Interview : La Canaille

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Une petite semaine avant son concert prévu au Café de la Danse le jeudi 13 novembre, Marc Nammour, fondateur de La Canaille nous a accordé un long moment au téléphone, plein de rage, de passion et de vérités.

La nausée, ton troisième album a un titre très fort, très percutant par rapport à tes deux premiers albums, Une goutte de miel et Par temps de rage. Pourquoi ?
Je vois cet album dans la continuité des deux précédents. Ce sont toujours des cris d’émancipation. Ma façon d’écrire, de montrer les choses, démontre toujours cette même volonté de s’élever. Le monde, depuis le premier album en 2009, n’a pas vraiment été dans le bon sens, de la manière dont je l’entend. Le rouleau compresseur qui est en train d’écraser toutes les classes populaires est de plus en plus fort et avance de plus en plus vite. J’étais très en colère quand j’ai attaqué l’écriture de cet album, car les sources de colère étaient multiples. J’avais l’impression qu’elles m’envahissaient, qu’elles venaient de partout. A la radio, au bar du coin, le climat qui règne en France et même à l’inetrnational me désole et me met en colère. Effectivement, ce titre, je l’ai voulu plus court et peut-être aussi un peu plus violent, parce que le monde est plus violent. Il n’y a aucune référence à Sartre, il s’agit plutôt de mon état d’esprit en écrivant ce troisième album. Quelque part, ça reste toujours littéraire. La nausée, garde aussi, au vue de la typographie utilisée sur la pocjette, une dimension littéraire. Sur le fond, il n’y a pas de jeu de mot, c’est un peu plus brut, mais la référence littéraire est encore là.

La première exigence, c’est de se remettre en question, douter, réfléchir, essayer de pousser l’écriture encore plus loin, de l’épurer, aller chercher les thématiques sous un nouvel angle.

Dans la description de La Canaille, sur Facebook, il est indiqué : « Je suis un combattant, l’espoir est toujours dans la lutte ». Comment lutte-t-on aujourd’hui ? Qu’est ce qui te fait tenir et te donne envie de te battre ?
La première façon de lutter, c’est déjà de s’exprimer. Si tu gardes tout au fond de toi, tu ne risques pas de faire bouger les choses. Je considère que c’est important de déjà s’exprimer dans son petit cercle proche : au travail, avec ses amis, c’est déjà un acte politique. On se pose des questions, on débat, on échange, ça c’est positif. Il ne faut surtout pas garder les choses, il faut les cracher. Comment lutter ? En s’organisant aussi de manière indépendante. Nous, La Canaille, on est en auto-prod depuis le départ. C’est un vrai choix artistique, pas du tout par dépit. On évolue en marge, de manière indépendante avec une liberté artistique totale. Ce qui est une grande fierté et quelque chose qui n’a pas de prix pour moi. Je suis maître de mes mots, de ma direction artistique. Si demain, l’industrie s’effondre, on est toujours là. On ne dépend pas d’elle. Comment résister ? C’est être toujours aussi exigeant avec soi-même. L’entertainement, le divertissement bête et méchant, je suis totalement contre. La manière dont j’écris, les artistes que j’écoute, ce qui me fait vibrer est aux antipodes de cette machine sirupeuse et mièvre. La première exigence, c’est de se remettre en question, douter, réfléchir, essayer de pousser l’écriture encore plus loin, de l’épurer, aller chercher les thématiques sous un nouvel angle. Je pense que l’exigence, c’est quelque chose qui est aussi écrasé par l’industrie. On va vers quelque chose qui fonctionne, de consensuel, sans prise de risque. Revendiquer cette exigence artistique, c’est aussi une forme de résistance. Ton premier public, c’est avant tout toi-même. Après, il faut que ça touche, mais j’essaie d’être sans pitié envers moi-même. Lutter au sens plus large, c’est la culture, la curiosité, aller chercher, lire, il ne faut surtout pas fonctionner avec des œillères qui couperaient le champ des possibles, qui lui est énorme. On est tellement aliénés au quotidien, qu’on a l’impression qu’il n’y a pas beaucoup d’alternatives. Alors qu’elles existent, il faut aller les chercher.

