Alors que tout le monde enfile des vêtements chauds et ne souhaite pas sortir, l’association Boumchaka décide depuis quatre ans de lutter contre le froid par tous les moyens. Avec le hip-hop et l’électro comme moteur pour réchauffer les cœurs et les esprits, elle semble y être arrivée. A tel point que son festival Freeeeze revient une nouvelle fois en cette période hivernale, du 24 janvier au 14 février, avec une programmation encore plus ambitieuse, des spectacles toujours plus éclectiques et une présence sur la carte agrandie. Récapitulatif du programme.
Avec une centaine de concerts organisés par an, l’association n’est pas du genre à se reposer et compte bien approfondir son travail avec ce festival auquel elle tient énormément. Devenu en quelques années le plus grand festival lorrain rassemblant ces deux types de musique, il est la vitrine de toute l’équipe ; de leur passion, de leur motivation et de leur acharnement pour faire bouger la région et ses alentours. Ainsi, durant trois semaines, 6 villes et 2 pays accueilleront les artistes et le public.
Comme un symbole d’ouverture aux défis culturels lorrains et afin de garder le regard porté sur le futur, Boumchaka s’inscrit dans la mise en avant des récentes SMAC aux alentours tout en conservant ses habitudes de concerts dans les bars. L’ouverture du festival, le samedi 24 janvier, sera donc l’occasion pour le public de découvrir le Gueulard + de Nilvange, avec ses nombreuses promesses d’avenir. Tout comme de partager plusieurs approches du hip-hop à travers des artistes venus à la fois du coin, du reste de la France et même d’Outre Manche. Avec tout d’abord les Montpelliérains Set & Match qui pourront montrer tout leur potentiel avant la sortie de leur premier album au printemps. De quoi entendre du très bon hip-hop venu du Sud, avant que Gavin Meidhu ne donne sa version et ne convainque les gens de suivre son univers. Dans la tradition de la musique électronique anglaise, le duo britannique Herbaliser sera ensuite de la partie avec des influences certes hip-hop, mais aussi dirigées vers le découpages et le mixage de plusieurs styles. De quoi prouver leur talent depuis 20 ans maintenant avec un DJ set de folie. Ce n’est pas Larry Tmik qui dira le contraire, bien décidé de ne pas se laisser impressionner par le duo et bien de faire briller le talent lorrain grâce à ses machines.
Retour aux vieilles habitudes pour la date suivante, le jeudi 29 janvier, avec un passage par le bar thionvillois le Nimby. Lieu bien connu des publics suivant Boumchaka tout au long de l’année. Dans son antre, le magicien des machines Kognitif composera un trip-hop dont il a le secret afin d’encore mieux briser les limites entre hip-hop et électro. De quoi faire trembler les murs du lieu et de plonger les gens dans une atmosphère peu habituelle mais diablement efficace. La taille du lieu permettra à chacun de ressentir en lui les pulsations, comme si le musicien s’exprimerait directement à lui.
Dans le but de fédérer pour un même objectif et vision du spectacle, Boumchaka s’est associée à l’association messine Ice Freestyle, mais aussi à Ice Skating Show Metz, pour un événement inédit. Baptisé l’Ice Freeeeztyle, le vendredi 30 janvier, il verra des artistes pratiquer la danse hip-hop sur glace et tenter des figures incroyables pour en mettre plein les yeux. En espérant que le succès sera au rendez-vous pour qu’il puisse se reproduire à l’avenir. Inutile de dire que c’est à ne pas louper !Des initiations au patinage et au freestyle sur glace seront proposés aux plus téméraires et aux curieux.
Le samedi 31 janvier à l’Autre Canal signe l’une des premières grosses soirées pour l’association. Les new-yorkais de Mobb Deep viendront spécialement pour le public nancéien afin, à la fois, de réchauffer la foule grâce à leurs ambiances tout droit venues de l’enfer et leurs postures à faire froid dans le dos. Piliers du paysage rapologique américain dès la moitié des années 90, Prodigy et Havoc n’ont cessé de défendre une idée dure, brute et noire du rap. Une image de mauvais garçons qui a fait d’eux une référence dans leur domaine pour des concerts efficaces et sans concessions. Avant que ne sonne l’apocalypse, le public pourra découvrir un des aspects les plus méconnus du hip-hop ; le beatboxing. Art de la voix permettant de reproduire toutes sortes de sons, ses artistes ont acquis au fil des années une expérience impressionnante, pouvant aller jusqu’à rivaliser avec les musiciens et leurs instruments. Le Beatbox All Stars Showcase Battle permettra dès 20h à 8 participants confirmés de se départager à l’aide d’un show varié et original de 6 minutes. Concours européen regroupant les meilleurs artistes du continent, ce show promet une expérience démente pour amateurs comme néophytes. Pour clore une soirée entre technique vocale et attitude sérieuse, ƱZ viendra exprimer son talent derrière les machines pour une expérience aussi mystérieuse que son look et son masque laissent le croire. DJ Netik sera là aussi pour assurer derrière ses platines et proposer une nouvelle manière de profiter de la profession derrière les platines. Cadillac, le beatmaker derrière les titres de la plupart des rappeurs messins et des alentours sera là pour le warm-up et montrer que c’est un touche à tout.
Cette grande soirée n’empêchera pas les fans de danse hip-hop de se diriger le dimanche 1er février vers Belleville sur Meuse pour assister aux battles de Breakdance et de Newstyle dès 14h. Et ce pour la première fois de Boumchaka à la MJC du Verdunois. Avec les figures Ismael Taggae et Waydy comme juges, cette compétition sera l’occasion de voir du grand spectacle avec des participants venus des quatre coins de la France. Toujours dans l’esprit de mettre en avant cette autre dimension du hip-hop, et ses valeurs. Pour un public averti ou curieux d’en découvrir plus. Afin d’encore mieux faire découvrir tous les aspects de cette discipline, des ateliers gratuits de danse hip-hop seront disponibles de 10h à 12h, sur inscription.
