Interview : Anathema

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Anathema est à l’origine un groupe de death-doom britannique (courant à la croisée du doom metal et du death metal popularisé aussi par My Dying Bride et Paradise Lost) formé à la fin des années 1980 à Liverpool par Darren White, les frères Cavanagh, Danny et Vincent, et le bassiste Duncan Patterson. Le groupe évoluera au fil des années dans un rock plutôt psychédélique et atmosphérique.

Quelques mois après leur concert au Bataclan, le sextuor britannique revient pour un concert événement de trois heures au Trianon le lundi 13 avril 2015, revisitant les tubes du groupe, sous une soirée appelée « Resonance ». Cette soirée sera marquée par la présence de deux special guests : Duncan Patterson, bassiste du groupe de 1991 à 1998, et Darren White chanteur de 1990 à 1995. Nous avons parlé de cette soirée et des futurs projets du groupe avec Vincent Cavanagh, membre fondateur qui joue de la guitare et qui chante désormais depuis le départ de Darren.

Bonjour ! Avec votre tournée « Resonance » qui arrive et une série d’albums qui vont sortir remasterisés, te sens-tu dans une période de nostalgie en ce moment ? 

Non, pas vraiment. Je ne suis pas du genre nostalgique. C’est vrai qu’avec tout ça, je vais être obligé de me remettre un peu dans les anciens morceaux, mais je ne suis pas du style à regarder en arrière. J’ai hâte d’être sur la route et surtout j’ai hâte de retrouver mes deux comparses Duncan Patterson et Darren White. Cela me rappellera nos premières tournées. Nous n’étions jamais sortis de Liverpool à l’époque et les tournées m’ont vraiment donné le goût du voyage. Aujourd’hui j’apprécie beaucoup le fait de bouger et de voyager. J’ai l’impression que ce sont des congés payés. (rires !)

Tu ne vois donc pas ça comme du stress ou de l’attente entre les concerts ? 

Non et je ne comprends pas ceux qui osent se plaindre. On t’offre le voyage, la nourriture, tu rencontres souvent des gens intéressants sur la route et en plus on te paie pour que tu puisses jouer dans de superbes endroits tous les soirs. Tant qu’on n’aura pas la machine à te beamer dans un endroit en particulier en quelques secondes, comme dans Star Trek, je pense qu’il faut faire avec et surtout ne pas se plaindre.

Je vais te demander de regarder un tout petit peu en arrière cependant. Quand tu vois tous les différents styles de musique que vous avez joués, es-tu fier aujourd’hui de cette évolution ? 

Absolument ! Je pense qu’avec Anathema, nous avons toujours essayé d’être en avance sur notre temps. Quand les médias réussissaient à nous classer dans une catégorie, nous avions déjà évolué vers autre chose. C’est hyper jouissif en fait. On nous a mis dans du doom, puis du metal, puis du gothic. Je vais clarifier une chose ici : nous n’avons jamais rien eu à voir avec le gothic. Aucun de nous met du maquillage, ni de vernis à ongles noir ou de mascara. Je voulais le clarifier une bonne fois pour toute ! Note-le s’il-te-plait !

Pour revenir à ta question, oui je suis très fier de notre évolution. Nous n’avons jamais fait de compromis. Je pense que c’était Thom Yorke des Radiohead, qui disait qu’il fallait être toujours prêt à perdre des fans. Nous ne jouons pas le jeu commercial en choisissant l’option la plus sûre, mais nous faisons de la musique de manière honnête et intègre. Quand tu fais de la musique, c’est un peu comme quand tu te regardes dans un miroir et je tiens absolument à être fier du reflet que je renvoie. 

Est-ce que c’est ta définition de l’artiste en général ?  

Non, c’est la définition de l’artiste comme je le suis, moi. C’est ce qui représente les artistes que j’admire le plus comme justement Radiohead, les Beatles ou encore Pink Floyd. Ils ont toujours respecté qui ils étaient et n’ont pas hésité à prendre des chemins très variés en matière de musique. Cependant ils ont toujours eu énormément de succès et sont considérés comme des génies aujourd’hui. Leur musique c’est ce qu’ils sont. Il y a des artistes qui ont toujours fait la même chose, comme AC/DC, par exemple. Si demain AC/DC fait de la musique jazz fusion, je pense que le public ne les suivrait pas. Ce sont des entertainers et il y a rien de mal à ça. Moi, je ne fais pas de la musique pour amuser les autres. 

