Interview – La Rue Kétanou

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La magie de La Rue Kétanou réside par exemple dans le fait de transformer la réponse attendue d’une question banale posée par des collègues peu inspirés, en un voyage délirant dans un de leurs milles univers. Et rien que pour cela, on était content de les recroiser une nouvelle fois ! C’était au festival Décibulles, en Alsace, en juillet dernier !

Journaliste 1 : Pouvez-vous nous parler du groupe La Rue Kétanou ?
Olivier :
Déjà, est ce que tu entends ? Il y a du monde sur les Balkans (rires) ! Et entre les gouttes ! On s’est rencontré fin 1990, en 1998 – champion du monde ma petite dame – au Théâtre du Fil. Théâtre école de vie, on était animateur, comédien. On faisait du travail théâtral partout où le théâtre n’allait pas forcément. Ce qui nous a donné le goût d’aller sur tous les terrains, notamment le théâtre de rue. Mais on s’est rencontrés au Théâtre du Fil, c’est ce qui a fait qu’on s’est uni.

Karma : tu parles du théâtre, vous vous sentez concerné par le débat sur les intermittents ?
Florent :
Je ne suis pas sûr qu’ils soient intermittents les membres du Théâtre du Fil, mais ils en embauchent. Après, si on est concerné, bien sûr on est concerné, maintenant… oui on se sent concerné. On peut pas lutter en faisant grève, on va planter des gens qui nous aident. Sur un festival, par exemple hier, c’est la première édition, c’est un ami à nous qui le fait, à Dijon, l’Oeno music festival, c’est impossible de lui dire « bah non, on fait grève » c’est une galère d’enfer. Il y a des intermittents qui étaient là avec un stand, une pétition, on a été la signer, on a fait des photos.
Olivier : tous les techniciens sont montés sur scène l’autre jour, on a commencé notre chanson et à la première parole, on a coupé le son, la lumière, comme s’il quelqu’un était venu tout débrancher. Tous les techniciens du festival sont montés, un leader est venu parler pour que les gens comprennent. Il faut communiquer pour faire passer le message. Nous, on est en avant scène, on en profite, on peut nous entendre jusqu’au bout de la vallée. Profitons-en pour faire le clin d’œil, on essaie de les citer, il y a une chanson assez engagée Les dessous de table, cette chanson pourrait défendre les intermittents…
Florent : Alors que pas du tout ! Mais même pour nous même, on comprend pas forcément tout, on s’y perd. C’est sûr qu’il y a des soucis avec l’intermittence et qu’il faut faire des réformes, mais c’est pas équilibré. Le spectacle vivant, il tient la route avec l’intermittence. Le souci par exemple : la télévision embauche quelqu’un pendant quinze jours, les quinze autres jours il est toujours embauché mais pas payé par la télé mais cette fois par son intermittence. On est devant un vrai problème.
Olivier : Mais c’est pas ton boulot, ton boulot c’est de répondre !

Journaliste 2 :  Ah ouais moi j’ai une question par rapport à vos textes.
Olivier :
Aux babos ? Aux babouches ?
Journaliste 2 : si tu veux. Vos chansons visent tout le monde. C’est des belles histoires. D’où vous tirez votre inspiration ?
Olivier :
Des chapeaux !
Mourad : Il existe un endroit, du côté de la Normandie, où on boit de l’eau d’imagination et ça nous permet d’écrire des chansons. C’est incroyable… de la vie. Des gens. Et pis c’est tout. Les animaux, les arbres, la forêt, la ville urbaine.
Olivier : Ce qu’on a vécu, ce qu’on a envie de vivre, nos rêves, nos désillusions, l’océan, l’infini
Mourad : Le cosmos, l’interstellaire, le rêve humain, la musique…
Florent : L’espoir !
Olivier : T’as vu, y a du monde aux Balkans ! en apparté Je l’aime bien celle-là, je l’aime bien.

Journaliste 1 : Comment vous composez tous ensemble ?
Olivier :
Nous on décompose ma petite dame (rires) ! On suppose. On a pas de technique. Des fois on se retrouve chez Florent, des fois dans le studio, aux toilettes. On écrit quand ça nous surprend. C’est l’écriture qui…je sais pas, on a pas de façon de faire propre.
Mourad : ça dépend (long silence puis rires). Des fois on écrit tout ensemble, des fois on écrit chacun de notre côté, y a pas de formule précise.
Olivier : c’est une grosse bouille à Barbes ! Non, mais Florent a quand même écrit beaucoup plus de textes, en général, mais sinon on a que Germaine, à trois. Ah C’était beau l’été aussi, personne l’a entendu pour le moment. Et pourtant, c’était beau l’été.