Le mercredi 4 février, Gavlyn et Oh Blimey seront bien décidées à prouver que le rap américain au féminin ne se limite pas à Iggy Azaela et Nicki Minaj. Toutes deux originaires de la côte ouest, les deux rappeuses s’allient pour une tournée nommée Hastag Tour et montrer une vision originale et différente de cette musique. De quoi casser les clichés sur les filles dans ce milieu jugé macho et montrer que malgré leur jeune âge, il faudra bien compter sur elles à l’avenir. Le 7(7)Café à Metz sera l’endroit idéal pour profiter de la voix des deux amies.
Le café qui accueillera dès le lendemain des artistes différents mais non moins talentueux, à commencer par l’américain Busdriver. Rappeur et producteur, cela fait maintenant une quinzaine d’année que l’artiste ne cesse d’expérimenter sa musique pour la rendre toujours aussi unique et décalée que lui. Une maîtrise qui fait de lui une figure importante de la musique indé et du hip-hop dit abstract. Dans un style plus homogène mais non moins talentueux, Le groupe Seuss viendra s’exprimer pour la première fois en live. Pourtant ses membres n’en sont pas à leur débuts, car l’entité regroupe Télémaque, Spitch, 22 et Dante, tout juste rassemblés dans le collectif rap La Géométrie Variable. Des personnalités fortes pour un show rap qui s’annonce survolté.
Coutumière de l’événement, la salle des Trinitaires de Metz accueillera le vendredi 6 février l’End of the Weak, le concours que se dispute nombre de MCs venus s’affronter à coup d’improvisations et de démonstrations de techniques. Un show incontournable pour qui s’intéresse au Mcing dans sa forme la plus pure et travaillée. Ca tombe bien, puisque après les rappeurs du collectif lyonnais l’Animalerie monteront à leur tour sur scène. Anton Serra, Lucio Bukowski ou encore Oster Lapwass, tous sont des leaders du rap du pays des gones et ne sont plus à présenter pour qui s’intéresse de près au rap hors capitale. Des discours conscients, des rimes avisées et un formidable talent font de ces artistes des vrais piliers.
Le samedi 7 février sera sûrement la soirée charnière pour Boumchaka. La BAM accueille Dante Terrell Smith aka Yasiin Bey aka Mos Def. Rappeur américain avec plusieurs casquettes, il s’est vu ouvrir les portes du cinéma notamment Michel Gondry après avoir réalisé plusieurs albums remarqués. Figure incontournable du rap conscient, engagé dans la cause noire, avec des sonorités puisées en dehors des frontières du rap, celui qui se faisait appeler Mos Def est un poids lourd dans son domaine et fera craquer n’importe qui se lancera dans son travail. Le voir à Metz n’est pas près de se reproduire de sitôt et manquer cette date serait très dommage, voire inexcusable. Des artistes français continueront la soirée, chacun avec leur façon de faire. Si Hippocampe Fou vient avec une musique éclectique, bousculant les codes et ne se prenant pas vraiment au sérieux, Nehs & SLZ de Skeud en Vrac représentent la face old school d’un mouvement qui ne demande qu’à s’exprimer encore comme dans les années 90. Deux façons de voire les choses, deux façons de finir en beauté ce 7 février.
La pression retombera un peu durant la semaine avant que Valy Mo ne vienne au Nimby et fasse parler ses compositions électros à base de house, soul ou encore de bass puissantes. Présent aux côtés des plus grands noms de la scène électro depuis un moment, il se crée un vrai nom avant qu’il n’explose réellement. Une bonne raison d’aller le voir pour fanfaronner ensuite sur cette fois où vous l’aurez vu dans une ambiance showcase énergique. N’oubliez juste pas de mentionner Boumchaka dans votre anecdote.
Le lendemain, le jeudi 12 février, même heure, même lieu et toujours plus de rap français. A2H viendra nous montrer toute son expérience au micro à travers les années du rap français. L’occasion de revisiter ses classiques tout en se rendant compte d’avoir en face de soi une figure du milieu importante. Surtout qu’après les trois gars de D-Track seront là pour prouver qu’ils savent kicker et impressionner le public comme il faut. Finaliste du Buzz Booster Lorraine et composé de trois personnalités différentes mais complémentaires, le trio saura vous convaincre et imposer le style lorrain dans l’enceinte du bar.
Dernière escale pour ce festival et première pour ses auteurs, La Rockhal à Esch-Sur-Alzette sera le terrain d’expérimentation du français Rone. Avec son album Creatures qui doit voir le jour le 9 février, le frenchy sera prêt à jouer de ses titres déjà connus et de nouveautés, grâce à son touché impeccable et sophistiqué de ses machines. De quoi terminer Freeeeze #4 sur une note rêveuse, euphorique et puissante. Le trio M.A BEAT ! sera aussi de la partie et pourra prouver toutes les dithyrambes à son sujet depuis quelques mois où on le voit partout, notamment sur la compile vinyle Karma. De l’électro planante faite grâce à de réels instruments, ça vaut le détour et ça encourage la scène locale. Alors venez nombreux supporter la scène électro française le samedi 14 février !
Avec une troisième édition qui avait déjà vu Boumchaka prendre une nouvelle dimension avec une ambition toujours plus folle, ce quatrième Freeeeze est bien parti pour continuer sur la lancée de son prédécesseur. Au public de le confirmer au cours de ces trois semaines, armé de doudounes et de gants !
Auteur : Nathan Roux