Interview : La Fine Equipe

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A l’occasion de la sortie du nouvel EP de Fakear, baptisé Sauvage (en français dans le texte), nous avons eu l’occasion de discuter avec La Fine Equipe, membres mais aussi créateurs de leur label : Nowadays Records. Ambiance détendue mais néanmoins professionnels pour ces passionnés de musique !

Je vais voir ma grand-mère, je lui raconte quoi sur La Fine Equipe ?
OOgo : Alors, pour la grand-mère, c’est délicat, parce que c’est une question de génération surtout. Je dirais, « le futur, mamie ». Nous, La Fine Equipe, on est un groupe de gens qui à la base aimons beaucoup la musique de grand-mère. On a une vraie culture de vieille musique, on vient du digging, on est à la recherche de vieux disques. A la base, on écoute beaucoup de vinyles, ce qu’écoutaient plus nos parents, mais du coup, c’est vraiment cette musique-là qu’on a digéré e qu’on réadapte à notre sauce, avec un côté plus rythmique.
Chmsky : C’est ça, c’est du digging, de la recherche et du remixage en fait de sons de toutes sortes depuis les années 1960 voire 1950, jusqu’à aujourd’hui.

D’où ça vous est venu de créer un label ?
Chmsky : ah…quelle idée ! Je pense que c’est venu assez naturellement. Le premier album, on avait réuni pas mal d’artistes, on avait tout produit. On l’avait juste laissé en licence sur un distribution parisienne. Quand est venue l’idée d’en faire un second, avec des rappeurs et des chanteurs, on a voulu que ce soit assez clair entre nous et contrôler un maximum de choses. On a des idées assez claires sur le concept, la production, la promotion, la pochette.
OOgo : c’est vraiment faire tout nous-même, pour nous. La suite, c’était continuer à inviter des gens mais du coup aller plus loin et produire d’autres disques, comme ce soir Fakear, c’est ce qui nous plaisait et on voulait aller dans ce sens.

Moi si j’avais pas la musique, je serais postier !

Votre démarche me fait penser à Chinese Man…
Chmsky : Carrément, les Groove Sessions s’apparentent à la série d’albums qu’on produit qui s’appellent Just a Lil’ Beat. La première fois, on avait deux beatmakers, nous en l’occurence. Le disque suivant, ce sera deux beatmakers qu’on choisira et à qui on laissera carte blanche.
OOgo : C’est la suite de La Boulangerie, qui était vraiment l’initiation du truc.

Vous arrivez à vous en sortir financièrement aujourd’hui à titre perso et avec le label ?
Chmsky : Disons qu’on parle ici de micro-économies. On arrive à s’en sortir avec les lives, en étant intermittents et avec les droits d’auteur, parce qu’on fait aussi pas mal de sons pour la télé, les documentaires, via les royalties.
OOgo : le label s’autofinance. Nous, on gagne pas d’argent, directement avec le label, pour l’instant. L’idée, c’est de faire travailler des gens et peut-être dans le futur lointain, créer des salaires pour nous aussi. Mais là, l’envie, c’est de développer le truc, pour avoir l’argent, financer une vidéo, un clip. On est dans cette démarche, le truc s’autofinance plutôt bien et ça nous permet d’être indépendant. Donc on gagne de l’argent, mais pour les projets futurs, produire d’autres artistes.
Chmsky : On a eu des belles sorties avec le label mais aujourd’hui avec le digital c’est très compliqué de développer une économie conséquente. Tu gagnes à peu près 1€ avec un EP, un peu plus, c’est difficile de parler vraiment d’économie.
OOgo : Le label, c’est avant tout un regroupement pour nous, c’est une marque, une image, une famille, c’est pour ça qu’on a créé le label.

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Vous parliez de Fakear, vous fêtez la release de Sauvage, un EP qui démarre fort. Qu’est-ce qui vous a attiré au-delà de la relation amicale ?
OOgo : Un peu de la même manière que tous les artistes avec qui on travaille depuis le début, ce sont des rencontres. Evidemment, il y a une affinité sonore, mais c’est vraiment des hasards, des rencontres, on chope le gars au bon moment, on devient pote, on sent bien le truc. On n’est pas en recherche d’artiste en particulier. On est une famille, un groupe d’ami, ça marche comme ça, sans se dire « lui pourrait marcher, pas lui ».
Chmsky : Il avait une réelle envie de travailler avec nous, parce qu’il connaissait et appréciait les albums de La Boulangerie. Il a un peu été « nourri » avec ces albums (on souligne le beau jeu de mot ndlr).
OOgo : on s’est capté via Superpoze, qui travaillait beaucoup avec lui.