Journaliste 2 : vous nous la chantez la comme ça pour voir ?
Mourad :
Non on le fera pas ! Déjà on se souvient plus des paroles.
Olivier :  (chantonne) sur le saaaable…
Florent & Mourad : Mais non, on se la garde, ça va pas ou quoi !
Olivier : Ca commence par « toute nue sur le sable »

Journaliste 2 : OK. Qu’est ce que ça vous fait d’être aux Décibulles ?
Olivier :
On était déjà là en 2001.
Mourad : C’est comme si c’était hier !
Olivier : On est resté dans le coin depuis 2001. On a aménagé à Neuve Eglise. On est content. Je me rappelle plus en 2001.
Mourad : C’était dans un autre site.
Olivier : Content de revenir et d’être invité en tout cas.

Journaliste 1 : vous avez des dates de concert de prévues ?
Olivier :
(légèrement déconcerté, mais on le comprend) Oui… On est en tournée en fait…
Mourad : Ce soir, on joue à Neuve Eglise… on va faire un concert ce soir.
Olivier : Demain on joue en Normandie, dans le Cotentin, pour le bal des pécheurs, l’association ! Une coopérative, en fait.
Mourad : Pour tous les chrétiens qui ont fait des bêtises.
Florent : (incrédule)Les chrétiens qui ont fait des bêtises ?!
Mourad : Bah… les pécheurs !

Karma : Aucun rapport, donc, avec la pochette de votre disque…
Olivier :
Bah si !
Florent : Si justement, c’est les marins qu’on va retrouver !
Olivier : (rires) Oh ! Il a fait exprès !

Karma : Parlons justement du titre de cet album, « allons voir ». Il y a une continuité par rapport au morceau Où je vais ?
Olivier :
Ah ! On n’y a pas pensé ! Mais ça a un élan un peu comme ça, se laisser surprendre par ce qu’on ne connait pas. Ouais, c’est pas mal, on prend !

Karma : vous avez commencé dans la rue, vous vous retrouvez aujourd’hui avec pas moins de 263 000 fans sur votre compte Facebook. Il y a toujours de la place dans la rue ?
Olivier :
Ah, je savais pas ! Mais non, s’ils sont dans Facebook, ils prennent pas de place !
Florent : C’est des amis virtuels !
Olivier : Ca se trouve, c’est nous, on s’envoie des messages toute la journée
Mourad : Et puis La Rue Kétanou n’a pas de limites. On a pas de murs, pas d’encadrement. Ca peut prendre de l’espace.
Florent : Ca ouvre plein de portes de voir que des gens nous aiment bien. Ca veut dire qu’il y a pleins de possibilités de jouer quelque part. C’est vrai que la rue on l’a fait moins, on a un peu quitté la rue qui était presque notre unique scène. Elle a laissé la place à d’autres scènes et on est content. Mais c’est pas parce que des gens sont de plus en plus nombreux qu’on se sent à l’étroit !

Karma : Mais du coup, ça vous change quelque chose pour communiquer le numérique ?
Olivier :
Alors sincèrement, c’est pas nous qui le faisons !
Florent : Nous, on continue à communiquer à l’ancienne à la buvette après le concert ou on se ballade, on va regarder des concerts, les gens viennent nous voir. J’ai encore répondu à aucun message Facebook.
Olivier : Tant que les gens viennent chez nous, on continuera d’aller chez eux !

Karma : Vous parlez de cette relation que vous avez vis-à-vis du public. Vous avez expérimenté les chansons de ce nouvel album avant sa sortie sur scène, ça crée une relation particulière avec les gens cette démarche non ?
Florent :
Plus que le ressenti, c’est eux qui nous envoient de l’énergie pendant les chansons. On fait pas un test en leur faisant les chansons. Voilà, elle vous plait, on la garde.
Mourad : On les fait vivre !
Florent : Et les gens nous aident à les faire vivre, en nous envoyant de l’énergie qui passe dans la chanson.
Olivier : Après, les premières fois qu’on les joue, ça aide aussi à rectifier certains angles. Tiens, c’est mieux avec le bandjo.
Florent : Oui, mais ça, c’est plus entre nous, ou avec Arnaud. C’est la scène qui nous aide à trouver l’ossature.

