Interview – Lyre le Temps – Festival Lez’Arts Sceniques 2012

Interview – Lyre le Temps – Festival Lez’Arts Sceniques 2012

Ce concert vous l’avez senti comment ?
Ry’m : Super bien ! On était super content de voir que les gens étaient motivés. Parce qu’on a joué quand même très tôt et les gens avaient vraiment la patate, c’est ce qui nous a donné la patate sur scène !

DJ Q : Voir des gens aussi motivés à quinze heure ça fait super plaisir. Normalement on a de la vidéo derrière nous mais là ce n’était pas possible, du coup on avait une petite peur en montant sur scène mais on a été vite rassurés.

Rhum One : D’ailleurs on tient à remercier les personnes de l’accueil, de la vidéo qui se sont bougées pour pouvoir retransmettre nos vidéos sur l’écran géant, ça nous a quand même pas mal aidés. En tout cas on a eu un accueil de « ouf » que ce soit par l’équipe technique ou le public, c’était une bonne date pour nous !

Tu disais pendant le concert que ça faisait longtemps que vous n’étiez pas venu dans le coin…
Ry’m : ouais ouais la dernière fois qu’on a joué…Ry’m se fait couper la parole

Dj Q : on n’est pas venu dans le sens on n’a pas joué, parce qu’on habite dans le coin !

Ry’m : oui bien sûr, je veux dire « on n’est pas venu avec le camion » parce que sinon on se déplace en train, on est des gens normaux ! En tout cas sur scène ça fait un moment qu’on n’était pas venu. C’est vrai que jouer en Alsace, c’est quelque chose de particulier. On a l’occasion de jouer pas mal en dehors de l’Alsace et même assez loin, du coup c’est toujours pas mal de revenir, ça fait super plaisir de revenir à la maison.

Et le fait de jouer aussi tôt ?
Ry’m : c’est sûr, c’est toujours trop tôt. Parce que quand tu fais un bon concert à 15h, tu te dis qu’à 22h tu peux faire un MEGA concert ! Mais c’est quand même cool d’avoir réussi à bouger les gens à 15h.

Lyre le Temps - Photo : Juliette Delvienne

Vous étiez il y a 4 ans au cabaret vert, découverte du printemps de bourges en 2009, on vous l’a souvent répété. Est-ce que vous avez l’impression d’avancer et que l’on vous prend de plus en plus en considération ?
Ry’m : effectivement, je pense que ces éléments sont des étapes dans un développement d’artiste qui sont vraiment cool. Moi j’ai un très bon souvenir de tous les deux. Effectivement, on a quand même réussi à s’installer, à sortir de la région, ce qui nous a permis de nous donner un peu de souffle et d’évoluer. Maintenant, en quatre ans, il y a toute une équipe derrière. On vit de notre musique et c’est réellement notre travail. A l’époque ça ne l’était pas. Donc oui, il y a une évolution.

Dj Q : effectivement, on est pris en considération et on le voit à travers pleins de choses. C’est clair que la prochaine étape c’est le prochain album.

On y viendra un peu plus tard, mais joliment placé !
Vous étiez signé pour la distribution chez Irfan…
Ry’m : oui, la distribution chez Irfan, mais on est signé sur notre label, French Gramm.

French Gramm donc, qu’est-ce qui vous intéresse dans le côté label indépendant ?
Ry’m : il y a des avantages et des inconvénients. Aujourd’hui Lyre le temps c’est 7500 disques. Ça ne représente pas suffisamment pour vivre et le marché du cd est quand même hyper trash, on l’a entendu des milliards de fois mais c’est quand même vrai. Il faut donc faire vachement de concerts. Etre indépendant permet de faire des disques en même temps que préparer les concerts, quand t’es indé, tu décides les deadlines, où tu veux aller, comment tu veux avancer et surtout nous sommes les seuls décisionnaires autant sur scène que dans le studio. C’est un fonctionnement libre que nous voulions.

Vous avez joué avec Art District, originaires de Strasbourg comme vous. Pensez-vous qu’il existe une scène strasbourgeoise/alsacienne ?
Ry’m : Fatalement. Déjà avec Art District, on vient de faire un single qui déchire sa grand-mère !

Dj Q : sa mère aussi !

