Dossier : Metalgear – l’accord parfait entre musique et image

Il est des jeux à l’identité et la longévité telles que la simple évocation de leurs noms suffit à faire soupirer de nostalgie les vieux gamers et à insuffler la fougue aux plus jeunes, adeptes des derniers opus.

« Metal Gear », série éponyme apparue en 1987 sur la console Nintendo, en fait partie.
Si la saga Metal Gear (MG) a su rapidement s’imposer comme un gage de qualité, notamment en 1998 avec la sortie écrasante de l’opus Metal Gear Solid sur Playstation qui a profité des nouvelles technologies 3D, c’est en grande partie grâce à une bande son magistrale.
 Un bon jeu, comme on le dit souvent, est un mélange savamment dosé de gameplay efficace, de graphismes parlants, d’un univers à l’identité propre et riche, mais surtout de musiques, d’ambiances sonores et de sons. MG a su réunir tous ces critères avec brio et en particulier concernant sa bande originale. Thriller sombre mêlant science-fiction et roman d’espionnage à la John le Carré, MG est un précurseur du genre de l’action-infiltration. Style de jeu longtemps contraint et soumis à une ambiance sonore pauvre voire inexistante, l’entreprise de développement japonaise Konami a pris le parti de doter sa série d’une véritable âme musicale. Le ton est donné dès le premier épisode de la série, Metal Gear sur NES et MSX2, où l’on en oublie presque le caractère « oscilloscopique » du 8 bits. Les thèmes sont nerveux et mélodiques, presque orchestraux et d’une qualité musicale très au-dessus de ce qu’on a pu voir sur beaucoup de jeux des générations suivantes. On en est presque à espérer que l’ennemi nous repère, en attendant secrètement le thème d’alerte : une musique pleine d’adrénaline, signe que l’on doit se cacher.
 Les restrictions techniques imposées par les consoles ne permettaient pourtant pas des miracles et cet aspect musical était souvent négligé par les développeurs de l’époque. N’en déplaise à Hideo Kojima, alors jeune créateur de la série, qui accorde déjà une importance très particulière à la bande originale. La suite Metal Gear 2 : Solid Snake sortie sur MSX2 en 1990 confirme cette ambition qui fera de la série un incontournable des jeux vidéo : les musiques sont magnifiques et déjà presque cinématographiques, à l’image d’un bon vieux film d’action des années 80 sur du Jean-Michel Jarre.
 La plupart des Occidentaux ne découvriront la série qu’avec l’avènement de Metal Gear Solid sur Playstation en 1998. Le jeu est un succès mondial, consacrant la nouvelle place des jeux d’infiltration sur le marché. La bande originale est au cœur de ce succès. Tantôt nerveux et galvanisants, puis oniriques et mélancoliques, sur fond de techno-thriller contemplatif, les mélodies soulèvent le joueur et lui ouvrent une nouvelle dimension. Le générique de fin, arrivant après une montée en pression épique et progressive, est un chef-d’œuvre. Relâchant toute tension, la chanteuse irlandaise Aoife nous livre une dernière ballade celtique, alors que Snake, héros de la série, respire un vent d’Alaska.
Hideo Kojima ne s’arrête pas là, pensant déjà à la suite. Pour les opus suivants, sur Playstation 2 et Playstation 3 ainsi que sur PSP, cette volonté cinématographique se cristallise et c’est avec un plaisir non dissimulé que les fans ont pu y entendre la patte d’Harry Gregson-Williams, compositeur britannique bien connu pour sa participation à de nombreux blockbusters américains (Armageddon et Prince of Persia entre autres). Le résultat est là : les compositions sont symphoniques et visuels à souhait. Certains pourront peut-être reprocher l’abandon de ce côté ambitieux, jeune et innovant pour des valeurs sûres, avec des airs alors peu différents du grand écran, y perdant par là-même un peu de personnalité.
 Et pourtant on en redemande, on s’émeut, et on se surprend à vibrer à l’unisson des thèmes orchestraux, se projetant toujours plus dans des univers qu’on pense nous appartenir. Si la série des Metal Gear a bien une force, c’est celle-là.
Article : Thibaut Clément

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