Karma : La dernière chanson de ce nouvel album est consacrée à Patricia Bonneteau, qui a été particulièrement importante dans votre carrière mais aussi en tant qu’amie, à l’image du groupe Tryo qui a également écrit une chanson hommage (Ladilafé ndlr). Vous en avez discuté au préalable ?
Mourad :
Ah, non, c’est venu naturellement.
Florent : Patricia, c’était une très très grande amie à Tryo, c’est aussi une très très grande amie à nous. Naturellement, c’était notre petit mot pour lui rendre hommage.

Karma : La chanson Interdit parle notamment du piratage sur internet. Ca importe pour vous ce qui peut être fait de votre musique légalement ou illégalement ?
Florent :
On a tous fait ça.  Tu sais avant internet, il y avait les cassettes.
Olivier : On pense qu’ils ont pas encore trouvé la bonne manière de redistribuer les choses. A l’époque, ils taxaient les cassettes vierges pour récupérer de l’argent pour la SACEM et les artistes et les jeunes avaient des subventions. Pour l’instant, on taxe pas les opérateurs, on taxe pas trop les clés USB, donc il y a encore un truc qui est pas…On est pas contre. Internet c’est un moyen de se faire connaître et la musique est faite pour voyager. Ce serait plus au support et aux plateformes de payer comme Spotify et Deezer. Ils donnent 3% de ce qu’ils gagnent en bénéfices, ça se chiffre en milliards. Spotify rentre en  bourse et donne 3%. C’est génial, mais ils rendent pas du tout la monnaie et n’aident pas les jeunes artistes, la création. C’est dommage. Après, c’est normal de télécharger. Tu es quelqu’un tout seul chez toi, tu trouves que ça te plait, tu télécharges et c’est tant mieux. Ca devrait pouvoir être comme ça.
Florent : Je me dis, si quelqu’un veut écouter le disque mais que ça lui plait pas plus que ça, il ne doit pas être forcé de l’acheter. Il a déjà écouté, c’est super ! Après, nous on fait de l’autoproduction. Si ils veulent que l’on continue à faire des disques, à avoir des gens qui travaillent avec nous, pour les distribuer, faut pas faire que télécharger. S’ils peuvent, s’ils peuvent acheter de temps en temps un de nos disques, c’est bien. Mais après, c’est bien de laisser les gens avec leur propre conscience. C’est pas grave de télécharger quelque chose. C’est bien aussi de l‘acheter. Ca permet de participer à la suite. C’est juste un examen de conscience de chacun, mais c’est pas immoral non plus.
Olivier : Tu télécharges une chanson, ou deux, ou trois, ça va. Mais tu télécharges un album qui sort en auto-produit, il y a une certaine honnêteté à avoir de la part des gens.
Florent : Mais bon, si ça leur donne envie d’acheter le disque… Les gens se rendent pas compte. Ils nous disent « on achète les disques à la sortie de vos concerts, pas dans les magasins ». Mais finalement, ça nous aide aussi que ce soit dans les magasins. Ils ont tous peur que l’argent nous reviennent pas ou qu’on travaille avec des gens pourris. Ce qui n’est pas le cas ! Ce qui rentre dans les caisses permet de refaire un disque derrière, c’est nous faire aussi confience dans les choix qu’on fait avec nos partenaires. Ce sont des rencontres humaines, des personnes qu’on aime bien.
Olivier : Notre distributeur, il fait plein d’artistes connus, pas connus, ils travaillent sur le terrain sans arroser la France d’un coup avec de la pub. Il va plutôt regarder les dates où on joue, sortir le disque un peu avant. Ils ont monté leur entreprise tout seul, comme nous. On a la même façon de voir l’avancée commerciale de notre petite entreprise.
Mourad : Ils continuent à prendre des risques, de fonctionner au coup de cœur. Qu’il soit formaté ou non, il s’en fiche. Ils peuvent prendre des gens qui font de la poésie si ça leur plait, ils vont le défendre. Et ca c’est important !
Florent : Plutôt que d’interdire le téléchargement, parlons plutôt de ces gens-là, ça donnera peut être envie au public de défendre cet artisanat-là, c’est important.
Olivier : Il faut que le téléchargement donne envie d’acheter le disque !
Mourad : Une sorte de d’Artagnan musical.
Olivier : Comme pour les parfums, les petites fioles. Si ça te plait, tu achètes le flacon !
Florent : Nous, ça nous est arrivé de signer des CDs gravés (rires)!
Olivier : Y a des dessins sur ma pochette. Elle est nulle ma pochette !
Florent : Des fois, les gens d’un coup achètent des disques. Peut-être aussi qu’ils ont  trouvé du travail, qu’ils ont un salaire à la fin du mois ou que c’est Noël.