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Qu’est ce qui t’a donné envie d’écrire ?
Comme pas mal d’auteurs, c’est parti de quelque chose de très intime. J’ai senti un trop plein qui devait sortir. J’ai pris la feuille, j’ai commencé à écrire des bouts de mots, pour m’alléger, sans penser à les chanter ou en faire mon métier. Ça me faisait du bien, je me délestais de quelque chose. Après, ma première envie d’écrire une chanson, ça a été après avoir écouté du rap. C’est mon entrée dans la musique et même dans la poésie et la littérature. Le rapport à l’écriture s’est forgé en écoutant du rap et en étant touché par cette plume du bitume. On parlait d’émancipation au début, le rap m’a touché par le fait qu’à un moment donné, sorti des quartiers populaires, sans solfège ni école, c’est un art qui fait parler le vécu. Etant moi-même issu des quartiers populaires, ça m’a frappé, touché, je me suis dit « ces mecs racontent ma vie, c’est aussi mon histoire ». Ce rapport instinctif, authentique à l’écriture m’a plu et m’a décomplexé. En voyant cette scène du début des années 1990, je me suis « oui ils ont raison, crachons la valda ! On s’en fou si on n’a pas fait des hautes études et si on n’a pas un bagage musical énorme ». Après, j’ai lu beaucoup, mais sur le tard. Je n’étais pas vraiment quelqu’un qui lisait étant jeune. A force d’écrire des textes, je me suis intéressé à ce que les autres avaient fait et je suis rentré dans la poésie. Je considérais que c’était la forme qui me nourrissait le plus. C’était il y a un peu moins de 10 ans. On parlait de curiosité, c’était aussi se demander « qu’ont fait les grands ». Il y a à apprendre de ça, tu t’inscrits aussi dans un courant. Pour être pertinent, il faut savoir d’où ça vient, ce qui existe maintenant et sentir ce qui va se faire dans le futur.

Mon rapport à la musique, c’est mon punchingball à moi. Je m’allège et je me sens mieux.

Ça me fait penser à ta chanson Rapper en paix. Par rapport à cela, que représente pour toi la musique aujourd’hui ?
C’est ma soupape. J’ai l’impression que sans la musique, sans l’écriture, sans ce rapport au public, je péterai les plombs. J’aurais un trop plein. J’imploserai. C’est un exutoire pour moi. Comme quelqu’un qui serait dans un boulot de merde toute la journée et qui à un moment donné irait le soir à son entrainement de boxe, taper contre son sac. Après deux heures, tu élimines les toxines que tu as emmagasinées. Mon rapport à la musique, c’est mon punchingball à moi. Je m’allège et je me sens mieux. C’est vrai que c’est quelque chose de vital. Je ne sais pas si je continuerais toujours à m’exprimer dans ce mode là, mais je continuerai toujours d’écrire et produire. Si tu m’enlèves ça, je suis malheureux.

J’ai la chance de faire de la musique et d’avoir pu m’extirper de cette condition ouvrière à proprement parlé, dans le sens où je ne bosse plus à l’usine, mais je ne peux pas oublier que je viens de là.

