Interview – Les Fatals Picards – Festival Lez’Arts Sceniques 2012

Interview – Les Fatals Picards – Festival Lez’Arts Sceniques 2012

Voici « l’interview normale » des Fatals Picards, groupe complètement arrangé mêlant humour et rock tous publics, l’éclectisme étant au rang de leur priorités comme ils aiment à le rappeler. Interview avec Laurent, le guitariste et Jean-Marc le batteur, à la sortie de leur concert !

Présentation spontanée de nos deux a(l)colytes :
> écouter la présentation des fatals picards 

Ok, Alors ce concert ?
Jean Kevin (batterie) :
Et bien c’était un concert court mais bien…
Laurent (guitare) : court mais efficace, effectivement c’était en plein jour mais le public a répondu et nous sommes heureux. Parce que c’est la première fois qu’on vient à Sélestat. Et si on nous y réinvite en nous payant, et bien on reviendra !

C’est vous qui gérez votre page facebook ?
Laurent : oui, en plus tu as les deux personnes qui la gèrent. Jean Marc gère la partie promotionnelle, concerts, évènements et moi je dis des conneries.
Jean Marc (ou Kevin on ne sait plus très bien) : non seulement nous gérons nous-mêmes notre page facebook mais nous gérons tout nous-mêmes.
Laurent : et je tiens à préciser pour Karma que je m’occupe moi-même de mes lessives par exemple. C’est moi qui lave mon linge.
Jean-Seb : ah les conneries c’est vraiment Laurent !

Et si vous aviez fait de la musique sérieuse ?
Laurent : on en a fait chacun.
Jean-Edouard : et bien écoute – je peux le dire ? – et bien sérieusement moi j’ai accompagné Marcel Amont, Stone sans Charden et j’ai accompagné Peter & Stone.
Laurent : on avait dit sérieuse.
Jean-Valjean : il n’y a pas plus sérieux que Besoin de rien, envie de toi !
Laurent : moi je ferais du Rockab’. En tant que guitariste…

Et Bernard Lavilliers, vous l’avez encore invoqué ce soir mais on le voit quand avec vous sur scène ?
Jean-oublie : Alors Bernard Lavilliers on ne l’a pas vu sur scène mais il est venu réellement sur notre clip et je pense que si un jour l’occasion se présente, il pourra répondre présent parce qu’il est souple.
Laurent : on s’est râté sur un festival, on devait faire Les Mains d’Or avec lui, un concert pour l’Abbé Pierre, mais il a pas pu venir. Mais on regrette, parce qu’indépendamment de la chanson qui est gentiment moqueuse, on aime vraiment le musicien.
Jean’s : d’ailleurs on refait le festival à Lyon, normalement il y sera, alors on espère que ça se fera.

Défendre des causes sérieusement, ça vous emmerde ?
Laurent : c’est pas dans notre nature. C’est-à-dire que nous on a une grille de lecture qui est une grille de lecture second degré, et dès qu’on fait des trucs trop trop sérieux, même si on parle des fois de sujets graves comme la pédophilie ou l’homophobie, bref tous les trucs qui se finissent en philie/phobie…
Jean ai pas marre : on se moque suffisamment des gens qui font des choses très sérieusement et qui se sentent investis de missions que si on le faisait nous même on serait vraiment ridicule.
Laurent : et puis en plus nos modèles ont placé la barre trop haut, les Brassens, les Ferré, les Renaud, les Ferrat.
Jean-avantguingamp : Damien Saez…
Laurent : ah non moi Damien Saez on est pas d’accord là-dessus. Damien Saez, j’aime sa touchante naïveté enrobé d’une putain d’énergie en fait !

Vous l’aviez d’ailleurs qualifié dans une autre interview de mec qui enfonce des portes ouvertes automatiques…
Laurent :
oui c’est vrai !

Jolie formule…
Laurent :
Mais ça n’empêche pas que J’accuse, c’est un putain d’album de rock’n’roll ! Moi je suis touché parce que c’est naïf effectivement, que ça enfonce des portes ouvertes, que la guerre c’est mal Laurent se met à chanter en imitant Saez oui on est des moutons engoncés dans la monnndialisationnn. Laurent redevient normal. En même temps il le fait bien et ça envoie grave !
Jean-peuplu : Oui bien sûr, non mais c’est parfois la mise en scène médiatique qui fait trop.
Laurent : toute façon voilà je l’ai sur mon téléphone.