Karma : Tu parles de vos différents disques. J’ai l’impression qu’au fil des albums, il y a une certaine maturité, une certaine forme d’assagissement qui se dégage des compositions.
Olivier :
Et oui, on vieillit !

Karma : Et à contrario, il y a de plus en plus d’expérimentations, d’instruments. L’envie d’aller plus loin…
Olivier :
C’est pas calculé ! On fait avec nos moyens du bord,  nos arguments, nos paroles et on rajoute des instruments qui arrivent naturellement. C’est la rencontre d’un pays, d’un voyage, qui ramène un instrument. Ca donne une couleur, on peut s’en servir, on l’a dans les bagages autant l’utiliser.
Mourad : Et puis on travail pas tous les jours dans l’usine, à faire la même pièce, le même boulot. On a justement ce métier là qui nous permet d’avoir plusieurs tiroirs, de pouvoir en profiter. Entre temps, on a fait des voyages, ça nous fait évoluer dans notre musique. Ca veut pas dire qu’on s’assagit dans la manière d’être, dans la vie. Peut-être que ça nous donne plus de recul, de maturité dans la production des musiques, mais en tout cas on continue d’avancer là dedans. Ca veut pas dire qu’on fera pas un album rock’n’roll dans 10 ans ! On peut pas changer, devenir trop metal sur du tirango, mais je pense que ça tourne. On doit voyager dans notre métier.
Olivier : On l’avait pas remarqué, mais on nous le dit qu’on s’est assagit. Beaucoup de gens nous font la même remarque. « On aime bien, mais c’est plus calme ! »

Karma : Oui, même si après, il y a la version studio et la version live. Vous êtes connus pour être très vivants et expressifs sur scène.
Olivier : Ah. Là, par contre, on s’est assagit (rires) !
Mourad : Ca y est, on parle plus (rires). On va peut être commencer la tournée des théâtres.
Olivier : On va faire du mime !

Karma : Pourtant, la dernière fois que je t’ai prie en photo Olivier, j’ai eu le droit à une photo de tes fesses, depuis le fond de scène !
Olivier :
Ooooh aie aie aie. J’avais pas de pantalon ?

Karma : Si si, mais c’était visiblement ton petit plaisir perso pour les chanceux en backstage : Sinon, il y a encore des défis qui vous tentent aujourd’hui avec La Rue Kétanou ?
Mourad :
Pour l’instant on est en plein dans cette tournée et j’ai pas les idées claires. Ensemble, on sait toujours pas où on va. On l’a chanté au début, ça reste toujours pareil. On va au bout des choses et on voit ce qui se passe. Il y a des petites envies. En dehors, il y a le théâtre, Florent a écrit un album.
Florent : La Rue Kétanou, on vient de s’en lancer un de petit défi : lancer un disque, tourner avec. Après, c’est vrai qu’on a plein d’autres rêves à réaliser. Une chanteuse, Eskelina, une Suédoise qui chante en français, j’ai écrit les paroles de ses chansons. C’est Christophe Bastien, l’ancien guitariste de Debout sur le Zinc, qui a fait les musiques. Ca n’a rien à voir avec La Rue Ket’ ni DBSLZ et j’attends impatiemment janvier pour la sortie.
Olivier : Là on a un cap, jusqu’au 31 janvier 2015. Et après on verra comment on change de cap.

Karma : Vous aviez été invité par Tryo à Bercy pour jouer avec eux. Est-ce que c’est quelque chose qui vous fait envie ce type de scène ?
Mourad :
Les grosses grosses salles, pas forcément. Parce qu’on est trois, on a pas tout un décor comme Shaka Ponk. Du coup ça peut être hyper chiant de regarder La Rue Kétanou dans un Zénith ! Trois petits bonhommes, ça peut être marrant mais si tu regardes à 4km et qu’ on est tout petit…
Olivier : On préfère faire plusieurs Cabaret Sauvage.
Florent : C’est vrai que c’était génial de faire l’ouverture à Bercy. C’était hallucinant. On aime bien aussi quand c’est varié.
Mourad : On aime bien aussi faire du théâtre dans un théâtre, jouer dans un bar, sous un chapiteau et une fois tous les chépas combien – enfin une seule fois en fait – se faire un Bercy. C’est super marrant de passer de l’un à l’autre. C’est chouette.