Tu parlais des travaux répétitifs, du travail à l’usine, qui t’ont inspiré deux très beaux morceaux L’usine et le dragon. Comment vois-tu ce thème, si particulier ?
Je viens de là. Je suis fils d’ouvrier. Je suis arrivé en France à 8 ans, dans une petite ville ouvrière qui s’appelle Saint- Claude, un bassin ouvrier qui ne fait que de la sous-traitance automobile. La cité où j’ai grandi et qui compose un tiers de la ville, regroupait toute cette masse arrivée il y a 30 ans, à l’époque du plein emploi. Maintenant, il n’y en a plus, comme dans tous les bassins industriels. Comme beaucoup de jeunes de la région, à partir de 16 ans, pour te faire un peu d’argent, tu vas à l’usine. Tu côtoies l’usine très tôt. Elle est partout, dans toutesles discussions. Et puis, la citée est rythmée avec les 3/8. Les bus viennent chercher les ouvriers à 5h, 13h, 21h, donc l’usine tu ne peux pas faire sans. C’est intégré à la vie de la ville. Les conditions de travail aussi sont dans toutes les bouches. C’est pas comme si je m’étais intéressé à un domaine que je ne connaissais pas. C’était comme ça. J’ai connu ça dès mon arrivée en France. Tout de suite, je me suis dit que les trois-quarts des rappeurs étaient des fils d’ouvrier. Mais personne n’en parle de ces conditions de travail. Je me suis demandé pourquoi. La pudeur ? La honte ? Il faut parler de ce monde qui est souvent critiqué, dénigré, en première ligne en temps de crise. J’avais envie de parler de ça. L’usine, c’était ma première chanson sous le nom de La Canaille. Je voulais raconter la journée type d’un ouvrier. Je l’ai écrite quand je suis arrivé à Paris, il y a 14 ans. Ça m’a frappé aussi, dans ce microcosme parisien, qu’on considère que les ouvriers faisaient partie d’une époque révolue, ou existant uniquement en Inde, en Chine, au Pakistan. Je me disais « mais attend, le verre que tu prends dans ta main, la chaise sur laquelle tu t’assois, c’est des ouvriers qui l’ont fait, qui sont en France ». Il y en a partout des ouvriers, des usines. Je voulais donc rendre hommage au milieu d’où je viens et expliquer à quel point cette vie est dure. Ce sont des conditions de travail horrible. C’est complètement aliénant. « couper, séparer, jeter », dans le refrain, c’est exactement ça. Et jeter, dans les deux sens du terme. Au boulot, tu jettes, mais t’es jeté aussi, toi, toute ta vie. J’avais envie de redonner toutes les lettres de noblesse que mérite ce milieu. Dans le deuxième album, j’ai fait sa petite sœur Le dragon. Je ne peux pas faire autrement. C’est un monde dans lequel j’ai tellement baigné et dont je suis tellement imprégné… Je me considère comme prolétaire. Je n’ai que ma force de travail. J’ai la chance de faire de la musique et d’avoir pu m’extirper de cette condition ouvrière à proprement parlé, dans le sens où je ne bosse plus à l’usine, mais je ne peux pas oublier que je viens de là. J’analyse toujours la société par le prisme d’un fils d’ouvrier. C’est le fil directeur de tous mes textes.

Ça me fait penser à l’approche qu’a eu Bernard Lavilliers vis-à-vis de la sidérurgie, notamment avec la chanson Les mains d’or.
C’est un super texte Les mains d’or. Je respecte énormément ce personnage. Musicalement, je trouve que ça a un peu vieilli, mais sa direction artistique, sa volonté de parler des sans-voix, c’est mortel. Ça me fait du bien, d’entendre des textes comme ça. Ce n’est pas le son qui me fait vibrer, mais au niveau des textes et de la direction artistique, ça a fait du bien !

Moi, mon identité, elle n’est pas nationale, elle est sociale. L’étranger n’est pas mon ennemi !

