Samedi 19 octobre 2013, le jour de clôture du quarantième anniversaire du Nancy Jazz Pulsations, avaient lieu au Chapiteau les concerts d’Alex Hepburn, Ibrahim Maalouf et Galactic.
Il est 20h alors que je cherche une place pour me garer dans Nancy. Connaissant l’organisation du festival, les premières notes doivent déjà sonner. Je tache de me dépêcher pour éviter de trop en louper. Lorsque j’arrive enfin à l’accueil presse, on m’informe que les trois premières chansons d’Alex Hepburn sont déjà passées et que je ne pourrais pas faire de photos, ce dont je me doutais déjà. Ce qui me surprend plus, c’est l’ordre de passage. Alex Hepburn semblait mise en avant dans la programmation et je m’attendais à la trouver en tête.
Une fois entré, je suis frappé par le manque d’énergie régnant sur scène. La Britannique quasi immobile face au micro est seule mise en lumière, son live band joue en retrait dans la plus grande discrétion. Du côté de la musique la prestation se rattrape, le chant et les instruments sont fidèles à ce qu’on peut attendre d’une artiste de ce calibre.
En revanche au niveau du public, la motivation semble être restée à la maison, même sur les titres phares, seul un groupe d’irréductibles s’acharne à faire les chœurs et taper des mains.
Hepburn se plaint rapidement d’un problème dans ses retours et sort même en parler à la console. Elle revient rapidement pour le morceau suivant, mais ce dernier prend rapidement une allure de live check. La chanteuse fait des signes pour faire comprendre au mieux son besoin d’entendre plus ou moins un instrument ou un autre ainsi que sa propre voix. Côté public, le son rendu par les enceintes reste bon et il apparaît même que la chanteuse réalise un tour de force en obtenant un aussi bon rendu en ne s’entendant pas.
A la fin du morceau, elle semble toujours aussi agacée et lance une pique au technicien avant de lancer la reprise de Woman’s world. Les choses sur scène ne s’arrangent toujours pas, et je commence à être partagé : caprice de star dont pâtit le technicien ou réel problème récurant ?
Ce qui devient le fil rouge du set est gratifié d’un nouvel épisode alors que la chanteuse s’adresse au public en français pour s’excuser et annoncer « Quand je m’entendrai dans le moniteur, je chanterai Miss Misery ». Le technicien reçoit alors une nouvelle salve de critique avec un acerbe « Aide-moi ! Ça fait tout le concert ! »
Deux derniers morceaux suivent et Alex Hepburn quitte la scène sans véritable au revoir et sans rappel, étrange.
De mon côté je m’approche des barrières pour préparer mon matériel en vue du prochain groupe. Il me semble alors entendre une conversation disant qu’Hepburn était en retard pour ses balances. Un début d’explication pour le live étrange qui a précédé et dont je vous laisse seuls juges…
Je cesse de me soucier de tout cela lorsque le groupe d’Ibrahim Maalouf fait son entrée. Je distingue une setlist indiquant que 9 morceaux sont prévus. La plupart des noms ne me disent rien, laissant présager de nouvelles compositions tandis que je reconnais certains « anciens » morceaux. Le set débute avec une longue période ambiante, avant que Maalouf lui-même n’apparaisse sur le devant de la scène. Le franco-libanais semble heureux d’être présent et partage son sourire avec la foule.
Alors qu’il prend la parole après trois morceaux, il annonce que ces derniers sont issus de son nouvel opus, « Illusions » prévu pour Novembre.
Fait rare, l’artiste a laissé 5 chansons à la presse pour photographier son groupe (contrairement aux 3 habituelles), ce qui me laisse le temps de prendre une belle claque aux premières loges sur le titre BEIRUT, monument d’énergie et d’émotions.
Une fois sorti, je choisis de m’isoler quelques minutes en coulisses pour rédiger cet article et trier mes photos. J’y croise Alex Hepburn toujours perchée sur ses talons rouges et visiblement pressée tandis que des techniciens rangent le matériel de son groupe pour le charger en vue du départ.
Les coulisses grouillent de monde pour la dernière soirée, j’imagine que le gratin a été convié. C’est alors que j’entends une voix par-dessus mon épaule : « tu veux un trait ?», je refuse aussitôt cette proposition surprenante. L’homme me re-propose, je refuse à nouveau. Il me propose ensuite d’aller faire un tour aux toilettes, nouveau refus de ma part. Ne se laissant pas démonter il me demande si je suis hétéro, visiblement plus intéressé par mes attributs que par la musique qui se joue non loin. Je lui fais comprendre qu’il est seul dans ce cas. Je prends aussitôt la tangente, m’épargnant ainsi d’autres questions stupides et m’évitant de lui répondre par la violence.
Pas plus avancé dans mon article que je ne l’étais en sortant, je rejoins le chapiteau où Maalouf continue de démontrer qu’on peut être le sosie de Mouloud Achour tout en ayant mille fois plus de talent. Il ne tarde cependant pas à quitter la scène, laissant place au dernier groupe de la soirée et du festival.
Pour l’occasion, le groupe Galactic est venu nous proposer ce qui se fait de mieux en Nouvelle Orléans sous la forme d’un mélange entre jazz, funk et rock. Une explosion de savoir-faire se produit sur scène pour se répercuter dans les oreilles de l’auditoire… L’auditoire ? Parlons en justement, le chapiteau se vide inexorablement, ignorant la présence d’un ultime groupe comme s’il ne s’agissait que d’une bande son. Si bien que le chapiteau perd rapidement la moitié de son effectif initial.
Ultime affront en bas d’une lourde liste venant d’une frange du public en manque de savoir être. Ces deux dernières semaines, certains spectateurs des NJP n’auront cessé de m’effarer.
Pendant ce temps sur scène, ça groove dur. Maggie Koerner a rejoint les musiciens pour donner de la voix et de l’énergie. La prestation est de qualité, chaque morceau porte une ambiance et un univers différent et les minutes défilent sans se faire ressentir.
Pour ma part, je choisis de quitter les lieux tandis que le premier rappel s’organise, laissant aller derrière moi les dernières notes d’un festival qui aura eu l’allure d’un marathon tout en sachant charmer mes oreilles à de nombreuses occasions.
Pour l’heure le rendez-vous est pris pour la 41ème édition et une nouvelle programmation de qualité dont nous vous parlerons évidement aussitôt celle-ci révélée.
Article et photos : Matthieu Henkinet