Ry’m : sa mère aussi ? et sa sœur !

Dj Q : ouais toute la famille !

Ry’m : en même temps, ça swing ! Bon, on a aussi la chance d’accueillir Rhum One qui joue dans Art District et qui est depuis 3 mois avec Lyre le Temps.

Dj Q : personnellement, moi Rhum One, je le vois depuis 7 ans, on a nos locaux au même endroit du coup on échange beaucoup. C’est vraiment la même bande de pote.

Ry’m : Si tu me demandes s’il y a une scène locale, je ne peux que te répondre « ouais grave » dans la mesure où on échange vachement.

Rhum One : je pense que pour un auditeur aujourd’hui à Strasbourg, il serait possible d’écouter uniquement de la musique strasbourgeoise et être 100% satisfait.

Ry’m : c’est vrai, il y en a d’autres, il y a La fanfare en pétard, il y a Gab, il y a DJ Nelson.

Dj Q : y a aussi pleins de groupes de rock, le label deaf rock, Los Disidentes Del Sucio Motel. Il se passe vraiment beaucoup de choses dans la ville, il y a une scène locale qui se crée et qui devrait arrêter d’être locale, qui aurait le mérite d’être révélée.

Ry’m : je pense que la scène n’a pas encore explosé mais qu’il y a quelques éléments qui ont réussi à s’affranchir de ça et dépasser les frontières comme Bashung à l’époque, Abd Al Malik qui ont crevé des accès. Je pense qu’un jour l’un d’entre nous sortira et entrainera les autres, mais en tout cas il y a du potentiel.

Rhum one : en tout cas moi j’espère que si y en a un qui explose, ça attirera tout le monde avec lui !

Ry’m : c’est sûr ! Tous les gens qui sont là sont dans un bon état d’esprit et auront envie de citer les copains, de faire découvrir je pense !

Lyre le Temps - Photo : Juliette Delvienne

A ce sujet, la consécration, c’est à partir de quand ?
Ry’m : je pense que ça ne fait qu’être repoussé. Moi dans ma tête c’était « le jour où je suis devant 10 000 personnes je pars en slam et si ça crie, ça saute, ça transmet une énergie je serais le plus heureux des hommes ». Mais quand ça a été fait, il y a d’autres choses qui arrivent. Je pense que la consécration pour Lyre le Temps aujourd’hui n’est pas la même que celle qu’on aura dans la tête demain.

Dj Q : moi la consécration, pour moi elle est à pleins de niveaux. Tout simplement déjà quand tu vois des gens kiffer sur scène, c’est déjà une consécration, mais c’est aussi l’envie d’être encore sur scène à 60 ans – 70 ans.

Rhum one : moi je pense repousser la consécration le plus loin possible. J’espère d’ailleurs qu’il n’y en aura jamais. Je veux toujours aller plus loin et emmener le projet le plus loin possible, en famille, humainement. Que ce soit être quadruple disque de platine ou pas, je veux que ce soit ensemble !

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce processus de faire de la musique ?
Dj Q : moi ce qui me plait le plus c’est l’échange, je suis souvent impressionné par ce que font les gens, notamment les deux autres d’à côté, ils sont très forts. J’aime ce que l’on peut s’apporter. C’est ce qui me plait le plus.

Ry’m : moi ce qui me plait le plus dans la création c’est de se dire « ok si on le fait comme ça, les gens vont le comprendre comme ça et ça va donner quelque chose de précis sur scène ». Moi ce que j’aime c’est cette interaction.

Rhum one : je rejoins vraiment Q là-dessus : c’est le partage. De faire le point chacun sur nos compétences c’est juste magique parce que c’est simple. Je bloque sur une instru, j’appelle Ry’m, il arrive avec un truc tout frais, Q pareil. Mais c’est identique pour chacun de nous. Cet échange parfait qu’il peut y avoir c’est le plus magique. Quelque chose qui se retransmet aussi sur scène, les regards avec Q et Ry’m ou le public, ces échanges purs que personne ne pourrait me voler, c’est le plus magique pour moi !

Ry’m : et même si c’est contrôlé en studio quand tu le joues en live, il faut trouver le petit truc qui crée l’étincelle, le fait que ça ne se passera jamais comme tu l’as prévu, des fois t’es super content parce que c’est instantané. C’est vraiment dans l’échange que l’on puise l’énergie !

