Interview : Damon Minchella
Qui est Damon Minchella ? Ce nom ne vous dira probablement rien mais il a partagé la scène avec de très grands, comme : The Who, Paul Weller, Paul McCartney, Jimmy Page ou encore Amy Winehouse. Rencontre avec un passionné !
La carrière de Damon commence en 1989 en tant que bassiste du groupe britannique Ocean Colour Scene, quatuor pop-rock originaire de Birmingham. Après un premier album passé complètement inaperçu, Ocean Colour Scene se fait remarquer en 1994 grâce à l’aide des frères Gallagher, qui les invitent à assurer les premières parties d’Oasis pendant un temps. Quelques millions d’albums vendus plus tard, Damon vole aujourd’hui de ses propres ailes et papillonne de projet en projet. Il a gentiment accepté de répondre à nos questions.
« La musique est un dialogue ! »
Bonjour Damon ! Cela fait plus de 20 ans que tu joues de la basse. Peux-tu nous dire quelle est la différence entre le Damon d’il y a 20 ans et celui aujourd’hui ?
Bonjour Nathalie ! Waouh ! La différence est juste énorme ! Quand j’ai commencé à jouer, j’étais un adolescent et je pensais tout savoir. Tu fais de la musique car cela fait du bruit et c’est rock’n'roll. Puis quand tu commences à faire des disques, tu es rapidement confronté à la réalité du business, qui est impitoyable. J’ai pris conscience du fait qu’il y avait beaucoup de très bons musiciens de par le monde et que j’avais encore pas mal de choses à apprendre. Je suis devenu plus humble et j’ai commencé à mieux écouter les gens autour de moi. J’ai eu la chance de commencer en 1989 et notre « vrai » premier album avec les Ocean Colour Scene est sorti en 1996, ce qui nous a laissé 7 ans pour nous améliorer. Je pense que de ce temps-là on pouvait encore faire des erreurs et en tirer des leçons. Aujourd’hui c’est beaucoup plus difficile vu le nombre de bons groupes sur le marché ! J’ai aussi appris à mieux jouer dans le sens où je pense maintenant mieux m’adapter au style du groupe dans lequel je joue. Je ne fais plus de riffs spectaculaires, juste parce que c’est marrant et que ça m’éclate. Je joue moins de notes mais celles que je joue sont mieux adaptées, mieux jouées et mieux placées que celles que je jouais avant. La musique est un dialogue. La réponse était un peu longue, non ?
Non, pas du tout ! C’est tout à fait clair, merci ! Tu parlais des groupes sur le marché aujourd’hui Comment vois-tu l’évolution des groupes avec notamment l’incursion d’internet et des réseaux sociaux ?
Je pense que tout a ses avantages et ses inconvénients. Je pense qu’il est aujourd’hui beaucoup plus facile de se faire connaître d’un plus grand nombre et de faire de la musique à moindre coûts. Tu peux faire écouter ta composition sur internet et tu peux demander à ce que les gens paient pour la télécharger, donc c’est intéressant. L’inconvénient est juste que tout le monde le fait ! C’est très dur de se faire une vraie place dans le domaine de la musique. Je pense aussi très sincèrement que 90% des groupes qui mettent leur musique en ligne, n’auraient jamais eu de contrat avec un label dans les années 90, car la musique qu’ils produisent n’est pas de bonne qualité. Les normes standards qui permettent de faire passer une chanson à la radio n’ont pas vraiment changé ces 20 dernières années.
Est-ce que c’est un domaine dans lequel tu investis beaucoup de temps, internet ?
Non, pas vraiment. J’ai un site internet et j’ai un compte Facebook, mais je n’utilise pas ces outils à des fins commerciales. Je laisse d’autres personnes le faire à ma place et je pense qu’elles sont nettement plus douées que moi (rires) !
Comment es-tu passé de musicien à producteur ?
Je pense que c’était en 1995 en fait. Je jouais avec Paul Weller et son producteur était parti rejoindre Jamiroquaï. Du coup Paul Weller m’a demandé de le faire. Finalement c’est assez logique. Je compare souvent cela aux entraîneurs de football qui étaient joueurs de football avant : c’est la suite logique des choses ! Maintenant que j’ai une vingtaine d’années d’expérience, des fois, je pique les idées ou les méthodes de producteurs que je rencontre ou avec lesquels je travaille.
Est-ce que c’est un des conseils que tu donnerais aux jeunes producteurs ? Je veux dire d’apprendre à jouer au moins d’un instrument avant de produire quoi que ce soit, pas de piquer les idées des autres !
(Rires) Absolument ! Je pense que tu ne peux pas connaître la technicité de certains titres, ni les difficultés techniques des musiciens si tu ne joues pas d’un instrument au moins. La plupart des très bons producteurs que je connais, jouent de plusieurs instruments, plus ou moins bien, mais ce n’est pas le plus important. C’est comme si tu étais un designer de voiture et que tu n’avais même pas le permis. C’est absurde !
Qu’as-tu fait depuis le début de cette année 2013 ? Raconte-nous un peu !
J’ai participé à l’élaboration de l’album d’un groupe très connu en Espagne qui s’appelle Raphael et qui est aussi numéro un dans divers pays d’Amérique du Sud. Après cela j’ai joué sur le futur album de Richard Ashcroft, leader du groupe The Verve, et très franchement de tous les albums sur lesquels j’ai joué, celui-ci est probablement le meilleur ! Demain matin je pars en Italie produire un album avec mes amis Steve White et Chris Potter.
Parallèlement j’ai aussi travaillé sur mon propre album qui devrait sortir fin de l’année ou début de l’année prochaine. Cela fait 6 ans que je bosse dessus par intermittence et il va s’appeler « Apollo Kid ». Il y aura des specials guests dessus comme le Wu-Tang Clan ou encore le chanteur de Kasabian.
Et tu fais quel type de musique ? C’est proche du style des Ocean Colour Scene ou pas du tout ?
Alors non, pas du tout ! C’est dur de me mettre dans une catégorie mais je pense que c’est du RnB mélangé à du Gorillaz et du Massive Attack avec un peu de hip-hop.
Enfin pour terminer, la question rituelle pour Karma: préfères-tu les Beatles ou les Rolling Stones?
Alors là, c’est super facile ! Même si j’ai joué plusieurs concerts avec les Rolling Stones, je vais prendre les Beatles sans hésitation ! Notre famille a une histoire avec les Beatles. Mon père était leur manager pendant quelques années et ma mère était à l’école avec George Harrison. J’ai aussi eu l’honneur de partager la scène avec Paul McCartney plusieurs fois.
Propos recueillis par : Nathalie Barbosa