Non, tu fais de la musique pour t’amuser, toi. 

Exactement. Et c’est comme ça que le groupe a commencé. Nous étions des enfants et nous n’avions même pas d’instrument de musique convenable à l’époque. Nous jouions pour nous et jamais pour les autres. D’ailleurs nous n’invitions jamais personne. Nous avions une seule guitare qu’on se partageait et on avait des bâtons avec lesquels on jouait sur le canapé en y apposant des magazines pour que ça fasse le bruit de la batterie. Nous avons un petit enregistreur-jouet de chez Fisher-Price et c’est tout. 

Revenons désormais à la tournée « Resonance ». A quoi peut s’attendre le public ? 

Nous avons prévu un show de trois heures, divisé en trois grandes parties qui correspondent à trois périodes de notre musique. Le spectacle est dans l’ordre chronologique inverse, donc nous commençons par les morceaux les plus récents pour finir avec les plus anciens. Pour la troisième et dernière partie, Darren reprendra son ancien rôle de chanteur et frontman, ce qui est cool, car je n’ai jamais voulu atterrir dans ce rôle, mais on m’y a un peu obligé. Pendant que lui, il chantera, je pourrai rejouer de la guitare rythmique et le regarder faire. Je préfère être en retrait en fait.

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Vous avez aussi une tournée de prévue dans les cathédrales pour la fin de l’année. Pourquoi ce choix particulier ? 

Nous avions fait des concerts acoustiques l’année dernière et cela nous a vraiment plu. Puis, nous avons eu cette proposition pour une cathédrale fin de l’année et on a décidé de chercher d’autres cathédrales pour compléter cette petite tournée spéciale. Nous aurions un joueur de violoncelle avec nous, un percussionniste et un pianiste. Nous avons réarrangé nos morceaux spécialement pour cette tournée. On passera aussi par une cathédrale à Liverpool et on a hâte d’y jouer comme c’est notre ville d’origine. Là en ce moment on recherche une cathédrale à Paris, mais on est en discussion avec St-Eustache.

Pourquoi pas Notre-Dame ? 

Tu as raison. Il faut voir grand. Si St-Eustache ne fonctionne pas, on demander à Notre-Dame. (rires !) 

Après cette tournée des cathédrales acoustique, que comptes-tu faire ? 

Je vais me reposer un peu, puis je vais devoir déménager à Londres. Cela fait sept ans que je suis à Paris, cela va vraiment me changer. Ici j’ai pu surfer sur la vague du petit accent charmant ici en France. J’ai constaté que l’accent anglais, ça marche avec les femmes. (rires !) 

Je confirme ! (rires) Donc oui, tu vas déménager et ensuite ? 

Il y a quelques concerts de prévus aux Etats-Unis, dont notamment la Yes Cruise dans les Bahamas. J’ai vraiment hâte. On a déjà participé à des croisières-concerts et le plus dur c’est de résister à la tentation de la bouffe. C’est toujours la Grande Bouffe ! (ndlr : en français lors de l’interview) Par contre ce que je préfère c’est le spa. Le matin tôt, il n’y a personne et c’est le meilleur moyen de cuver son alcool de la veille.

Je pense qu’on va faire un nouvel album quelque part pendant l’été 2016, après avoir écrit quelques chansons. J’aimerais que John Douglas, le batteur, s’investisse un peu plus dans l’écriture et fasse évoluer son style. Il ne va pas aimer que j’en parle ici, mais bon tant pis. J’aimerais aussi incorporer plus d’éléments électros dans notre style. 

Une dernière question avant de terminer : notre question rituelle. Beatles ou Rolling Stones ? Et pourquoi? 

Les Beatles bien sûr ! Pour moi, les Beatles et les Pink Floyd sont des pionniers. Personne n’arrive à leur cheville. Fin de l’histoire. 

 

Propos recueillis par : Nathalie Barbosa

 

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