Vous arrivez à fixer quelqu’un précisément dans le public ?
Rhum one : moi j’ai vachement de mal.

Q : moi des fois j’ai du mal à fixer, des fois j’ai du mal à défixer.

Rhum one : moi justement j’arrive pas. Je me dis, si je fixe ça va être interprété d’une certaine façon, si je défixe, d’une autre façon.

Lyre le Temps - Photo : Ugo Schimizzi

Dans Lyre le temps, vous êtes beaucoup dans le mélange des influences, vous avez vu quoi d’intéressant cette année en festival ?
Dj Q : C-2-C !

Ry’m : grave, vraiment vraiment lourd. Shaka ponk ils ont un gros show.

Rhum one : Puppetmastaz ils nous ont mis aussi une grosse claque, parce qu’il y a encore une évolution dans le set.

Dj Q : c’est comme Batman, on peut pas trop en parler, on n’a pas vu le film !

Ry’m : vous avez pas vu Batman alors arrêtez de me chauffer les mecs !

Rhum one : ouais forcément C2C, je crois que pour moi ça a été la claque de l’année. Musicalement, scéniquement, visuellement. C’est vraiment THE claque. Shaka ponk aussi. Orelsan, gros live !

Dj Q : ouais Orelsan, clairement avec C2C, c’est les deux trucs qui m’ont fait vraiment plaisir
Rhum one : y a eu Adel aussi, qu’on a pas pu croiser.

> écouter l’avis du trio sur Abel 

Vous parliez – subtilement – du nouvel album. Vous imaginez quelque chose de spécifique pour la promo ? Vous parliez des médias digitaux ?
Dj Q : bien sûr, c’est des choses que tu peux même plus esquiver aujourd’hui. Comment faire sans eux ?

J’ai vu que vous aviez aussi une street team…
Ry’m : un projet d’album ça se prépare et ça se construit en plusieurs phases. On sait que les outils promos, la street team sont prêts à défendre le projet, on pourra voir comment on fait la promotion quand l’album est prêt. Il faut d’abord créer cet album et créer ensuite ce qui va autour. Mais c’est sûr que la street team aura envie d’être là et de participer à cela. Les médias aussi. On veut investir là-dessus, parce que c’est la meilleure manière de pouvoir dire exactement ce que nous voulons.

J’ai vu que vous aviez énormément soigné l’artwork du premier album, avec un graphiste de Strasbourg, prévu aussi un vinyle en édition collector, vous vous identifiez comment vis-à-vis de l’idée de proposer du plaisir musical autant de manière visuelle qu’auditive ?
Ry’m : je pense que l’un ne va pas sans l’autre et qu’il faut lier les deux.

Rhum One : Moi je pense qu’à une époque c’était une façon de se démarquer aujourd’hui si tu n’as pas le bon visuel, c’est le bon moyen de te planter royalement.

Dj Q : au-delà de ça, à chaque fois qu’on prend une décision dans Lyre le Temps on essaye de le faire à fond, de sortir le mieux de ce qu’on sait faire et de ce qui est faisable.

Rhum One : la différence de chacun vis-à-vis de l’autre c’est qu’au final on est très exigeant. Si ça nous plait à nous trois, c’est que ça claque !

Ry’m : en tout cas ça plait au moins à nous trois ! Mais c’est super important de lier l’audio et la vidéo, mais je trouve quand même qu’en tant que groupe jeune musique, il faut avant tout une instru qui envoie. Quand je suis devant mon ordi, mon piano ou n’importe quel instrument, je veux que ça groove, que ça envoie et que ça me fasse triper avant de penser à n’importe quelle image à poser là-dessus.

Vous avez un grand amour pour Ray Charles, est-ce qu’il y a d’autres artistes aujourd’hui avec qui vous aimeriez travailler ?
Ry’m : holala… vas-y Rhum One, commence !

Rhum one : moi je t’en citerais 248 environ !

Ry’m : on a pas le temps, vas-y, cite en 3, 3 !

> écouter les choix de Lyre le Temps

Et enfin notre question finale : beatles ou rolling stones ?

> écouter la réponse de Lyre le Temps

Propos recueillis par : Ugo Schimizzi

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