A la croisée entre Klangkarussell et Bakermat, Cédric et Edgar, les deux lillois de Klingande («belle sonorité, qui sonne harmonieusement» en suédois) pratique eux aussi la deep house, sous-genre de la musique house créée à Chicago aux États-Unis. Ce qualificatif de deep (« profond » en français) renvoie à la dimension plus introspective de ce style, proche du jazz et de la soul, alors que la musique house classique est plus directement reliée aux racines disco et funk. Klingande s’est fait remarquer en début d’année 2013 avec la sortie de leur premier titre, le très puissant «Punga» diffusé en libre téléchargement sur le soundcloud du groupe et très vite repris par les blogs musicaux.
La folie Klingande commence donc à se propager sur le dancefloor en France et, comme le veut une véritable success story, dans le monde entier. Les succès se confirment avec la sortie en avril de la même année de l’entêtant «Jubel».Ce tube fera d’ailleurs l’objet du tournage d’un clip ci-dessous, qui lui correspond très bien et rendra ses lettres de noblesse au saxophone, véritable star de ce titre.
En prévision de leur venue à la Rockhal le samedi 22 février 2014, Cédric et le très discret Edgar, les deux membres du groupe, se sont prêtés au jeu des questions.
Bonjour Cédric et Edgar ! Pouvez-vous nous raconter les débuts du projet Klingande ?
Cédric : On s’était un peu perdus de vue au fil des années. Je suis rentré de Londres l’année dernière – j’étais là-bas pour faire une école de production musicale – et j’ai revu Edgar quand je suis rentré. Je lui ai soumis l’idée de faire de la musique ensemble, comme ça, pour essayer, sans aucune prétention. Au final, on a commencé une track mais on a changé en cours de route, parce qu’on voulait se faire la main sur une autre musique et c’est comme ça qu’on a créé « Punga ». Après, tout s’est enchaîné. « Punga » est sorti en janvier 2013 et « Jubel » en avril. Depuis nous avons fait pas mal de dates et on n’arrête pas en fait (rires).
Le logo du groupe a-t-il une histoire ? C’est un triangle avec un « K » incorporé dedans, il est un peu ésotérique non ?
Cédric : Il n’a pas vraiment de signification, non. On voulait juste incorporer le K de Klingande, c’est tout.
Quels sont vos premiers souvenirs liés à la musique ?
Cédric : Dans ma jeunesse, j’ai surtout été influencé par le groupe Oasis. Aujourd’hui je ne fais pas du tout la même musique qu’eux, mais ça reste ma plus grande influence. Mes influences viennent de la pop principalement.
Edgar : Mon père écoutait beaucoup de vinyles quand j’étais encore très jeune, comme les Rolling Stones par exemple. A l’époque je ne les connaissais pas, mais ça a dû m’influencer.
Est-ce que vous alliez à des concerts étant adolescents ?
Cédric : Je ne me souviens pas d’être allé à des concerts… Ah si ! Je suis allé voir le groupe Justice et c’est vrai que d’aller à un de leurs concerts est une expérience que je recommande à tout le monde ! C’était incroyable !
Edgar : Moi je ne me souviens pas de concerts. Par contre, ce que je faisais souvent, c’est que j’allais écouter les DJs en boîte.
A quel moment vous êtes-vous dits que vos titres commençaient à avoir du succès ?
Cédric : En fait, on s’est rendu compte qu’on nous sollicitait de plus en plus. On a commencé à avoir beaucoup de demandes de boîtes de nuit pour qu’on joue chez eux. Aussi, on a constaté que les gens venaient en boîte et payaient pour NOUS voir. C’était vraiment ça le déclic. Après on a aussi constaté que notre fanbase augmentait.
Il me semble que vous n’êtes pas signés par un label. Pourquoi ce choix ? Vous laissez-vous une porte ouverte pour peut-être le faire plus tard ?
Cédric : En fait, on n’était pas signé au début mais maintenant on l’est.
Ah ? Et vous êtes chez qui ?
Cédric : Cela dépend du pays (rires) ! Mais au Luxembourg, il me semble que c’est Universal.
Quels sont les projets de Klingande en 2014 en termes de musique ?
Cédric : Là, on est un peu bloqué en studio. On a créé plusieurs sons qui sont presque finis. On a pas mal de titres sur le feu là. Je ne pense pas qu’on veuille sortir un album pour le moment, mais on compte sortir encore pas mal d’EPs avec plusieurs morceaux. Là, on est en plein boulot !
Les C2C se sont fait connaître car leur musique avait été reprise dans plusieurs publicités. Est-ce que cela vous plairait de mettre vos sons dans une publicité ou un film ?
Cédric : Si, si, totalement ! Dans la mesure où l’image de la pub ou du produit correspond à ce que nous faisons, cela nous plairait bien oui.
J’ai vu que votre tournée était pour le moment principalement concentrée en Europe. Vous désirez vous exporter aussi ?
Cédric : Oui, pour le moment, on veut rester dans le coin, car il y a pas mal de festivals aux alentours où on aimerait participer. A la fin de l’année, j’aimerais qu’on tente notre chance aux Etats-Unis. C’est une de mes ambitions.
Pourquoi les Etats-Unis en particulier ?
Cédric : Je ne sais pas trop. On m’a toujours dit que c’était difficile de percer aux Etats-Unis. J’ai envie de comprendre pourquoi. En plus je pense que le public est assez différent et que notre style de musique pourrait s’imposer.
Comment se passe un concert des Klingande sur scène ?
Cédric : En fait nous n’avons pas vraiment de visuel. Nous avons notre logo projeté derrière nous mais on a aussi notre saxophoniste qui accompagne, sur cette tournée. Il joue du saxophone mais aussi de la flûte. Ce que nous voulons c’est rendre les gens qui viennent nous voir heureux !
Que pensez-vous de ce qui est produit en termes de house en ce moment ?
Cédric : Je ne sais pas si on peut nous considérer comme des artistes house en fait. Concernant notre musique, je pense qu’il n’y a pas de nom qui puisse nous définir. La deep house effectivement, comme Klangkarussell par exemple, a eu une grande influence ces derniers temps.
Quelle est votre relation avec le suédois ?
Cédric : La dénomination du groupe vient effectivement du suédois car on en aimait la consonance. Depuis toutes nos chansons ont des titres suédois, c’est devenu un délire en fait et je pense que toutes nos prochaines chansons en auront un aussi. «Jubel » veut dire « trinquer » par exemple. Et puis j’écoutais pas mal d’artistes suédois quand j’étais plus jeune.
Nous avons aussi une question rituelle que nous posons à toutes les personnes lors de nos interviews : préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones? Et pourquoi ? (ndlr : entre-temps Edgar a quitté la salle)
Cédric : Je choisis les Rolling Stones pour leur côté crazy et dirty !
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa