Hors Format – Jour 7 – Cape Town Effects, Seun Kuti & Egypt 80

Seun Kuti & Egypt 80 8 photo Matthieu Henkinet

Après une semaine de bons et loyaux concerts au sec ou sous la pluie, Hors Format #3 fermait ses portes le dimanche 29 Juin. Mais c’était mal le connaitre que de penser qu’il allait nous quitter sans faire de bruit, la scène place de la République n’était pas remballée, les micros n’étaient pas débranchés et le groove n’avait pas été capturé. Il restait donc une dernière soirée pour que la boucle soit bouclée et comme chaque année c’est à la world music qu’elle a été dédiée. Au programme : Cape Town Effects  et Seun Kuti & Egypy 80.

Après avoir passé quelques heure en fin d’après-midi au village associatif pour y distribuer des magazines et y entendre le rock de Twin Pricks ainsi que la folie de Tedmo Festival, revoilà l’heure de sortir l’appareil photo et les objectifs. A 20h comme une tradition vite adoptée, la place de la République se met à s’animer. Les passants s’arrêtent de déambuler, les oreilles se tendent et la musique peut enfin se propager.

Premiers à monter sur scène sont les membres du projet sud africain Cape Town Effects. Né de l’union de plusieurs artistes et de divers domaines d’action, le groupe propose une musique urbaine variée.

Sur scène, cinq personnes sont présentes. Trois s’occupent de chant, souvent rappé, parfois parlé et quelques fois chanté. Une quatrième personne, la part féminine du groupe, s’occupe des backings, chante parfois et ajoute des sonorités sur plusieurs morceaux à l’aide de son violon électrique. La cinquième personne est le DJ du groupe, envoyant le plus gros des pistes sonores.

Tout ce monde rend la scène vivante, l’un des chanteurs s’agite avec un drapeau sur le dos, des bras se lèvent, et l’énergie se fait sentir. Malgré tout, la prestation manque de piment, l’énergie est là mais l’envie s’estompe vite face au public peu réactif. Ce public, il est difficile de le blâmer, face à lui s’exprime un groupe en afrikaan ou en xhosa, des langages parfaitement incompréhensibles là où l’on ne peut que deviner des textes engagés. Le DJing de son côté est presque parodique sur certains morceaux tant la personne aux platines s’affaire à tripoter son matériel en tous sens sans que quoi que soit ne se fasse entendre sur la bande son. Le violon aurait pu corriger le tir, s’il avait été audible.

Ce genre de projets, bien qu’intéressant en de nombreux points semble ne pas être vraiment à sa place. De ce que j’ai pu comprendre des interludes en anglais, le groupe porte trop de valeurs et messages pour qu’on les ignore et d’un autre côté le visuel et la part mélodique sont trop faible pour que le groupe soit satisfaisant d’un point de vue « divertissement ».

 

Pour la suite, ce sont les Egypt 80 qui prennent la scène, le légendaire groupe de Fela Kuti se fend d’une intro pleine de groove qui annonce la couleur du concert à suivre. A la fin du morceau est introduit Seun Kuti, le fils du suscité Fela, qui tout sourire s’empare de son saxophone pour entonner le morceau suivant. La prestation oscille entre funk et jazz, le tout d’une qualité irréprochable.

 

Sur les morceaux, Seun Kuti chante la vie africaine, la corruption, les problèmes et l’amour, le tout est le plus souvent en anglais ce qui au contraire du groupe précédent le rend compréhensible. Les instruments sur scène sont nombreux et il est difficile de suivre tout ce qu’il s’y passe, pourtant le son reste parfaitement bon.

Seun Kuti & Egypt 80 7 photo Matthieu Henkinet

Kuti danse aussi, beaucoup, peut-être pour se mettre au diapason des deux choristes un brin dénudées qui secouent leurs corps à quelques mètres de lui. Certaines personnes dans le public se laissent aller à en faire de même, la sauce prend et la foule s’agite face aux morceaux.

Seun Kuti & Egypt 80 6 photo Matthieu Henkinet

C’est en danse que se termine cette édition du Festival Hors Format, qui nous aura offert une nouvelle fois de belles prestations que cela soit au long de la semaine dans des lieux insolites et lors de parcours que le week end sur des scènes bien occupées. Les trois jours de clôture n’auront pas été aussi chanceux que ceux de l’an passé et la pluie aura eu raison d’une grosse partie de l’ambiance du samedi soir, mais le public est resté accroché jusqu’au bout. Certains visages croisés tout au long de la semaine auront prouvé que la musique et la culture ne s’arrêtent pas aux têtes d’affiches, aux grosses scènes et aux styles conventionnels.

C’est ce que l’on aime dans ce type de festival gratuit et que l’on espère retrouver l’an prochain avec toujours autant de qualité et de variété.

Article et photos: Matthieu Henkinet

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