Interview de François & the Atlas Mountains

François & TAM photo Matthieu Henkinet

Programmé le vendredi 27 Juin au festival Hors Format, le groupe François & the Atlas Mountains a mis de l’ambiance place de la République à Metz. Quelques heures plus tôt, François nous accordait une interview décontractée au milieu des cartons et des t-shirts suspendus dans son stand de merchandising en pleine installation.
Après une rapide prise de contact et la présentation de notre numéro 8, dans lequel figure notamment une interview de son camarade de scène de la soirée, Cascadeur, François a répondu à nos questions.

 

On lit le nom de votre groupe à droite et à gauche, ces derniers temps. Souvent les gens ont un peu de mal à qualifier ce que vous faites, souvent on vous dit pop, c’est quand même très réducteur non ?
Oui… Enfin tu sais je n’écoute pas trop ça, je ne cherche jamais de nouveaux groupes en fonction des styles, ça ne me dérange pas. Toutefois, je comprends que d’un point de vue journalistique, pour faire comprendre au lecteur de quoi il en retourne ça soit nécessaire. Pop, chanson… J’appelle ça de la pop française chaloupée !

Les arts jouent un rôle important dans votre formation. Entre peinture, poésie et évidement musique… L’expression artistique est une quête perpétuelle pour toi ?
Effectivement, il y’a cette envie de créer qui s’exprime de différentes façons, par des aquarelles, des dessins, des fois je fais des petits clips animés, des concerts, des albums… C’est vrai qu’à l’origine il doit y avoir un vrai goût de la création humaine, voir dans un environnement précis avec un entourage précis et peut être une palette d’influences précises de ce qu’un individu peut créer.

Tu sais d’où vient cette envie ? Comment est-ce que tu as été initié à l’art pour que cela prenne une telle place ?
Je pense que ma mère était très sensible à l’art de manière générale. C’est quelqu’un qui aimait beaucoup l’absolu et elle y trouvait des réponses à l’absolu. Elle était désenchantée par la politique, elle a été désenchantée très jeune par la religion et les croyances, peut être que l’art était sa  dernière croyance et qu’elle m’a transmis ça…

Je l’évoquais, ton écriture est très recherchée, tu as un rituel particulier lorsque tu travailles tes textes ?
Non, parfois c’est ludique, parfois c’est triste, parfois encore, c’est à cause d’un problème affectif, ou c’est par volonté de profiter d’une bonne humeur qui m’est passagère. Il n’y a aucune formule. C’est purement intuitif, je ne sais jamais si je vais pouvoir continuer à faire ce métier, souvent l’inspiration me vient sans que je comprenne pourquoi.

Beaucoup de gens avouent ne pas prêter pas attention aux textes, et se rattacher uniquement à la mélodie, tu appréhendes ça comment?
Disons que généralement quand je suis touché par une musique, ce qui m’est proposé en un bloc, je le trouve cohérent, honnête et authentique. Après, quand je vais me plonger de manière plus approfondie dans la musique d’un groupe que j’aime, ou quand je vais me plonger dans les textes, je vais m’apercevoir que tout est lié et que finalement c’est l’état d’esprit que fait émaner une musique qui va me plaire. Au final le texte va me toucher aussi. Donc je pense que je ne fais pas attention plus à l’un qu’à l’autre mais à l’intention première de l’artiste et le caractère, la personnalité.

 

François & TAM photo Sophie Grivel

 

Tu as commencé ton parcours musical en solo, comment s’est passé la formation de « The Atlas Mountains » ?
Au début je bidouillais dans ma chambre à La Rochelle et à Bristol et puis à Bristol j’ai commencé à faire des open-mic, tu sais des soirée ou les gens jouent les uns après les autres. Finalement, de fil en aiguille et en fonction des amitiés que je me suis fait là bas, des musiciens ont voulu jouer avec moi. Ça a toujours été en fonction du bon vouloir et des disponibilités. Pendant très longtemps le groupe a évolué, changé. Pendant un moment on avait un joueur de harpe, on a eu un joueur de clarinette à un autre moment… Depuis trois ans on est un groupe qui s’est moins transformé, ça a permis, je pense, d’avoir une musique plus forte, mieux jouée, plus approfondie. Ce qu’on propose est peut être moins dans la fraîcheur en permanence mais plus dans la tenue, la force et c’est donc plus cohérent.

