  mais aussi de son héros personnel Stevie Ray Vaughan. Ce sont sans doute tous ces héros qui lui ont donné l’inspiration pour son dernier album Influence où il mélange habilement titres originaux et nouvelles versions revisitées de titres déjà connus. Un pari risqué mais que l’auteur/compositeur a réussi avec brio et duquel il parle avec beaucoup de passion, comme vous le constaterez dans notre entretien avec lui ci-dessous.

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Bonjour Philip ! Merci pour le temps que tu nous accordes. Peux-tu nous parler de ton premier instrument de musique ?Bonjour Nathalie ! C’est intéressant cette question. Mon premier instrument n’a pas été la guitare comme la plupart le croient mais je pense que c’était une flûte à bec. Ensuite, je suis passé sur un genre d’instrument à percussions, mais j’étais vraiment très nul. Après, mes parents ont voulu que mon frère et moi on apprenne le piano. A un moment donné j’ai même appris le trombone. Donc comme tu peux le voir, j’ai eu une éducation musicale très complète (rires) ! Sincèrement, j’ai toujours voulu apprendre la guitare et j’ai fini par imposer ma volonté.

Peux-tu nous parler de tes influences musicales dans ton enfance ou ta jeunesse ?
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui étaient en Grande-Bretagne dans les années 1960 ou 1970 et je pense encore aujourd’hui que c’était l’apogée de la musique. Ils ont baigné dans cette musique dans toute leur jeunesse et j’ai eu la chance d’être exposé très tôt à des morceaux rock classiques grâce à eux. Les Beatles étaient les maitres du monde en Angleterre. Je remercie mes parents pour m’avoir permis d’être au bon endroit au bon moment. Je pense qu’il y a toujours eu de la musique dans notre maison familiale. Ce sont eux qui m’ont fait découvrir mes idoles comme Jeff Healey, Bob Dylan ou Stevie Ray Vaughan. Ils ont indéniablement laissé une signature indélébile sur moi et sur ma façon de voir la musique. Quand je pense à Eric Clapton, je me dis tous les jours que je dois encore m’entraîner d’avantage !

Quand tu as annoncé à tes parents que tu voulais faire de la musique ton métier, t’ont-ils soutenu ?
Oui, absolument. Ils n’étaient pas du genre à dire qu’il fallait que je me trouve un « vrai » métier comme avocat ou médecin. Ils m’ont clairement indiqué que ce ne serait probablement pas un objectif facile, mais oui, ils ont été très patients avec moi comme je jouais et je répétais beaucoup chez eux. Ils n’ont jamais essayé de me faire changer d’avis. Je pense qu’ils ont toujours voulu, pour moi et mon frère, que nous fassions quelque chose qui nous passionne.

Tu parlais de tes idoles tout à l’heure et tu as cité Stevie Ray Vaughan comme exemple. Son décès a-t-il eu une influence sur le choix de ta carrière ?
Peut-être oui. A l’époque je ne jouais pas vraiment sérieusement. Son décès a eu un grand impact sur moi. J’avais envie de continuer ce qu’il faisait. J’avais envie de continuer à délivrer son message par la musique. Quelque part, son décès m’a donné un but dans la vie.

Tu as ce point commun avec Joe Satriani, hormis le fait que chez lui c’était le décès de Jimi Hendrix qui l’a persuadé de faire de la musique. (ndlr : vous pouvez lire notre interview avec Joe Satriani ici)
Je le comprends tout à fait ! Pour moi la musique est un langage et c’est Jimi Hendrix qui en a écrit les paroles en matière de guitare. Il a mis toutes les paroles ensemble pour en faire des bouquins que j’essaie de comprendre encore aujourd’hui. Je respecte énormément aussi B. B. King ou Albert King pour l’héritage en matière de musique qu’ils nous ont laissé. J’essaie dans ma musique de garder cette connexion avec les racines de la musique blues.

C’est pour cette raison que tu as décidé de mélanger tes versions personnelles d’anciens titres et de nouveaux morceaux à toi sur ton dernier album « Influence » ?
Oui je pense qu’il y a de ça. J’avais aussi envie de rendre un hommage et de montrer tout le respect que je porte à tous ces artistes. Je dois aussi avouer que c’est vraiment plaisant de pouvoir réinterpréter tous ces classiques !

Tu as été en tournée avec un grand nombre d’artistes très variés, comme Uncle Kracker, Jeff Healey ou encore Melissa Etheridge. Qu’as-tu appris lors de ces tournées ?
Je considère chaque tournée comme une opportunité pour apprendre. J’essaie d’être une éponge tout le long et donc d’absorber un maximum d’informations. Je garde aussi toujours mon esprit ouvert. Avec Jeff Healey j’étais tellement fier d’être sur scène avec lui, que j’avais l’impression d’être le plus grand fan dans la salle à chaque concert  (rires) ! Avec Melissa, je lui suis vraiment reconnaissant de m’avoir laissé beaucoup d’espace sur scène pour des solos ou autre. Avec Uncle Kracker, j’ai eu la chance de voir ce que ça faisait de jouer des tubes classés numéro un sur de grandes scènes mais aussi dans des shows télé.

Y a-t-il un conseil que tu as reçu et que tu veux transmettre aux jeunes musiciens ?
Je pense que le plus important est de mettre du cœur dans tout ce que vous faites, que ce soit le sport ou toute forme d’art ! Le plus important n’est jamais la technique, surtout lorsque vous jouez d’un instrument. Aujourd’hui tout le monde peut apprendre à jouer de la guitare mais ce qui fera la différence c’est l’énergie que vous mettez et surtout la façon dont vous vous exprimerez. Lorsque vous jouez, impliquez-vous personnellement dans votre musique ! Prenez des risques ! Mettez vos sentiments dans votre art. Mettez-y votre colère, vos déceptions, vos envies. Ne fermez jamais votre esprit à la moindre source d’inspiration. Et enfin, laissez une belle emprunte de vous sur cette planète.

Pour terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi ?
J’ai envie de dire The Dirty Mac (rires) ! C’est vraiment dur comme question ! Les deux n’ont vraiment rien à voir, c’est comme choisir entre des pommes ou des poires. Si je dois en prendre un, je vais prendre les Beatles car ce sont les premiers que j’ai vraiment aimé écouter. Mais comme je disais au début, je choisis les Dirty Mac ! 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

Ses prochaines dates en France :
- le 27 novembre 2014 au Festival de la Guitare d’Amnéville et
- le 28 novembre 2014 à La Puce à l’Oreille de Riom

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