Le mec qui va entrer sur scène n’est pas le type le plus engageant, pas du genre à se faire inviter dans une soirée pour rester assis pendant les slows. Non, Joey Starr aux Solidays, c’est un peu venir perturber Autant en emporte le vent en y incluant des scènes du meilleur documentaire sur le Vietnam. Un mélange cossu et chamarré, un poil sous l’eau mais riche en décibels. Action !
Un quart d’heure avant l’horaire fatidique, le Jaguar arpente déjà la scène, faisant vibrer le plateau de son ton sec et grave. « On a rien dans la façade » hurle la foule visiblement décidée à voir passer le mur du son malgré la pluie. Pas d’inquiétude à ce niveau, Joey Starr est plutôt porté sur le gros son et satisfera avec attention cette requête. Bouteille grand format de Whisky à la main, le pensionnaire de Seine Saint Denis n’est pas avare en directives avant le concert, vérifiant au millimètre chaque potard. Durant son show, il demandera a plusieurs reprises d’augmenter le son des retours, l’envie enivrante de satisfaire son « ego vertigineux ».
Venu défendre son nouvel opus « Egomaniac » largement représenté durant le concert, Joey Starr est entouré de musiciens sur scène, dont un batteur, un guitariste et un bassiste, présences encore assez marginales dans des formations hip hop. Il invitera également en fin de scène Oxmo Puccino taclant gentiement au passage le crew Sexion d’Assaut. Bref, Joey Starr n’est pas à la retraite, éloigné sur un plateau cinéma. Loin de là même, puisqu’il reprend sur scène ses bonnes formules déjà éprouvées au sein de NTM, du « vous êtes mou » au « j’entends rien » tout en ne se lassant pas de tester ses samples « punitions » et avec de nombreux « en l’air, tout le monde la main en l’air ».
Les basses ronflantes perturbent parfois la compréhension des paroles, mais visuellement, Joey Starr est impressionnant et charismatique – pour ne pas dire inquiétant. Déambulant d’un bout à l’autre de la scène Bagatelle, le MC qui l’accompagne le met d’autant plus en lumière, misant sur des chorégraphies millimétrées – ou très bien improvisées.
Le concert se terminera – en retard, assumé sans peine par Joey Starr – sur une version quelque peu inédite de Saint Denis Style laissant la foule vidée et épuisée d’avoir hurlé, sauté et contribué à la réussite de cette date du « egomaniac tour » !
Le hip hop il est où ? … Aux Solidays, ce week-end, indéniablement !
Article : Ugo Schimizzi
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