Vous baignez tous dans la musique depuis longtemps, mais concrètement, ça représente quoi dans vos vies aujourd’hui ?
Chmsky : La musique ? J’ai de la famille qui est dans la musique. Mon grand-père déjà était DJ, il a travaillé chez Europe 1. Il a été parmi les premiers à faire ce métier en France, Tsugi a fait un papier sur lui. Il a donné l’amour de la musique à mon père qui est devenu par la suite éditeur de musique, producteur, pour faire de l’illustration sonore. Moi, ça c’est fait naturellement, il n’y avait pas vraiment de choix à faire. Je suis né là-dedans, j’ai toujours aimé ça, il y a toujours eu des vinyles, des disques autour de moi. J’ai arrêté l’école très tôt, ça s’est imposé !
OOgo : La musique aujourd’hui pour moi, c’est la possibilité d’avoir du fric (rires)…l’enfoiré ! Je me rappelle à l’époque où j’ai commencé à faire de la musique et que ça se professionnalisait peu à peu… plus tu avances dedans et plus ça devient énorme ! Tout ce qui est autour de la musique est quelque chose de vital et de quasi religieux. C’est impressionnant comme la musique est large et comme elle peut être importante. Des fois, je vois des amis à moi qui ne sont pas forcément dans la musique. Pour eux, c’est simplement un divertissement. C’est incroyable, pour nous c’est la première chose dans la vie. J’ai l’impression que tout est régie par la musique, il y en a partout, c’est une façon de respirer, indispensable, qui fait partie de ma vie à 2000% !
Chmsky : Moi si j’avais pas la musique, je sais pas ce que je ferais. Je serais postier !

Est-ce que vous vous trouvez juste géniaux pour vous être appelés La Fine Equipe ?
Chmsky : Non au contraire, c’est l’inverse ! Alors moi, je peux pas vraiment parler parce que je suis le dernier arrivé et le nom était déjà créé quand j’ai rejoint la team. La Fine Equipe, c’est un crew de Marseille, ils étaient trois à la base et se sont rencontrés là-dedans. Ils voulaient se décomplexer et dans le nom avoir quelque chose anti-carriériste. C’est plutôt dans le sens « les rigolos de La Fine Equipe » et ne pas se prendre au sérieux !

En fait, les Beatles ont inventé le « à suivre »

Vos avis sur la diffusion de votre musique en ligne ?
Chmsky :
Tout est dispo, on essaie de diffuser au max ! Deezer et Spotify commencent à générer du droit. Ce n’est pas encore conséquent, mais c’est un début. Mais on est partout, partout, partout !
OOgo : Dans certains pays, il y a des vidéos bloquées…
Chmsky : Après, ça passe par notre agrégateur digital, qui est Believe. Avec eux, il n’y a pas de problème, on met jamais de limites. On est pour ouvrir au maximum ! Moi je suis pour le droit d’auteur, le supprimer ce serait un retour en arrière ! Il faut que ça génère de l’argent. Des sites comme Youtube et les FAI génèrent énormément d’argent, sans que les ayants droit ne touchent rien en se gavant de pub !

Love For Eva. Jeu de mot ?
Chmsky : Jeu de mot avec Love For Ever, et LFE, La Fine Equipe. Ça vient de notre voyage en Grèce. On a été jouer là-bas durant notre dernière tournée, on a été super bien accueilli. Au retour, les filles qui nous ont accueillies nous ont envoyé un message, « La Fine Equipe, Love For Ever », c’est venu de là. C’est un EP qu’on a façonné sur la route, c’est ce qu’on cherchait, en voyageant beaucoup. On a rencontré beaucoup de gens, on a eu beaucoup d’amour autour de nous !
OOgo : Oui, vraiment un EP conçu en tournée !

D’où le format EP plus que LP ?
Chmsky : C’est surtout annonciateur d’un album qui arrive à la rentrée, qui sera La Boulangerie 3, beaucoup plus froid…(rires)
OOgo : Comme dans le temps (rires)

Enfin, notre question rituelle : Beatles ou Rolling Stones ?
Chmsky : Beatles, y a même pas de comparaison !
OOgo : Ouais, Direct !
Chmsky : C’est eux qui m’ont inventé, qui ont inventé la musique populaire. Ils ont même donné leur premier tube aux Rolling Stones !
OOgo : C’est vrai, y a même un côté beaucoup plus légende, du fait que finalement leur carrière ait été beaucoup plus courte.
Chmsky : En fait, ils ont inventé le « à suivre »

 Propos recueillis par : Ugo Schimizzi

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