Le Magazine Karma a pu avoir une interview avec Danko Jones, guitariste et chanteur du trio canadien du même nom, distillant leurs chansons rock depuis 1996. Première partie des Rolling Stones ou de Motörhead, leurs influences varient entre blues, rock et punk. Rencontre avec un personnage haut en couleur.
Magazine Karma : Bonjour Danko, merci de prendre quelques minutes avec nous pour cette interview. Pour commencer, comment te sens-tu avec ce nouvel album et la tournée qui commence ?
Merci à toi. Pour te répondre, je me sens très bien, très enthousiaste de commencer cette tournée, c’est un nouveau cycle très excitant. On est en forme, on aime l’album et on est toujours impatients de retrouver nos fans.
Quelle était l’idée centrale pour ce nouvel opus ? On se dit que le groupe existe depuis 1996, vous avez eu beaucoup de succès, vous avez vendu énormément d’albums, on peut se demander ce que tu as encore à prouver, ou ce qu’il te faudrait maintenant pour t’amuser encore plus, après tout ce que tu as déjà vécu ?
En fait, ce n’est pas vraiment une question que l’on se pose, ce n’est pas comme ça que nous voyons les choses. Pour nous, un nouvel album représente l’opportunité d’aller sur scène et de jouer. C’est la possibilité de vivre de notre musique, de partir jouer notre musique devant les gens et l’on ne cherche pas nécessairement plus que ça, en soi c’est ce que nous aimons faire. Et puis que pourrais-je faire d’autre si ce n’est ça ?
Tu ne t’ennuies donc jamais de tout ça ?
Bien sûr, parfois, ça arrive : mais c’est la vie, tu sais. Tu ne peux pas faire quelque chose aussi longtemps sans ressentir de temps en temps de la lassitude, d’autant que lorsque ça devient ton métier, tu dois aussi gérer un certain nombre de complications professionnelles inhérentes. Mais quoi que tu fasses c’est comme ça et ce que je fais moi est en soi suffisamment cool pour que ces moments ne me retirent pas le plaisir d’être dans un groupe de rock.
Est ce que tu peux encore avoir peur de décevoir tes fans ?
Non pas vraiment. Je suis très heureux quand les gens aiment notre musique, mais je n’anticipe pas sur la réaction des gens quand je compose un album. On ne cherche pas à flatter le public ou les charts, on conçoit la musique qui nous plaît et franchement, s’il se trouve 10 gars pour aimer ça, c’est assez pour nous. Et c’est peut-être pour ça que le public nous suit, finalement. C’est tout ce qui nous a toujours fait avancer.
Maintenant Danko, on va parler d’un sujet central dans tes chansons : les femmes. Tu en parles très souvent et je voudrais savoir ce que les femmes représentent pour Danko Jones, pourquoi elles t’inspirent à ce point, pourquoi tu y reviens si souvent dans ta musique ?
Et moi je te retourne la question suivante : de quoi d’autre pourrais-je bien parler ? S’il existe un sujet plus approprié pour aller avec la musique que nous jouons, alors je suis preneur ! C’est vraiment le sujet qui match le plus avec notre style. Par exemple si tu prends le black metal, ils ne parlent pas vraiment de ça, parce que le style ne colle pas au sujet ; ça serait plutôt le satanisme à la limite. Pour notre musique, c’est les histoires d’hommes et de femmes qui vont le mieux. Et donc bien sûr je ne suis pas le premier, c’est un sujet assez convenu. C’est comme si tu me demandais pourquoi je joue de la guitare électrique et non de l’accordéon : je joue de la guitare électrique parce que c’est ce que l’on fait dans le rock’n’roll !
Danko Jones, sur scène, paraît être un grand séducteur très sûr de lui. Est-ce que tu joues un personnage, « larger than life », ou est ce que tu es comme ça dans la vraie vie ?