> Saez par les Fatals Picards

Et votre signature chez Warner ?
En chœur :
ON Y EST PLUUUS.
Jean-Carles : on peut te le dire depuis le 15 juillet, c’est fini, on est plus de puis ces c…
Laurent : non c’est méchant, parce qu’en en fait on a fait trois albums avec eux et ça c’est très bien passé. Mais on a eu des grosses tensions à plusieurs reprises, notamment sur des dossiers comme pour Johnny.
Jean-vie les labels indépendants : non tu peux pas dire ça c’est bien passé, ça c’est très mal passé !
Laurent : pourtant ils ont distribué nos albums et ils nous ont donné de l’argent !
Pourquoi être resté chez eux alors ?
Jean-Jean : parce que y a un moment, quand tu n’existes pas trop sur la scène médiatique et qu’une major s’intéresse à toi, tu te dis c’est formidable. Après, tu te rends compte que c’est une erreur. Bien sûr, au début, quand sur tes affiches, tu vois marqué Warner, pour certains programmateurs, ça marque. On n’a plus besoin de cela, surtout on s’est aperçu que c’est très lourd pour nous une major.
Laurent : Voilà, en plus on a une volonté aujourd’hui, alors que nous sommes en train de préparer le prochain album, de nous occuper directement du merchandaising, de la gratuité de certaines choses ou pas, de pouvoir offrir un morceau au public quand on le choisi.
Jean-suis : parce que, à chaque fois qu’on avait une idée – et on en a quand même souvent – il fallait passer par eux. La réponse c’était « ou non ou, attendez, on va voir si c’est possible juridiquement ». Et ça ne l’était jamais.

Les Fatals Picards - Photo : Ugo Schimizzi

 

Passer de l’eurovision au Aymon Folk Festival à Bogny Sur Meuse ça fait quoi ?
Laurent : alors ce n’est pas du tout les mêmes conditions climatiques. Parce que Bogny sur Meuse, on y a joué il y a deux jours, il y a eu une pluie battante avec des éclairs, à tel point que le concert a été annulé. Du coup, on s’est retrouvé sur une petite scène de 4m sur 4m, ce qui fait que l’on avait l’impression d’être dans un live pirate des Béruriers Noirs.
Jean-reprendrait bien une petite : alors qu’à Helsinki, on avait chaud, on était au Hilton et on avait de l’alcool à volonté !
Laurent : et du saumon à volonté ! Non mais ça résume bien les fatals. Nous, les fatals, on est un groupe totalement éclectique, et on revendique totalement l’idée qu’on peut aller faire des trucs branchouilles à la télé devant des millions de téléspectateurs.
Jean-Valery : ou faire un truc ultra ringard.
Laurent : ou faire un truc ringard, ou aller jouer dans un squat de punks, ou faire l’Olympia. On aime bien être pluri…activiste.

D’ailleurs, vous aviez fini ex-aequo avec le UK, est-ce que c’était un moyen de se réconcilier alors que débute les JO au UK, perdu par la France niveau organisation ?
Laurent : alors, tu as quand même la chance d’avoir devant toi  deux grands spécialistes du sport français, qui sont tout de même capables de faire la différence entre Michel Platini et Sergueï Bubka.
Jean-Michel : euh… oui… oui oui oui…
Laurent : Sergueï Bubka c’est celui qui a les cheveux courts.
Jean-rigole : ouais voilà, celui qui crève des ballons.
Laurent : ah non. Ça c’est Usain Bolt…
Jean-pleure : qui a des grands bras !
Laurent : oui, parce qu’il court vite…

Vous aviez donné une interview « metal » à Radio Metal. Vous n’êtes pas dégoutés de ne pas jouer aux côtés de Sodom, Kreator, … ?
Jean-merde le metal : moi, sincèrement je m’en fou totalement.
Laurent : ah moi non, Kreator j’écoutais pas mal, et des trucs comme Iron Maiden ou Metallica. Non c’est con, on joue pas en même temps que Ministry, ça m’aurait fait plaisir.
Jean-Nicolas : ouais, d’ailleurs Ministry, ils ne joueront pas pendant un moment, parce que le chanteur apparement est à l’hopital.
Laurent : tout à fait, il s’est retrouvé déshydraté sur scène.
Jean-Eude : ça faisait longtemps qu’il avait pas bu d’eau. Mais, nous n’en parlerons pas, ça ne nous regarde pas.
Laurent : non mais c’est encore un truc des Fatals ça. Moi j’ai bien été à un concert de Rammstein, Jean-Marc va voir des concerts de rock. Chacun dans le groupe a des goûts différents.
Difficile de parler à leur place, mais Paul disait d’ailleurs que le metal était très présent dans l’Est de la France. Vous avez une théorie pour expliquer cela ?
Laurent :
apparement ils ont fait une carte sur internet, en fonction de la concentration des groupes metal dans le monde et il semblerait que quand tu arrives dans le nord, le nord est, notamment en Finlande, une personne sur deux fait du metal et l’autre personne sur deux fait du death !
Jean-Denis : alors que dans le sud c’est plutôt du reggae.

