Pierre Lapointe, artiste de la chanson venu du Québec, de l’autre côté de la planète, était de passage fin janvier à l’Olympia de Paris. Démarche originale, l’artiste a répondu à nos questions après le concert. Voici quelques réponses d’un artiste engagé autant dans la forme que dans le fond !
Vous venez initialement des arts plastiques et on retrouve, notamment dans vos clips, une sensibilité graphique très importante. Cela est-il un simple relais à la musique ou le considérez-vous comme pleinement inscrit dans votre processus créatif ?
C’est inscrit dans mon processus oui. Je commence à parler image avant même de penser à un concept d’album. Pour moi quand on est créateur, on a envie de créer, qu’importe le médium. Il y a une réelle confusion par rapport à ce qui est le plus important dans ma façon d’approcher la chanson… je me demande parfois si je suis un vrai créateur de musique tellement la chanson passe par le visuel.
Que représente la culture pop pour vous et quel est son lien avec votre œuvre ?
Pour moi, c’est tout simplement un objet qui attire l’œil de la masse. Un objet qui fait l’unanimité, non pas par concensus mais par le fait que cet objet attire l’attention et est facile à comprendre.
Punkt est le titre de votre dernier album. Que signifie-t-il et en quoi résume-t-il votre création ?
PUNKT est un mot allemand qui veut dire « POINT » en français. Je voulais m’assurer que l’auditeur comprenne que par le travail présenté sur PUNKT, était là pour marquer une sorte d’affirmation. Comme un poing (sic) d’exclamation. PUNKT est aussi un mot de 5 lettre, très graphique qui nous permettait de le décliner dans toute sorte de contexte, un peu comme une marque de commerce.
La chanson « Nos joies répétitives » allie une forte dose de mélancolie et une certaine autodérision aussi. Pouvez-vous nous en parler ?
C’est une chanson qui parle des moyens qu’on peut trouver pour apprivoiser la solitude. Des moyens souvent un peu risqués qui nous font souvent autant de mal que de bien.
Quels sont vos pères dans la musique ?
- Michel Berger
- Robert Charlebois
- Érik Satie
- Bjork
- PULP
On lit un peu partout que vous « boostez » la chanson française qui semble souffrir parfois d’un certain renouveau ou qui peut peiner à trouver ses « ambassadeurs ». Qu’en pensez-vous ?
Je crois que le médium de la chanson est un médium sous exploité, contrairement au cinéma, au théâtre, la danse ou les arts contemporains. Mais selon-moi, c’est un médium qui mérite autant d’expérimentations. C’est pourquoi je tente de la faire exploser… par contre je ne suis pas arrivé au niveau que je rêve d’atteindre.
Quels sont aujourd’hui les artistes qui représentent le mieux, selon vous, la chanson francophone ? Quels sont ceux que vous préférez ou qui vous inspire le plus ?
- -M-
- Brigitte Fontaine
- Ariane Moffatt
- Albin de la Simone
- Benjamin Biolay
Vous avez un très grand succès au Québec mais on vous connaît moins, ici, dans l’ancien monde. Quel est votre sentiment sur l’amour de la francophonie du public français vis à vis du public québécois ?
Le public est le même partout. Les gens veulent entendre des chansons qui les touchent. Il aiment rire.
Êtes-vous plutôt Sébastien Tellier ou Mathieu Chedid ? Pourquoi ?
- Parce que je les aime tout simplement
- Parce qu’ils suggèrent un univers très personnel qui amène au ludique… et on manque de ludique en ce moment à mon avis
Propos recueillis par : Lucile Bitan