Justement tu évoquais les débuts du groupe, un Français qui part monter un groupe à Bristol, en Angleterre, il y a un peu un fantasme derrière tout ça non ? Ça ferait presque pitch de film !
Oui, c’est vrai que quand je suis parti, j’avais vraiment envie de voyage, envie de découvrir autre chose en me coupant de mes racines françaises pour recommencer à zéro là bas, en suivant mes envies et mes goûts. Pendant très longtemps ça a été underground, avec des cafés, des concerts en appartement, beaucoup d’expérimentations musicales, des concerts dans des centres d’art alternatif parce que j’aimais beaucoup cette sensibilité-là.

Effectivement c’était comme dans un rêve, comme dans un film, de me plonger moi-même dans cette scène musicale sur laquelle je fantasmais avant de partir. Je prends souvent un exemple pour montrer la motivation que j’avais. Avant de partir j’avais acheté un disque du groupe Crescent, une formation underground qui officiait à Bristol et qui avait enregistré dans une sorte de cinéma désaffecté et en arrivant, j’ai trouvé les musiciens et le cinéma. J’y suis allé un peu comme dans une quête pour reconstituer ma vision de la scène underground de Bristol.

D’un point de vue composition, vous travaillez ensemble ou c’est toi qui apportes l’ensemble des textes et partitions ?
Non, c’est moi qui amène les textes et les morceaux dans leur forme la plus brute et ensuite on retravaille beaucoup.

Vous avez sorti cette année votre second album avec le label Domino, tout se passe toujours aussi bien avec les Anglais ?
En réalité c’est le troisième qu’ils distribuent, mais le deuxième qu’on enregistre pour eux. Et oui, c’est super.

 

François & TAM 2 photo Matthieu Henkinet

 

Vous êtes lancés dans une tournée qui va vous mener jusqu’en décembre, après ça quels sont les projets ? De nouvelles compositions ?
On a enregistré en Afrique un 4 titres, à Ouagadougou avec des musiciens mandingues et on est hyper contents du rendu musical de ces morceaux et on va faire le paquet pour les mettre en avant avec une belle promo et surtout faire venir les musiciens du Burkina-Faso pour jouer avec nous en Janvier.

Avant de jouer avec des musiciens étrangers, ce soir, vous jouez entre deux groupes locaux, ça te donne envie de conquérir le public ?
Ah il est d’ici Cascadeur ? Je ne savais même pas, il faudra que je lise votre interview alors !
En fait je suis très content du line-up, je ne connais pas The Yokel mais je connais bien Louis (Chapelier Fou) qui joue un peu de cordes avec eux, et puis j’ai le sentiment que leurs personnalités sont assez agréables.
Pour ce qui est de Cascadeur, je trouve sa musique touchante et je suis sûr que le mec, pour faire une musique pareille, doit être assez cool, donc je suis ravi de jouer avec eux.

J’arrive à notre question rituelle, si tu devais faire un choix entre Beatles ou Rolling Stones, quel groupe choisirais-tu ?
Ah, ça c’est dûr. En ce moment je trouve que les Rolling Stones… Je ne peux pas te donner une réponse à moitié..?
Je pense que ça serait quand même les Beatles. A cause de leur biographie, de la manière dont les choses se sont faites. J’avais écouté une émission sur France Inter qui faisait un peu passer les Rolling Stones pour des clowns qui suivaient un peu le truc derrière. Par contre ces jours-ci je prends plus de plaisir à écouter les Rolling Stones, car il y a chez eux un côté un peu plus bête et méchant, qui me satisfait plus en ce moment. C’est moins intellectuel et ça me plait bien aussi.

 

Propos recueillis par Matthieu Henkinet

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