Interview: Cody ChesnuTT

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Avec ses ruminations honnêtes, socialement conscientes, le troubadour de la soul Cody ChesnuTT continue de défier les notions populaires de ce que représente la musique soul moderne. Pendant une décennie, le succès du guitariste d’Atlanta à la voix douce est plutôt limité, jusqu’à ce que The Roots le soutiennent en 2002. Le protagoniste des chansons de Landing on a Hundred (paru sur One Little Indian Records) est entre-temps célébré pour sa soul franche et agréable à l’oreille. Le titre fait référence à l’expression d’argot américain « Keeping It One Hundred » ce qui renvoie au fait de dire la vérité, et cet album est un must pour les amateurs de la vraie southern soul. Les pistes rythmiques ont été enregistrées avec un groupe de dix musiciens aux Royal Studios à Memphis, lieu de naissance de quelques-unes des plus grandes œuvres d’icônes de la soul et du blues telles qu’Al Green, Buddy Guy ou encore Ike & Tina Turner.

Les thèmes abordés sur Landing On A Hundred couvrent de nombreux problèmes d’adultes : le chemin d’un homme vers la rédemption après des années passées à courir les femmes et fumer du crack, la puissance et les exigences d’un amour conjugal qui brûle à feu doux et qui éclipse les simples expressions matérielles d’affection. Ce qui compte le plus dans les chansons de Cody, c’est de dire la vérité : comment elle se révèle dans les pensées les plus sombres, comment elle peut guérir d’anciennes blessures en tapant dans ses mains et en frappant des pieds sur le sol.

Plus récemment, il a fait preuve de son talent avec le morceau What Does Freedom Mean To a Free Man entendu sur la bande originale du film 12 Years a Slave et le 16 juillet 2014, Cody ChesnuTT ravira ses fans à la Rockhal, avec sa voix sublime et ses riffs de guitare funky ! Il nous a accordé un petit moment en amont.

Peux-tu nous raconter ton premier souvenir lié à la musique ?
Il me semble que le premier souvenir remonte à un Noël où on m’avait donné un petit tambour. Je devais avoir trois ou quatre ans. Ça devait être le destin car la musique ne m’a plus lâché depuis !

Revenons un peu en arrière lors de la sortie de ton album The Headphone Masterpiece en 2002. T’attendais-tu à un tel succès pour cet album ?
Non pas du tout ! En faisant un double-album avec 36 chansons, je pensais qu’on allait me descendre en flèche dans les critiques. C’est un album tout sauf conventionnel. Je l’ai fait comme je l’ai senti. Je n’avais aucune pression d’une maison de disque, aucune limite. J’ai vraiment suivi mon intuition concernant ce disque et j’ai rapidement eu envie de le partager. J’ai eu raison. Comme quoi, il faut toujours suivre son intuition !

Entre The Headphone Masterpiece et Landing On A Hundred, ton deuxième album en 2012, se sont passés presque 10 ans. Pourquoi ce grand laps de temps entre les deux ?
En 2010 j’ai fait un petit EP, mais j’avais effectivement besoin de temps pour que ma musique prenne une nouvelle direction. Je me suis soudain senti très responsable de la musique que je mettais à la disposition des gens. Je me suis rendu compte à quel point la musique pouvait avoir une grande influence sur le public. J’ai attendu d’être plus sage, plus grand… plus fort peut-être aussi. Entre temps, je pense aussi avoir une vie un peu plus saine qu’auparavant. Ça aide à avoir les idées un peu plus claires sur ce que tu veux donner à ton auditoire.

Je suppose que le fait de devenir papa pendant cette période a eu une grande influence sur toi, non ?
Un impact majeur, oui ! Quand tu as des enfants, tu grandis avec tes enfants ! Ma musique le reflète un peu, car j’ai envie que mes enfants soient fiers de leur père quand ils seront en âge de comprendre ce que je raconte dans mes titres. Depuis que j’ai des enfants, j’ai envie de toujours donner le meilleur de moi-même. C’est peut-être une sorte d’héritage que je leur lègue, donc ma musique est très importante.

Qu’as-tu changé concrètement dans ta façon de travailler entre ces deux albums studio ?
Je pense que j’ai consacré plus de temps à l’écriture. Dans mon premier album, j’ai mis plus l’accent sur la musique. Je voulais que cet album ait du groove et du style. Dans le deuxième, je voulais transmettre quelque chose de plus profond par les textes. J’y ai mis plus de ma vie personnelle aussi. Pendant ce laps de temps, j’ai vécu un voyage émotionnel et spirituel et je voulais que mon album transpire tout ça. Ce deuxième album est donc pour moi plus une expérience humaine ou émotionnelle que musicale.

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Tu as participé à l’écriture de la bande originale du film 12 Years a Slave. Pourquoi avoir dit oui à ce projet ?
C’était important pour moi de participer à ce projet car, là aussi, je pense que c’est véritablement une expérience humaine. Cette chanson m’a aidé à grandir et à mûrir. Ce film fait partie de ces longs métrages qui vous marquent. Il fait partie de mon histoire, de notre histoire à tous et de l’histoire de mon peuple et de ma communauté. Je suis fier de pouvoir dire que j’ai contribué un peu à ce très beau projet. Parler de ses ancêtres est très noble à mes yeux.

Enfin pour terminer, la question rituelle pour le magazine Karma: préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones ? Et pourquoi ?
Les Beatles ! J’aime leur façon d’écrire ! Pour moi, leur musique a évolué beaucoup plus pendant leur carrière que celle des Rolling Stones.

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

 

 

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