Interview : Blondie – Chris Stein

NY photo shoot 4 - credit Danielle St. Laurent

Avec déjà son catalogue impressionnant de tubes comme Denis, Atomic, Heart of Glass, Rapture et Hanging On The Telephone, le show de Debbie Harry et son groupe à la Rockhal est un événement. En concert, Blondie sert toujours un mélange élégant de sons qui varient entre pop, reggae et rap, avec une touche de disco rétro et d’électro-pop. Assurez-vous d’être présents à ce concert, car Blondie s’apprête à ravir ses fans le jeudi 19 juin 2014 à la Rockhal !

Grâce à la qualité constante de son travail, le groupe  Blondie a vendu plus de 40 millions d’albums dans le monde entier, au cours d’une carrière de presque 40 ans et il s’en sort toujours très bien, en assurant régulièrement des tournées et en sortant du nouveau matériel. Le nouvel album succède au dernier disque Panic of Girls qui avait été publié en 2011. Avec 9 albums, Blondie a réalisé un succès planétaire et a été admis en passant au Rock and Roll Hall of Fame, assurant ainsi une continuité de vagues musicales, avec des chansons plus que jamais classiques.
Ils publieront fin mai 2014 un package de deux disques contenant la nouvelle collection de chansons Ghosts of Download et l’album intitulé Deluxe Redux: Greatest Hits comprenant de nouveaux enregistrements des plus grands succès du groupe ainsi qu’un DVD. Mais Blondie ce n’est pas que Debbie Harry et sa chevelure couleur or. Blondie ne serait pas Blondie s’il n’y avait pas eu le pygmalion Chris Stein, cofondateur, guitariste du groupe et ancien partenaire de Debbie et c’est bien celui-ci qui nous a accordé un peu de son temps.

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Dans un récent documentaire de la BBC le journaliste a demandé à Iggy Pop s’il pensait qu’il y avait un groupe décent de pop après Blondie. Sans hésitation il a dit : « Je ne pense pas. ». Qu’en pensez-vous ?
(rires) Waouh ! C’est vraiment super. Iggy Pop nous a toujours beaucoup soutenus et c’est vraiment très gentil de sa part.

Écoutez-vous aujourd’hui de la pop récente ?
De temps en temps oui. En fait je pense que j’ai aujourd’hui beaucoup plus le temps d’écouter ce qui se passe autour de nous qu’à l’époque où on a commencé avec Blondie. On nous disait précurseur de mode et de style, or on s’en fichait royalement. On vivait à l’instinct.

Revenons un peu aux années 1970, aux racines de Blondie à New York City. Décrivez-moi la ville.
New York était en plein délabrement dans les années 1970. Il y avait des faillites et beaucoup de crimes. Je pense qu’on pouvait plus apparenter NY au far west à l’époque. Aujourd’hui c’est totalement différent, les prix de l’immobilier ont beaucoup augmenté. Je pense que les groupes qui essaient de percer aujourd’hui à NY auront beaucoup plus de mal que nous à l’époque, même si la ville grouillait d’artistes en tous genres.

Debbie parle de votre première rencontre dans les mémoires appelées « Making Tracks: The Rise of Blondie » et elle dit que pour elle cela a été une « connexion psychique très forte » d’emblée avec vous. Quelle est votre version des faits ?
Je l’ai vraiment trouvée tout de suite fantastique. Elle était vraiment incroyable. Je pense que j’ai tout de suite vu en elle ce qu’elle allait devenir plus tard. J’ai vu que je pouvais travailler avec elle et qu’elle avait une aura très particulière.

Vous l’aviez vue avec le groupe The Stilettos au mythique club CBGB (ndlr : acronyme de « Country, Bluegrass, Blues and Other Music For Uplifting Gormandizers », soit en français « Country, bluegrass, blues et autres musiques pour gourmandiseurs raffinés ») la première fois, c’est bien exact ?
Oui, c’était un biker bar du Bowery à New York à l’époque. C’était un quartier assez mal famé de NY et excentré, donc tu ne passais pas par là par hasard. Il fallait connaitre. C’est devenu le quartier général des Hells Angels et beaucoup de groupes sont passés par cette scène. Les Ramones, Patti Smith, Talking Heads et j’en passe. Ce bar était très underground dans le sens où seuls les initiés le connaissaient. C’était très funky.

