Interview : BRNS

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Les quatre Belges de BRNS seront sur la scène de l’Autre Canal, jeudi 13 novembre. Un concert que l’on vous recommande chaudement ! En attendant, nous avons rencontré Timothée Philippe (chant, batterie) et César Laloux (percussions, synthé) lors de leur passage par le festival breton Les IndisciplinéEs. Ils reviennent sur leur premier album sorti en octobre, l’importance du graphisme pour le groupe, leur changement de label et Stromae…

Karma : Votre premier album est sorti il y a quelques jours, est-ce que ça change quelque chose de devoir le défendre, par exemple sur scène ?
Timothée : Pas vraiment, parce qu’en fait, le premier EP, malgré le fait que ce soit un EP, on l’a vraiment exploité comme un album. On a vraiment tourné avec et tout. Le problème avec l’EP, c’est qu’il y a très peu de morceaux, donc on a très vite du rallonger un peu les sets. On a dû utiliser des morceaux qui se sont retrouvés sur Patine. C’est un peu la grande continuité. Même au niveau de la scéno, on n’a rien changé non plus, on a juste un « light up » qui fait la plupart des dates et qui offre vraiment un spectacle plus complet.
César : Ouais voilà. Ce qui est quand même différent, c’est que c’est un peu plus cool parce que les gens connaissent quelques chansons de l’album, comme ça fait deux ans qu’on les joue en live. Une fois que l’album est sorti, les gens connaissent de plus en plus les nouveaux morceaux. C’est un truc assez cool, parce qu’avant, tu faisais ton EP, les gens faisaient « ah ouais ! », mais sur les nouveaux morceaux, ils étaient un peu plus décontenancés. Là, c’est un peu mieux.
Timothée : Bien résumé.

Pourquoi avoir appelé l’album Platine ?
Ensemble : Patine ! (rires)
Timothée : Les gens font la faute.

Pardon, pardon, pardon ! J’ai lu Platine.
Timothée : Ouais, mais tout le monde se trompe.

Donc c’est Patine ! Pourquoi ce nom alors ?
Timothée : La patine, c’est le résidu de matière. Par exemple, sur du mélange de poussière et de rouille sur du métal, ou un truc comme ça. C’est un peu un résidu du temps sur la matière. En fait, c’est en voyant la pochette qu’a fait Boris Görtz, notre ami, qu’on a pensé à ça. Il a fait une sorte de maquette avec des plaques d’acier, il l’a fait rouiller avec des produits bizarres. Lui a fait ça en écoutant notre musique, parce qu’il trouvait qu’il y avait plusieurs couches de matières différentes. Et il a fait sa maquette et nous avons trouvé le mot « patine » en regardant son travail. Voilà. Je ne sais pas si j’ai été très clair. (rires)

Si, ça va ! Vous parlez des pochettes… Vous attachez une attention particulière au graphisme, non ?
César : Disons qu’on essaye toujours de confier ça à des artistes. Pareil pour les clips, dont on aime bien le travail. On leur laisse carte blanche, on n’est pas à leur dire « faut faire comme ça » où « on veut ça ». C’est juste qu’on choisit les gens avec qui on veut travailler et on prend le parti de leur faire confiance de A à Z.

C’est important pour vous ?
César : Ah oui ! L’image, c’est presque le plus important. T’y échappes pas.
Timothée : Ouais et puis dans les milieux où la créativité a vraiment sa place, c’est vraiment important. Comment pouvoir donner à un artiste toutes les cartes ? Il faut lui dire : « voilà, écoute, fais ton interprétation, tu sais ce que tu fais. » Moi, j’ai bossé un peu dans le graphisme et je sais bien que ce qui m’a plombé, c’était de toujours devoir trouver des compromis avec les clients et les patrons et compagnie. Je suis content de pouvoir dire à un graphiste : « fais toi plaisir ». Je trouve ça cool.

Vous avez changé de label pour cet album…
Timothée : Ouais on était chez Naïve et maintenant on est chez Pias.

…Pourquoi ?
Timothée : Bah, ça s’est mal passé en fait. Il y avait une restructuration et surtout, un manque de budget, mais comme dans tous les labels un peu indépendants.
César : On n’était plus vraiment une priorité, parce qu’on n’est pas le gros groupe qui rapporte plein de thunes.
Timothée : Voilà. Et Pias, tout simplement, parce qu’on avait un bon contact. C’est un label belge à la base et on avait un vrai bon contact avec eux, parce qu’ils faisaient la distribution de l’EP qu’on avait fait chez Naïve. On s’est dit pourquoi pas travailler complètement avec eux ? L’équipe était super, hyper cool. Ça compte aussi. On est bien content.