Sauf Dagoba…
Laurent : et Gojira !

Et Gojira…
Jean-Eric : oui… ça… ces paroles n’engagent que toi… non mais tu remarqueras, ce n’est que dans le midi, qu’ils chantent avec l’accent du midi. C’est fou ça, non ? Regarde, Massilia (Sound System ndlr), tout ça, Massilia on pourrait croire que c’est un groupe de Lille, mais en fait pas du tout !
Laurent : d’ailleurs, dans le sud, t’as l’accent du midi, mais quand tu vas en Allemagne, est-ce que t’as l’accent de dix heures ? Avec le décalage horaire…
Jean-Florent : absolument, d’ailleurs moi je suis multi-lingual.
Laurent : ‘tin c’est bon ça… avec le décalage horaire, t’as l’accent du midi, je me le garderais bien pour un petit statut facebook !
Jean-Gérard : encore une que les gens ne comprendront pas !

Vous définissiez assez précisement le metal. Et le rock, vous le définissez comment ?
sifflement de Jean-Marc

Ouais désolé j’avais pas plus vaste.

Jean-Damien : et qu’est ce que Dieu non ?

Ouaip, et aussi qu’est ce que l’univers ?

Laurent : c’est une boîte échangiste à Charleville Mézières !
Jean-toutcourt : ouais ! Ouais ! je m’en rappelle de celle là !
Laurent : je dirais que le rock à une époque ça a été la rébellion avec une guitare et une batterie. Maintenant, je dirais que c’est la rébellion, mais à la portée de n’importe qui.
Jean-Baptiste : ils ont même des claviers maintenant, parfois…
Laurent : c’est vaste hein… après… nous on considère que ce qui est rock c’est tout ce qui ramène à la contreculture, tout en relativisant quand même. Des gros concerts à la Muse ou Placebo sponsorisé par RTL2, on a rien contre, mais voilà… c’est un gigantesque fourre-tout !
Et votre public à vous, il ressemble à quoi ? Il écoute du rock ?
Jean-Samuel : ah ! Notre public ne nous appartient pas !
Laurent : j’appelle ça Ravensburger. 7-77 ans, y a des gamins, des metalleux, des punks, des amateurs de chanson française, il y a vraiment de tout. En plus, on a vraiment tapé partout avec tous les sujets, la sécurité de l’emploi, les profs. Bref on a fait des morceaux qui ont permis de ramener vers le groupe des  gens d’univers différents.
Jean-aipuenstock : c’est le succès des Fatals Picards cet éclectisme.

Il a possiblement été voir les Guerilla Poubelle hier ?
Laurent : parfaitement ! C’est quelqu’un qui peut aimer les Bérus, Jean Ferrat comme Renaud, je sais pas moi, Carcasse ou Noir Désir. Ah mais pas Johnny Clegg, notre public il aime pas les trucs de bamboula !

Vous parliez aussi du fait que vous passiez peu à la radio, c’est quelque chose qui a changé. Ça vous fait quoi ? C’est un peu la consécration pour vous ? Ou c’est simplement dans l’ordre des choses ?
Laurent : c’est un gain de temps.
Jean-Marc : sérieusement, quand tu écris des chansons, tu as envie qu’elles soient écoutées.
Laurent : si on reste dans le domaine professionnel, il y a beaucoup de professionnels qui jugent ton travail à l’aune de ta présence médiatique, en terme de télévision, de radio…
Jean-Kevin : surtout, il y a les gros festivals, qui pensent que si tu passes à la télé ou à la radio, tu attires beaucoup de monde et c’est totalement faux.
Laurent : ce qu’on regrette c’est de ne pas être des fois un peu plus médiatisé, ce qui nous permettrait de mieux nous positioner vis-à-vis des professionnels. Mais nous, les Fatals Picards, on est populaire, ce n’est pas du tout élitiste. Ce qu’on fait c’est du rock, de l’humour et beaucoup de gens peuvent être touchés par ce qu’on fait.

Du rock, de l’humour, ça me fait penser à des mag’ comme Fluide Glacial.
Laurent : oui tout à fait, ce sont des choses que l’on lit de toute manière. Notre humour est aussi visuel, nos références sont des gens comme Gotlib, comme Franquin. On a fait des chansons sur Larcenet, on a un univers qui est presque visuel. On a écrit une chanson qui s’appelle « le combat ordinaire » et l’autre Le retour à la terre, donc autant te dire que Larcenet, on le connait !