En parlant de Patti Smith, la légende dit qu’elle n’a jamais voulu partager l’affiche avec Blondie du temps du CBGB justement. C’est vrai ?
Je n’en sais rien mais c’est possible, oui. Dans le temps, tout le monde était en compétition avec tout le monde. Cela s’est bien arrangé depuis. On adore Patti Smith !

Vous êtes passés par plusieurs dénominations avent de choisir « Blondie » définitivement. Il y a eu « Angel and the Snake » ou « Blondie and the Bonzai Babes », pourquoi « Blondie » finalement ?
La légende dit que c’est à cause d’un chauffeur de taxi qui aurait appelée Debbie « blondie », mais en fait tout le monde l’a appelé comme ça, à partir du jour où elle a teint ses cheveux en blond (rires). Donc finalement c’est resté.

 

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Donc si elle avait eu les cheveux bruns, vous vous seriez appelés « Brunette » ? C’est sympa aussi !
(rires) Oui, peut-être !

A partir de quand exactement avez-vous senti un grand changement dans votre carrière ?
Le tournant a eu lieu quand Heart of Glass est sorti et nous avons quasiment tout de suite été numéro un aux Etats-Unis. Ensuite cela s’est propagé partout dans le monde comme un feu de forêt et l’album s’est vendu à des millions d’exemplaires. On a toujours essayé de rester fidèles à nos racines et à nos principes, mais les sollicitations devenaient de plus en plus nombreuses et le travail, par conséquent, aussi. Ce n’était pas évident de conserver une perspective commune au groupe et de garder tous les egos ensemble. Je pense qu’on avait tous tendance à se disperser un peu.

Vous êtes aussi tombé gravement malade suite à cela ? (ndlr : En 1983, une maladie auto-immune dermatologique rare est diagnostiquée chez Chris, le pemphigus)
Oui, je pense que c’est en partie lié au travail mais aussi à toutes les drogues que nous prenions. Il faut bien se l’avouer.

Parlons un peu de votre nouvel album. La couverture est très réussie. Que représente-elle ?
Oui, je l’aime beaucoup aussi. La couverture de Ghosts of Download a été faite par JH Williams III. C’est un joli portrait de Debbie un peu stylisé. On a fait pas mal d’erreurs dans les couvertures dans le passé : on fait attention maintenant. Le nom aussi de Ghosts of Download veut dire plusieurs choses, mais on veut que chacun y trouve sa propre explication. Comme le magazine s’intéresse aussi aux arts graphiques, il faudra que tu regardes le documentaire sur JH Williams III, je pense qu’il doit être disponible sur internet.

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C’est noté, merci ! Oui, je pense notamment à la couverture de « The Hunter ». Elle est pour le moins très étrange…
Oui, à la base l’idée était d’avoir des têtes d’animaux sur la couverture. On voulait faire un maquillage sympa, mais pour cela, la maison de disque aurait dû faire appel à un vrai maquilleur ou quelqu’un qui fait les effets spéciaux dans les films. Là elle est vraiment ridicule. C’était bien avant l’époque de Cats et des comédies musicales mais ils ont dû s’en inspirer (rires) !

Blondie - The Hunter

Après 40 ans de carrière, qu’est-ce qui vous plait dans le fait d’être sur scène encore aujourd’hui ?
Je ne sais pas vraiment… Je pense que c’est vraiment bien de se sentir acceptés par la majorité des professionnels aujourd’hui et de voir que notre public est toujours présent. Pour la première partie cela n’a pas toujours été le cas. De jouer devant un public très nombreux, ça aussi c’est vraiment cool. Je suis vraiment très fier de notre unité à ce jour.

Chez Karma nous avons une question rituelle : préférez-vous les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi
J’ai toujours adoré John Lennon et sa mort a été une vraie tragédie mais je pense que je vais choisir les Rolling Stones. Les Beatles sont les sages et les Stones plus dangereux. Par contre je dois dire que ma chanson préférée est la version en allemand de la chanson I Want to Hold Your Hand. Je ne pourrais même pas t’expliquer pourquoi, car je ne parle pas allemand, mais la sonorité de cette chanson est hyper intéressante et elle me parle.

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

Et leur nouveau single de Blondie peut être écouté (et lu) ici :

 

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