Vous tournez beaucoup. Vous avez une anecdote sympa à partager sur cette tournée ?
Timothée : Ah ça, il y’en a !
César : On a une pile d’anecdotes, mais t’en retrouver une comme ça…
Timothée : Si il y en a une bonne aujourd’hui, le pauvre César joue de la guitare depuis pas super longtemps sur scène et pour raccorder sa guitare, c’est toujours un peu la croix et la bannière. Aujourd’hui, on lui a fait une petite blague (rires) : on lui a désaccordé complètement sa guitare et pendant le soundcheck, il y va à fond et balance un énorme accord pour voir si sa guitare marche…
César : Ça a fait un son hyper faux.
Timothée : Bon apparemment, ça nous a plus fait rire que l’équipe. Mais voilà, c’est pas très sexy comme anecdote, mais on a pris un bon fou rire.

Pourquoi avoir fait le choix de textes en anglais ?
Timothée : L’anglais, c’est une langue beaucoup plus musicale que le français. En français, il y a un bagage gigantesque et t’as vite l’air con si tu dis des choses très simples. Donc, on a tout simplement choisi de chanter en anglais. Il y a aussi le fait qu’on écoute énormément de groupes américains, toutes les chansons sont en anglais. Personnellement, je ne fais jamais attention aux paroles des chansons, mais à la musicalité, à un air qui sonne bien et c’est un peu comme ça que ça me plait. D’ailleurs, à la base, quand on compose une chanson, on va toujours baragouiner un truc qui ressemble à de l’anglais et les paroles, on les écrit après en essayant de trouver les mots qui se rapprochent le plus du baragouinage. La musicalité est hyper importante.

La musique est plus importante que le texte pour vous ?
Timothée : On fait attention aux paroles aussi. Mais ça n’arrive qu’en fin de parcours.

Quelles sont vos influences ?
César : Il y en a tellement. Ca brasse toute la pop. On écoute dans le groupe des trucs totalement différents les uns des autres. On se retrouve dans la pop. Je dirais que la grosse influence, c’est Radiohead.
Timothée : C’est un peu le groupe qui nous sert d’exemple. C’est le groupe qui nous a ouvert l’esprit dès le plus jeune âge. T’as 14 ans, t’écoutes Radiohead, tu piges pas tout, mais ça fait tout. Après, il y a aussi tous les groupes de pop un peu expérimentale, genre Animal Collective, un groupe qui nous a forcément influencé. Mais on continue à être influencés par énormément de groupes, au jour le jour. On découvre plein de trucs. Il y a pleins de groupes hyper classes qu’on a découvert sur le tard qui font parti de notre background de pop expérimentale, de nouvelle pop. Après, je pourrais t’en citer plein !

Vous parliez de Stromae en voyant la couverture du Magazine Karma, est-ce que son succès fait de l’ombre aux groupes belges comme le votre ?
César : Non, on ne chasse pas vraiment sur le même terrain que lui. Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il nous fait de l’ombre. Je pense au contraire qu’on ne peut que se réjouir du succès d’un artiste de son pays, d’avoir un ambassadeur comme lui.
Timothée : Surtout que sa musique est vraiment vachement respectable. Ce n’est pas juste du boom-boom, il y a une intelligence derrière et du travail. Stromae, c’est un des mecs qui tient tout en main, c’est pour ça d’ailleurs qu’il arrête de tourner. Il n’en peut plus. Il décide tout, tout, de quelle manière il s’habille, comment il va faire sa communication, c’est fou. C’est vraiment respectable. Nous il ne nous fait pas de l’ombre, au contraire, c’est plutôt…

Une brèche ?
Timothée : C’est une autre brèche. Lui, c’est l’autoroute, et nous c’est le sentier ! (rires)

Enfin, notre question rituelle : Beatles ou Rolling Stones ?
César : Beatles ET Rolling Stones. J’ai lu que quelqu’un avait répondu ça une fois à une interview et je trouvais qu’il avait raison. Il en avait marre qu’on lui demande de choisir entre l’un et l’autre.
Timothée : Je crois qu’on est tous plus Beatles. Sauf Antoine, qui n’est ni Beatles, ni Rolling Stones, sinon, on est clairement plus Beatles.
César : C’est notre côté bisounours.
Diego Leyder (guitariste du groupe qui vient d’arriver) : Alors que les Beatles… Euh, je peux m’introduire dans la conversation ?

Bien sûr !
Diego : Les Beatles sont des vrais bad boys à la base. Les Stones sont des gros enfants de bourgeois. Et en fait leur image est complètement inversée. Les Beatles, on les a calmé, alors qu’ils étaient des gros supporters de foot, ils étaient à fond.
César : C’est souvent les plus méchants qui font les musiques les plus tapettes, j’ai l’impression. (rires)

Propos recueillis par Manuella Binet.

Extrait de Mexico live aux IndisciplinéEs de Lorient :

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