Je reste sur Florange. On a pu voir aussi, au fil des années, le désespoir s’installer chez les ouvriers, vis-à-vis de la politique. Un thème que tu reprends dans Jamais National.
Malheureusement, ça touche les classes populaires, ce discours politique du front national. Ce sont des mensonges. Il s’agit avant tout de français, mais de capitalistes. Ils ne sont pas pour les ouvriers français, mais bien pour les patrons. Il y a une désinformation totale là-dessus. Ils mènent bien leur barque et cela fonctionne, mais on touche le fond. Une des grosses raisons de ma nausée, c’est vraiment de me dire « si on en est là, même entre nous à rentrer dans ce jeu, ce sera très compliqué d’en sortir ». Ça m’énerve. Même si cette thématique a été vue et revue, que je m’étais interdit de le faire, on est arrivé à un tel niveau que j’ai ressenti ce besoin de balancer ce coup de gueule. Moi, mon identité, elle n’est pas nationale, elle est sociale. L’étranger n’est pas mon ennemi ! Mon ennemi, il est dans les hautes sphères, chez les actionnaires, chez ce capitaliste sans vergogne qui délocalise à tour de bras. Mais le pauvre gars qui fuit la misère dans son pays et qui essaie de trouver un avenir en Europe, c’est mon frère ! On a la même identité au final. Tu ne le vois plus comme un danger mais juste comme quelqu’un qui essaie de trouver des solutions pour remplir le frigo et aider sa famille. T’as l’impression d’enfoncer des portes ouvertes quand tu dis dans ton entourage « le racisme c’est pas bien » (rires). Quand t’as grandi là-dedans, c’est bien de le rappeler, pour ceux qui en sont un peu plus éloigné. La crise, c’est le terreau idéal pour un tel sujet. Et là, la crise est forte et dure. Ce n’est pas étonnant qu’un tel phénomène progresse.

il me reste aussi une soif de vivre, qui, quoi qu’il arrive, ne pourra m’être enlevée

Tu parles des étrangers, du lien social créé. Qu’est ce qui te reste de tes origines libanaises ?
Il m’en reste tout un héritage. La famille de ma mère a quitté le Liban pour venir en France. La Famille de mon père est toujours là-bas. Dans ce pays, j’ai ma grand-mère, des cousins, une grande famille, qui n’a connu que la guerre au final. Il me reste ce goût de poudre, des images de débris, des villes éventrées, des murs calcinés, mais il me reste aussi une soif de vivre, qui, quoi qu’il arrive, ne pourra m’être enlevée. Ça pète, je reconstruis. Ça pète, je reconstruis. Ne s’avouer jamais vaincu et continuer à mener ta barque comme tu peux et comme tu l’entends. Ce pays, qui n’a vécu que la guerre, n’a pas empêché certaines personnes, à chaque cessé le feu de sortir, aller dans la rue, vivre. Il me reste aussi cette culture orientale, la musique, les rythmes impairs, cette poésie arabe, cette noblesse de la littérature arabe, très digne. Les paysages aussi, des auteurs, de la bouffe bien sûr, elle est super bonne (rires). J’y retourne régulièrement. A chaque fois que j‘y vais, il se passe un truc. C’est la terre de mes racines, chargée d’histoire, de souvenirs. Ma famille.

Il faut entretenir et soigner l’amour. De grandes choses sont nées d’une passion, mais à un moment tu passes à un autre rythme. Si tu te contentes de ce que t’as, c’est la mort.

Je change de sujet, je pense à une autre chanson, Desséchée, que je trouve terrifiante, par rapport à une possible vision très triste de l’amour. Qu’est-ce qui t’a donné envie de composer ce titre ?
J’ai toujours fait attention, dans un restaurant, à ceux qui m’entourent. Souvent, quand je vois des couples, j’aime bien scotcher discrètement dessus, regarder comment ils sont. C’était une envie, en gros, d’en parler. Après, il s’est trouvé que dans mon entourage, en l’espace d’un an, des couples que je considérais comme solides, qui étaient ensemble depuis longtemps, ont éclaté. Ça te renvoie à toi, ton couple, où tu en es. Pour moi, c’est une chanson d’amour. Ce que j’y mets, c’est de dire que l’amour, c’est trop beau, c’est le sentiment le plus noble, mais c’est aussi très très fragile. Si tu ne le nourris pas, il meurt. Si la flamme se tarit, que tu te rends compte que la flamme s’est tarit, il est déjà trop tard. Pour moi, c’était plutôt se dire : l’amour c’est magnifique mais il faut en prendre soin. Parce que, si tu enfiles ces maudites pantoufles du quotidien, de la routine, que la passion n’est plus là, tu rentres dans un cercle un peu vicieux. Au final, tu passes à côté de l’essentiel sans même t’en rendre compte. C’est mon pire cauchemar. C’est comme un espèce d’électrochoc que je me suis fait à moi-même. Je voulais le poser à l’écrit pour me le rappeler tout le temps. Il faut entretenir et soigner l’amour. De grandes choses sont nées d’une passion, mais à un moment tu passes à un autre rythme. Si tu te contentes de ce que t’as, c’est la mort.