Vous êtes la moitié de l’année en tournée, le reste du temps, vous faites des trucs drôles ou vous avez une vie « normale » ?
Jean-Marc : non, on a une vie normale, tout ce qu’il y a de plus normale, avec une famille, des enfants. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que les Fatals Picards, sont ensemble 280 jours par an. Parce qu’il n’y a pas que les concerts, il y a aussi enregistrer les albums, les projets, s’occuper des disques, des albums.
Laurent : ce qui est génial, c’est que on peut sortir d’une tournée, on a fait 60-80 dates, ça fait dix ans qu’on fait ça, le lendemain on peut se voir pour faire une bouffe, sans s’engueuler.
Jean-Kevin : nous on a décidé de tout gérer nous même et ça nous donne une motivation et une liberté.
Laurent : c’est un projet qui correspond à ce que l’on est dans la vie. Finalement, être sur scène, ça correspond à ce que l’on peut être en général.

Vous ne voulez pas forcément participer au débat politique, mais en tant qu’artiste et avec cette capacité à pouvoir prendre la parole, y a-t-il une cause aujourd’hui que vous souhaiteriez défendre ?
Jean-Marc : des causes, le problème, c’est qu’il y en aurait des dizaines à défendre.
Laurent : c’est vrai, alors oui on est pas engagé, mais on participe autant qu’on peut. On fait un concert pour la fondation Abbé Pierre, on fait des trucs qui peuvent paraître basique, comme participer chaque année au Téléthon, mais on en fait pas… on le dit pas forcément. Mais dans les causes à défendre, ne pas avoir de logement, comme l’alimentaire, ça fait parti pour nous des choses élémentaires à défendre.
Jean-Marc : ce qu’on veut – et on le dit bien dans une chanson (C’est l’histoire d’une meuf ndlr) c’est vraiment œuvrer pour ces causes et ne pas les utiliser pour  faire notre promo. On est vraiment contre ça. D’apporter notre petite pierre.
Laurent : on préfère concerné à engagé. L’engagement, on peut s’engager au niveau personnel, au travers d’activités, mais nous en tant que Fatals Picards, on parle de sujets de société, mais c’est pas parce que dans notre chanson on va défendre quelque chose, que les gens doivent… enfin bref, les gens qui viennent nous voir en concert, on les caresse un peu dans le sens du poil. Quand on fait un concert contre le racisme et que tout le monde vient nous voir, c’est plutôt des gens qui vont abonder dans notre sens.

Vous parliez dans une autre interview – oui j’en ai lu pas mal…
Jean-Marc : c’est tout à ton honneur !
Laurent : tu fais parti de ces quatorze pourcents de journalistes qui connaissent leur métier !

En tout cas, j’espère que je fais parti des cinq pourcents qui posent des questions pas trop cons. Vous n’êtes pas obligé de répondre…
Laurent : pour l’instant ça va…

Vous parliez donc de Renaud. Ca ne vous fait pas de la peine ce qu’il a tendance à devenir ?
Jean-Marc : nous on attendrait volontiers un nouvel album – un bon album ! – ça ferait plaisir, particulièrement à Laurent qui est ultra fan.
Laurent : c’est sûr. Après, en tant qu’homme, il fait ce qu’il veut de sa vie, en tant qu’artiste, il a suffisement fait de chansons énormes pour ne plus rien avoir prouver. Je suis juste triste… Quand quelqu’un qu’on aime se détruit la santé. Mais bon, après, il reste un Olympia pour moi tout seul !

Rien à voir mais question régionalisme, vous aimez Inspector Cluzo ?
ensemble : ah ouais, carrément, respect !
Laurent : mais ils sont basques par contre ! D’ailleurs, ils nous avaient fait gouter leur alcool basque quand on avait joué ensemble aux nuits de Champagne…
Jean-Marc : on a fait qu’une seule chanson avec eux, ça fait parti des supers découvertes que j’ai fait, j’en suis resté sur mon séant !
Laurent : non c’est cool, ça envoie, guitare, batterie, le mec il est cool, il est charismatique, c’est rock’n’roll, voilà, ça c’est du rock ! Inspector Cluzo, ils font des t-shirt vulgaires mais sympa. D’ailleurs Yves, il a un t-shirt d’Inspector Cluzo. J’espère qu’on se recroisera sur une scène.
Jean-Marc : mais voilà, ça fait partie, une fois de plus, des groupes qui seront difficilement médiatisés, voir même carrément invendables, parce que ça sort des sentiers battus.

 

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