N’en déplaise aux grincheux nostalgiques, le rap ce n’était pas mieux avant. L’association Boumchaka était bien décidée à le prouver en invitant le jeune parisien Georgio à se produire à la BAM de Metz le vendredi 5 décembre. La nouvelle garde est en marche et prête à exploser.
A l’aise autant dans des salles de concert comme les Trinitaires, que dans des bars, l’association thionvilloise a vu les choses en grand en venant à la Boîte A Musique en ce début de week-end. Toujours à la recherche d’une cohérence et d’une particularité dans le choix des artistes, le rap français est à l’honneur avec Georgio et ses vingt bougies. L’occasion pour les messins de (re)découvrir le rappeur du 18ème arrondissement parisien, déjà venu en début d’année commencer sa tournée hexagonale. De quoi boucler l’année d’un artiste qui ne cesse de faire parler de lui tout en lui montrant la confiance du public lorrain.
Ravis par un nombre de pré-ventes au-delà de leurs estimations, les membres de Boumchaka montrent une fois de plus leur savoir-faire et leur connaissance pour les musiques urbaines. De bonne augure à quelques mois de la quatrième édition de leur festival électro hip-hop Freeeeze. Dans un soucis de mettre en avant la scène locale, l’artiste solo DJal, le groupe LLM et le collectif Le Saloon sont conviés. L’occasion de se rendre compte de l’éclectisme et du talent d’une scène messine active et ambitieuse.
Le public le sait bien et est venu encourager les formations avec un accueil chaleureux. Le thionvillois Djal a pu montrer son rap réaliste et tout terrain afin de chauffer la foule. Pour leur quatrième concert, les trois rappeurs de LLM assurent ensuite un set convaincant. Même si le jeu de scène est parfois un peu brouillon, la bonne humeur communicative de la salle donne du charme à la musique des jeunes MCs. Avec une moyenne d’âge proche de la majorité, les spectateurs ne manquent pas d’enthousiasme. Tant mieux car les quatre camarades du Saloon viennent proposer eux aussi un hip-hop communicatif et joyeux tout en restant technique. Rien de plus normal avec Ektir et El Lobo, respectivement champions nancéien et messin du End of the Weak, accompagnés de leurs compères Fovea et Cotchei sans oublier leur DJ VLR. Improvisation, morceau sur les vacances et véritable performance scénique, il y a tout pour que les gens soient prêts pour Georgio.
Accueillit comme il se doit, le parisien arrive en trombe sur la scène accompagné de son backeur pour entamer le concert immédiatement. Le show vient à peine de commencer et déjà la foule est survoltée et se met à crier les rimes qu’elle connaît par cœur. Ca sera comme ça pendant toute la fin de la soirée, sans interruption. Enchaînant ses titres les plus connus issus de ses nombreux projets, le rappeur ne s’arrête jamais. Il saute sur place, bondit de chaque côté de la scène, interagit avec le public, l’incitant à faire des pogos ; tout est mis en œuvre pour un set sans temps mort. Le parisien contrôle chaque moment et fait preuve d’un vrai charisme une fois le micro en main, malgré son physique mince et son visage encore un peu juvénile.
Les fans sont nombreux et reprennent sans problème les paroles du MC, comme pour les piliers du genre. Il faut dire qu’avec déjà plusieurs EPs et albums en poche, il a déjà pu se construire une discographie convaincante. A l’Abri, Nouveau Souffle, Soleil d’Hiver, tant de projets qui lui permettent de se construire un set entre morceaux énergiques (La Tour de Babel, BlackJack), conscients (Saleté de Rap), et d’avoir déjà des hits aussi efficaces en live.
Pas de rappel pour le rappeur qui avait invité ses amis MCs pour profiter eux aussi de cette dernière date. Les dernières minutes sont alors un vrai bazar euphorique où tous les membres de l’équipe de Georgio prennent le micro un à un. Avant que Smells Like Teen Spirit de Nirvana soit jouée à fond, déclenchant une liesse générale dans toute la pièce. Une manière peut orthodoxe de finir un concert de rap, mais signe surtout de la fraîcheur d’une nouvelle vague d’artistes respectueux des codes mais dotés d’une ambition à peine voilée. Une fois de plus la BAM a su prouver son intérêt pour cette musique tout en faisant confiance aux locaux et à la jeunesse, tandis que l’on en attendait pas moins de Boumchaka.
Auteur : Nathan Roux