En fait je ne sais pas trop quelle image tu te fais de moi, du coup c’est un peu difficile de te répondre… le rock’n’roll peut donner l’impression que les rock stars sont mégalos ou égocentriques… mais de toutes façons, quoi que tu penses de moi, ce sera ta propre idée, déposée dans ton esprit, et je ne peux pas vraiment contrôler ça. En fait, si tu écoutes bien les chansons, la seule chose que je raconte sans cesse, c’est que je n’arrive pas à être avec les filles, je raconte ces moments où les filles me rejettent ! Je ne parle que de cette affreuse chose qui consiste dans le déphasage entre les hommes et les femmes et surtout de ma tristesse lorsque la fille ne veut pas de moi… ce qui ne colle pas vraiment avec ton idée d’un grand séducteur à qui rien ne résiste. Quant au personnage de scène, personnellement je n’ai pas l’impression de le calculer : je suis moi-même, je me montre tel que je suis, je donne ce que j’ai en moi et puis le reste, la perception que tu en as, je n’y peux rien. J’essaye juste de faire de la musique honnêtement.
Comment gères-tu le fait d’être un fantasme et un sex-symbol pour tant de femmes ?
Ho… je suis un fantasme ? Whoah… je suis un sex-symbol ? En fait je ne me suis jamais vu comme un sex-symbol, mais si quelqu’un me dit que je suis perçu comme tel… hé bien, je suis flatté, j’aime beaucoup ! Je préfère franchement être perçu comme un fantasme que comme un sale type moche, un être humain dégoûtant, c’est objectivement plus agréable à entendre !
Y a-t-il des femmes qui font du rock’n’roll et que tu aimes écouter ou voir sur scène ?
En fait je ne vois pas les choses comme ça… C’est une question difficile parce que je ne vois pas la musique en termes de genre, même si beaucoup de personnes le font. J’ai quand même un problème à estampiller un groupe en tant que « groupe de rock féminin » et je suis d’ailleurs assez étonné que certaines se catégorisent elles-mêmes ainsi. Alors du coup, comment fait-on ? A partir de la présence d’une femme, c’est un groupe féminin, ou il faut que tous les membres soient féminins, ou juste la majorité ? Enfin, je trouve ça un peu vain. Si Iggy Pop devenait une femme demain, je ne l’aimerais pas plus ou moins, ce qui m’importe c’est sa musique, parce qu’elle me parle. Je ne suis pas aveugle, bien sûr, j’aime voir des belles filles jouer du rock’n’roll… mais d’abord j’écoute le groupe, si c’est un grand groupe et qu’il se trouve que ce sont des filles, j’en prends acte, mais je ne mets pas des guillemets pour évoquer des « girls bands » dans le rock.
Qu’est ce que tu aimes faire le dimanche matin avec ta copine si tu n’es pas en tournée ?
Quand je ne suis pas en tournée ? Sex et ensuite brunch !
Propos recueillis par : Laura-Maï Gaveriaux
Interview : Danko Jones | Magazine Karma
[…] Si le « véritable » premier single extrait de Fire Music ne sera officiellement lancé que début 2015, Danko Jones tenait quand même à partager tout de suite quelques bonnes vibrations rock’n'roll avec ses fans en mettant en ligne le titre Gonna be a Fight Tonight. Un uppercut électrique illustré par des images filmées pendant l’enregistrement de l’album, ainsi que lors de la Motörboat (la fameuse croisière organisée par Motörhead) et à l’occasion d’un concert donné au parc d’attraction de Gröna Lund. Ces trois gaillards sont venus présenter leur album en avant-première sur la scène du Divan du Monde à Paris le 28 novembre 2014, dans le cadre du festival Bring The Noise, un évènement 100% gratuit organisé par Oui FM. Le bassiste John Calabrese revient sur leur carrière et parle de ce nouvel album. Une occasion aussi de relire l’interview faite en 2012 (déjà !) du frontman charismatique du groupe ici. […]