Interview : Paul Personne

Interview : Paul Personne

Paul Personne, de son vrai nom René-Paul Roux, est un guitariste et chanteur français de blues et de rock né à Argenteuil le 27 décembre 1949. Il sera au Seven Casino à Amnéville avec les Greenwich Cavern en première partie, le mercredi 10 avril mais aussi en concert le 5 avril à l’Autre Canal à Nancy. Celui qui est parfois surnommé «Doudou» a accepté, entre deux rendez-vous, d’accorder un moment au Magazine Karma.

Paul Personne : un homme droit dans ses bottes ! 

 

Bonjour Paul ! Le tutoiement ne te dérange pas ?

Non, pas du tout. Au contraire, je trouve ça plus sympa.

 

Alors Paul Personne ce n’est pas ton vrai nom, d’après ce que j’ai lu. Quelle est la différence entre Paul Personne et René-Paul Roux ?

En fait je pense qu’il s’agit juste d’un peu de distance. Ce n’est pas une apparence schizophrénique ou un nom que j’utilise dans la vie publique par exemple. En fait, au début, je pense que je l’ai pris comme un joke. Quand j’étais dans un groupe, j’aimais donner des noms invraisemblables comme avec L’Origine ou encore Les Taciturnes ou encore Backstage où on chantait en anglais et en français. Avant de m’appeler Paul Personne, j’ai fait un petit break : j’étais en plein désenchantement et j’en avais marre du show business. Je n’avais plus envie de me mettre dans un nom de groupe et j’ai eu envie comme d’autres grands noms avant moi, comme par exemple Muddy Waters ou Lightnin’ Slim, de prendre un pseudo. Le nom de Paul Personne est venu comme ça, car il correspondait à ce que j’étais à l’époque. C’était un nouveau costard !

 

Il y a eu plusieurs étapes intéressantes dans ta vie. L’une d’entre elles a été ta découverte du Rock ‘n’ roll. Qu’est-ce qui a provoqué le coup de foudre ?

Oui le rock m’a tout de suite plu. Ça m’a ouvert les portes d’une vie à laquelle je ne m’attendais pas. En voyant Johnny Hallyday se rouler par terre avec son froc en cuir et en donnant tout ce qu’il avait dans les tripes, ça m’a fait un choc ! Tu voyais que c’était une musique où il se passait énormément de choses ! Ensuite il y a eu l’invasion anglaise avec les Beatles, les Stones, les Who. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de foncer. Mes parents étaient totalement contre à l’époque, comme tu peux l’imaginer ! J’aimais mes parents, mais c’était l’époque du mur des générations. Mes parents écoutaient du musette et pas moi. Cette nouvelle forme musicale m’a définitivement attrapé quand Bob Dylan et le R’n'B noir américain ont déferlé sur la France. C’était une époque tellement riche culturellement parlant !

 

Plus que maintenant à ton avis ?

A l’époque j’avais le regard d’un adolescent et aujourd’hui je n’ai plus ce regard-là malheureusement. Il n’y avait pas internet, ni les portables. On avançait au fil des rapports humains. Les personnages dans la musique étaient des guides et il y avait des courants communautaires très utopiques. C’était une période tellement riche, la période 60-70, qu’elle est utilisée encore aujourd’hui comme point de repère par un grand nombre d’artistes ou de musiciens. Je ne veux pas jouer les blasés mais actuellement, j’ai du mal à être étonné par la musique que j’écoute. J’entends des bouts de Hendrix, de Dylan partout. Cela va être dur de faire évoluer la musique rock. Il s’est déjà passé tellement de choses jusqu’à la musique punk déjà et ensuite aussi avec le grunge, qui était un mouvement énergique qui a fait du bien ! Le rock a vachement évolué et un nombre incroyable de chansons fantastiques ont été composées.

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Tu as cité Johnny Hallyday tout à l’heure. Tu es sans doute au courant du livre à quatre mains qui a été publié ?

Oui, je suis au courant mais je ne l’ai pas lu. J’ai vaguement entendu parler des citations extraites et probablement hors contexte tirées du livre.

 

Cela ne te donne pas envie de publier tes mémoires, toi aussi ?

En fait, non, ce n’est pas dans mes projets. Il y a un mec, là, en ce moment, qui écrit un bouquin sur moi et je vais l’aider en répondant à ses questions mais c’est tout. Je pense que pour Johnny Hallyday, il y a un bouquin qui sort sur lui à peu près tous les ans, non ? Ce n’est pas trop mon truc, même si j’aime bien lire les autobiographies. Là, je termine celle de Neil Young et j’ai aussi lu celle de Keith Richards. L’envie d’en faire une viendra peut-être à un moment donné. J’aurais sûrement envie un jour de parler des hauts, des bas, des rencontres, des emmerdes dans ma vie. Ce qui est intéressant, c’est que tout le monde peut le faire et tout le monde a des choses à dire sur sa vie. Cela doit être bizarre cette introspection…

 

On dit de toi que tu es le digne représentant du blues en France. Ce titre te dérange-t-il ?

Oui, un peu, car je suis loin d’être le seul ! C’est peut-être un cliché ou une étiquette qu’on m’a donné mais je ne suis pas un porte-étendard de cette musique-là. J’ai eu tellement d’influences musicales autour de moi que cette richesse musicale me permet aujourd’hui justement de ne pas être coincé dans un style en particulier. Je m’en fou des styles ! Il y a des mélodies et des riffs de guitares qui me viennent à l’esprit et le vrai boulot c’est de rassembler le tout et d’en faire un album. Il y a des trucs très bluesy, très rock, très R’n'B qui déferlent en moi et tout ça fait partie de mon univers !

 

Tu es en tournée actuellement ?

Oui, cela doit faire deux ans que je suis sur la route avec le groupe A l’Ouest. Cela a commencé en juin 2011 à l’Olympia et depuis je suis en tournée, même si je fais des pauses quand même.

 

As-tu des projets pour après la tournée ?

J’ai des concerts jusque mi-avril et après j’ai quelques festivals en juin/juillet. J’ai déjà quelques chansons en tête, donc c’est possible qu’il y ait un album après à un moment donné, oui.

 

Photo : www.paulpersonne.com/

 

Enfin pour terminer, la question rituelle pour Karma: préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones?

Très franchement les deux m’ont tout de suite plu. Les Beatles en premier car c’était une vraie révolution : leurs tronches, leurs attitudes, leur manière de composer et leur manière de chanter !

Après les Stones ont déboulé et ils ont voulu être le négatif des Beatles : c’était les voyous, les méchants garçons quoi ! Le son des Stones était plus sale aussi et leur influence venait carrément du blues noir américain !

Ma préférence va quand même nettement vers les Beatles : ils étaient plus géniaux et plus raffinés. Chaque album faisait évoluer leur sonorité. Alors que les Stones n’avaient «que» des coups de génie, comme les titres Satisfaction ou Sympathy for the Devil, et une attitude scénique très sauvage !

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

2 Comments

  • […] L’homme à la Gibson sortira son 14ème album le 29 septembre 2014, entouré de son groupe À L’Ouest. Paul Personne traverse le temps, loin des diktats de la mode, sans esbroufe ni sons tonitruants : la musique est là pour accompagner ses mots. C’est une personnalité très attachante que nous avions rencontrée ici. […]

  • […] un article sur le plus connu des bluesmen français. Paul Personne (que nous avons interviewé ici) est de retour après plus de trois ans d’absence à Paris sur l’une des scènes […]

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