Karma : Une citation de RFI, que vous connaissez peut-être…
Mourad : c’est un auteur RFI ?

Karma : tout à fait. Raoul François… international (fou rire général) : « Ils sont à la chanson française ce que la musique de la rue est à la liberté, ce quelque chose de familier et de personnel qui fait sourire dès les premières notes. » Ca vous parle ?
Olivier :
Ah c’est sympa ça ! On le reçoit avec le sourire !
Mourad : Vous direz à Raoul qu’on est libre de recevoir ce message droit au cœur…
Olivier : Droit au cœur monsieur !

Karma : Vous pensez aux différents sens de lecture que peuvent avoir vos morceaux ?
Mourad :
Oui, nos chansons ne nous appartiennent plus forcément une fois qu’on les a écrites. Il y a des gens qui entendent des choses très différentes dans nos chansons. Tout est question d’interprétation, selon la personne qui l’écoute. J’imagine que c’est pour tout, partout.

Karma : Question peu évidente, mais, avez-vous un exemple qui montre que votre musique a servi à quelque chose ou qu’il en a émergé un beau souvenir autre que pour le groupe ?
Olivier :
Il y en a plein. Oui, tiens, la prison de Mayotte !
Mourad : Ah, moi, je pensais aux gamins dont le père nous a écrit un message. Ils étaient en prison je sais pas où en Ukraine, ils avaient juste un disque de la Rue Kétanou.
Olivier : Je me rappelle pas cette histoire…
Mourad : Tu te rappelles pas ? Un père qui nous a écrit que ses deux enfants se sont retrouvés en prison, je sais plus pourquoi. Peut-être qu’ils avaient de l’herbe sur eux, ou un truc comme ça. Les gamins étaient restés là-bas et le père nous écrivait assez souvent, qu’il leur avait envoyé notre disque, que ça les aidaient à tenir. Depuis, ils sont sortis ! Il y en a plein. Tiens, tout à l’heure, j’ai rencontré un couple qui me dit « oui, avec ma femme, on s’est rencontré sur votre musique et on pense que le petit a été conçu en écoutant vos chansons. Elle, elle pense qu’il devrait s’appeler Paul et moi Léo ». Et il me dit « t’en penses quoi ? »
Olivier : Bah Léopold !
Mourad : Bah voilà ! On en a plein des souvenirs. La musique sert à rassembler. Toutes les belles choses qu’on peut vivre sans en noter une c’est ces espèces de rassemblements qui sont évidents, ou pas d’ailleurs et où les gens, ça rassemble des choses pour eux. Ca fait plaisir de faire cette musique !

Karma : Justement, une question spécifique. Qu’est ce qui était à la base de la chanson Les hommes que j’aime ?
Olivier :
Je crois que c’était… à la base, c’est quelqu’un qui s’est fait larguer…
Florent : Le point de départ ? Oui, c’est moi qui me suis fait largué. C’est une fille qui m’a laissé tomber. J’étais très très triste et j’ai écrit la chanson sur les copains. Parce que, quand on est triste, qui c’est qu’on appelle ? C’est les copains ! Du coup, j’ai fait une chanson sur Mourad, Olivier, Loïc Lantoine. Le premier à qui je l’ai chanté c’est Loïc.
Olivier : Au Conétable !
Florent : Non, pas au Conétable, au Picardie !
Mourad : J’suis venu vous retrouver, moi, au Picardie. La première fois que tu me l’as lu, c’était au comptoir du Picardie.
Florent : Voilà, c’est ça, ça part d’un chagrin d’amour et d’un bonheur d’amitié.

Karma : Notre question rituelle, Beatles ou Rolling Stones, je vous l’ai déjà faite lors d’une précédente interview. Du coup, Rachmaninov ou Prokofiev ?
Olivier : Rachmaninov !
Mourad : Prokofiev !

Karma : Et pourquoi ?
Olivier :
Ah, moi, c’est le seul que je connais !

Karma : Et Florent ?
Florent : Pareil qu’Olivier !
Olivier : Mais il doit être sympa, je le connais pas Prokofiev ! Ah si, les morceaux de piano de Rakhaminov. Quand j’avais vu le film Shine, j’avais adoré. Un super film, Shine ! L’histoire d’un pianiste qui a une maladie…

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