Quelle relation as-tu avec ton public ? Tu t’en sens proche ?
Les concerts, c’est ce que je préfère. Ça donne sens à tous les efforts que je fais en amont. L’écriture, l’enregistrement, sortir tout ça dignement, avec un maximum de visibilité, c’est un boulot très dur. Le plaisir, c’est de partager ensuite ça en public. Si je devais juste chanter dans ma chambre ou mon cercle d’amis, ça m’ennuierais vite fait. Je suis hyper excité, comme actuellement, avant une grande tournée. Je fais de la musique pour partager avec les gens, échanger. J’adore retrouver tout le monde au stand merchandasing, pas tant pour vendre des skeuds (rires) que pour avoir un contact direct avec les gens, savoir ce qu’ils ont pensé du set, débattre, partager. J’aime ce côté très chaleureux finalement. Il y a quelque chose de très généreux que j’adore. On ne le fait pas pour ce que ça rapporte. Mais par contre, tu te nourris de vibrations, d’émotions, tu en sors grandi, changé à chaque fin de tournée.

La vie de la nuit n’a rien à voir avec la vie, le jour. Il y a des fantômes, une autre lumière, c’est vraiment particulier comme atmosphère.

Un sentiment que j’ai, par rapport à ta vision de la nuit, c’est que ce thème t’attire, te touche.
Bien sûr, les trois quarts de mes textes sont écrits la nuit. C’est là où tu as un autre rythme, un autre rapport aux choses. Il y a un silence qui s’instaure, une disponibilité avec toi-même, parce que tu n’es plus agressé par des coups de fil, des mails à envoyer. La nuit, la ville dort et d’autres prennent le relais, s’activent. Moi je suis plutôt un oiseau de nuit, j’adore la nuit. Je peux me retrouver avec moi-même et trouver un autre rythme. Ca nourrit mon inspiration, mon rapport à l’art. C’est un autre temps. J’ai une petite fille de 8 ans. La journée t’es sollicité. Une fois qu’elle est couchée, tu enfiles une autre casquette, qui est aussi hyper importante. La nuit, tu vois les choses sous un autre angle. La vie de la nuit n’a rien à voir avec la vie, le jour. Il y a des fantômes, une autre lumière, c’est vraiment particulier comme atmosphère.

Notre question rituelle : plutôt Beatles ou Rolling Stones et pourquoi ?
Je ne suis ni l’un, ni l’autre (rires). Je n’ai jamais écouté les Beatles et je n’ai jamais écouté les Rolling Stones, à part les titres les plus connus. Mais, dans ma discographie, je n’ai pas un album de ces groupes. Je serais très mal placé pour te faire un distinguo entre les deux. De ce que j’en connais de l‘extérieur, le côté boys band des Beatles me gaverait vite fait. J’ai l’impression que les Rolling Stones sont plus écorchés. Qu’ils ont moins joué sur la fibre boys band ! Je serais donc plus solidaire, je trouve vraiment ça horrible les boys band. J’ai plus de sympathie pour les Rolling Stones (rires) !

Propos recueillis par : Ugo Schimizzi

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